- Premier League
- J30
- United-Liverpool (2-1)
Pimp my bus
Alors qu’on l’attendait compact et crispant, Manchester United a renversé Liverpool en proposant un autre visage : positif, constructif et presque offensif. Sans pour autant oublier ses fondamentaux défensifs. Comme quoi, ce José Mourinho sait être flexible.
Huit matchs, une victoire, quatre nuls, cinq défaites. C’est avec ce bilan que José Mourinho a abordé ce nouveau duel face à Jürgen Klopp. Précédemment, l’Allemand avait souvent réussi à répondre au bloc proposé par le Portugais à force d’enthousiasme offensif, mais aussi d’application à couper le jeu vertical de l’actuel coach mancunien. Alors que l’on pensait voir le Portugais opter pour son sempiternel schéma défensif, comme il a l’habitude de proposer lors des rencontres face aux gros bras de Premier League, le Mou a surpris en début de match, demandant à son collectif de mettre le pied sur la balle. Les longs ballons vers Lukaku se sont donc raréfiés et étaient au contraire souvent justifiés. Liverpool, alors pris à la gorge, a donc dû libérer des espaces. La preuve en est sur les deux buts de Manchester.
Lors de la première demi-heure, Liverpool a tenté d’utiliser l’espace laissé par les Mancuniens dans leur camp. Un leurre pour mieux les aspirer. Sur ses dégagements, De Gea a ainsi profité du replacement des Reds pour aller chercher la tête de Lukaku, venu expressément au duel avec Lovren, le plus friable des défenseurs centraux. Le Belge s’en est sorti par deux fois vainqueur. Sa première déviation fut adressée directement à Rashford, qui n’avait plus qu’à effacer un Alexander-Arnold au marquage très laxiste, avant de tromper Karius. Idem sur la seconde déviation, cette fois en direction de Mata. L’Espagnol se présente face à Karius, mais décale sur Rashford qui n’a plus qu’à punir un portier allemand complètement perdu. En deux coups, Mourinho a mis à mal les préceptes de Klopp en frappant là où les failles de sa défense étaient préalablement identifiées.
Le bus passe la seconde
Jusqu’à la mi-temps, les Red Devils ont continué d’appliquer leur plan. Bailly et De Gea en premiers relanceurs ; Matić et McTominay pour ratisser puis orienter le jeu ; Sánchez, rapidement haletant, mais enfin dans le tempo, capable de créer un point de fixation avant de libérer vers le trio de devant. Sur la seconde période, les Mancuniens ont montré qu’ils n’avaient pas oublié ce qui fait leur force depuis le début de la saison : être robustes dans leurs 25 derniers mètres. Fini le pressing au large, Sánchez et Lukaku campent cette fois juste derrière la ligne médiane, et le bus semble avoir retrouvé sa place dans la surface. Mais même après la réduction du score de Liverpool, Manchester a continué de ressortir rapidement et proprement les ballons. Histoire de priver les Scousers de nouvelles cartouches.
L’entrée de Fellaini en fin de match a permis au Belge touffu de montrer qu’il pouvait toujours apporter de l’impact dans les deux surfaces. (Son intervention sur Mané méritait-elle penalty ? Difficile à dire.) Avec cette organisation, Mourinho semble avoir enfin trouvé un équilibre dans son onze de départ, avec des hommes utilisés avec justesse. Pogba, absent ce vendredi, risque de ramer pour prouver sa complémentarité avec McTominay ou déloger Matić. Et autant dire qu’avec cinq points d’avance sur le troisième, José Mourinho ne se privera pas de refaire le coup pour cette fois verrouiller cette chère seconde place.
Par Mathieu Rollinger