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Pierre Aubameyang : « Pierre-Emerick ? J’étais plus rapide que lui ! »

Propos recueillis par Benjamin Laguerre
8 minutes
Pierre Aubameyang : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Pierre-Emerick ? J&rsquo;étais plus rapide que lui !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

L'information est longtemps restée sous silence et pourtant : un Aubameyang a déjà signé à Paris il y a quelques mois. Il s'agit de Pierre, le père, revenu au Paris FC en décembre dernier et qui empile les buts avec les vétérans du club francilien. Entretien.

Au dernier mercato d’hiver, les médias n’ont pas relevé l’info, mais un Aubameyang a bien signé à Paris… Racontez-nous les coulisses de votre transfert au Paris FC.On va dire que c’est un retour à Paris, puisque j’avais déjà joué au Paris FC il y a une dizaine d’années. Depuis cette époque, j’avais été pris par mes activités d’entraîneur-adjoint de la sélection du Gabon et par la gestion de la carrière de mes trois fils (Catilina, Willy et Pierre-Emerick, ndlr). Donc j’avais mis ma carrière chez les vétérans entre parenthèses. Mais maintenant que les deux premiers fistons ont fini leur carrière et que, pour le dernier, ça se passe très bien, cela m’a ouvert une fenêtre pour pouvoir reprendre ma carrière de footballeur.

Vous êtes aussi agent, c’est vous qui avez directement contacté le club pour proposer vos services ? (Rires) Non, c’est le club qui est venu vers moi par l’intermédiaire de Momo Habla qui s’occupe de l’équipe des vétérans du PFC. Il se souvenait que lors de mon premier passage, j’avais laissé un bon souvenir et que j’avais marqué pas mal de buts. Donc il m’a titillé pendant de longs mois, il savait que je ne pouvais pas rester si longtemps sans utiliser mes dernières cartouches footballistiques.

Les négociations ont donc été difficiles ? Vous êtes dur en affaires ?Non, pour tout vous dire, quand Momo m’a recontacté, mon père était souffrant et je n’étais donc pas dans les meilleures dispositions pour pouvoir répondre à sa demande et au club favorablement. Malheureusement, mon père nous a quittés au mois de mars l’an passé et, une fois cette épreuve passée, plusieurs mois après, je me suis dit que ça pourrait me faire du bien de répondre à cet appel. Et j’ai bien fait, car dès que j’ai foulé les pelouses avec le PFC, sincèrement, je me suis retrouvé dans mon élément.

Et, du coup, depuis votre retour sur les terrains, vous avez des stats impressionnantes avec 17 buts sur vos 6 premiers matchs. Vous êtes en très grande forme !J’ai une grande chance, c’est d’avoir un physique qui répond. C’est quelque chose que le ciel m’a donné. Quand on regarde mon dernier fils jouer, on voit aussi qu’il a du coffre, qu’il est capable de répéter les efforts, les sprints de la première à la dernière minute. Et comme on dit : « Les chiens ne font pas des chats ! » Mon physique est mon atout numéro un aujourd’hui et j’arrive à prendre de vitesse des gars beaucoup plus jeunes que moi. Et, avec ma technique, c’est vrai que ça me permet de marquer pas mal de buts.

Quand j’étais à Malakoff, en troisième division, je faisais 11’ au 100 mètres. C’est d’ailleurs en partie grâce à cette pointe de vitesse que je suis allé à Laval en deuxième division ensuite. J’étais un attaquant qui allait très vite même si, par la suite, je suis descendu en défense centrale puis au milieu.

L’attaquant du Borussia Dortmund a donc hérité de la vitesse du papa.Je peux même dire que jeune, j’étais plus rapide que lui ! Tout le monde peut vous le confirmer dans la famille. Quand j’étais à Malakoff, en troisième division, je faisais 11’ au 100 mètres. C’est d’ailleurs en partie grâce à cette pointe de vitesse que je suis allé à Laval en deuxième division ensuite. J’étais un attaquant qui allait très vite même si, par la suite, je suis descendu en défense centrale, puis au milieu. Mais toujours en gardant ma vitesse, la preuve aujourd’hui !

En fait, vous revenez à vos premières amours avec les vétérans.Tout à fait, car j’ai toujours été attiré par le but et quand je me retrouve face au gardien, je sens une certaine facilité. Je sens les choses, je tente des trucs et ça me réussit. J’aurais aimé que ça marche aussi bien pendant ma carrière en pro avant d’être rétrogradé derrière (rires). Mais du coup, maintenant dans la famille, il y a deux buteurs et une saine concurrence entre le papa vétéran et le fiston.

Le « papa-buteur » conseille-t-il le jeune buteur ?
Bien sûr que ça arrive. Dernièrement, je lui disais : « Mais pourquoi tu ne piques pas ton ballon quand tu es face au gardien ? » De nos jours, les attaquants cherchent souvent à mettre le ballon côté opposé avec l’intérieur du pied, un peu à la Thierry Henry. Mais un ballon piqué, c’est aussi souvent très efficace, car quand les gardiens sortent vers l’attaquant, ils vont très vite au sol pour « racler » . Je lui dis : « Fiston, pique ta balle et tu verras qu’à la fin de la saison, tu auras peut-être 4 ou 5 buts en plus. » Moi, je m’amuse à faire des piqués et après je le titille : « Tu sais, j’ai marqué un super piqué à mon dernier match ! » Et comme c’est un garçon qui écoute, il s’inspire de ce que je peux lui dire. Le match d’après, il a mis un piqué et il a su me dire, bien content de lui : « Tu as vu papa ? Ton piqué, je l’ai mis ! » Et moi, je lui réponds : « Bien sûr, tu penses que ton père va te raconter des conneries ? »

Il y a un challenge entre vous deux sur la saison en cours ?Uniquement sur le nombre de buts. Moi, je suis resté bloqué à 23 buts à la suite de mon dernier match et une blessure au tendon d’Achille qui m’a empêché de rejouer depuis. Du coup, il a pris un peu d’avance et il a fini à 31 buts ! Pour cette saison, ça va être dur de le rattraper… mais pour la suite, je n’ai pas dit mon dernier mot !

On imagine qu’il y a une relation particulière avec Pierre-Emerick, puisque vous êtes aussi son agent. Comment vivez-vous cela ?On le vit très bien. On a une relation père-fils très intense depuis son enfance et ça facilite pas mal de choses. On se comprend sans forcément se parler. Et il sait toujours ce que je pense de ses prestations sur le terrain et sur la façon de faire les choses. Il sait ce que je veux pour qu’il progresse encore.

Pour moi, il faut tirer un peu à la Balotelli, avec un léger temps d’arrêt dans la course d’élan pour prendre l’information. Donc comme je m’entends bien avec Christophe Galtier, je lui avais demandé de le laisser tirer le suivant avec Saint-Étienne. Et il avait marqué. Depuis cette époque, il a enchaîné les pénos. Et dernièrement, le lascar, contre Benfica, il me tire un penalty au milieu sur le gardien !

Un exemple ?Par exemple sur les penaltys. À la suite de son échec à la CAN 2012 en quarts contre le Mali, je ne voulais pas que ça devienne un traumatisme. Je lui ai dit : « Le prochain penalty avec l’ASSE, tu le tires! Tu ne dois pas rester sur cet échec, tu vas tirer et tu vas marquer. » Dans l’exercice du penalty, c’est l’attaquant qui a la main par rapport au gardien. Je lui ai montré comment moi je tirais les pénos, j’ai les vidéos. Tu regardes le gardien, il va donner une indication. Et s’il ne bouge pas alors une frappe sèche sur un côté, il n’ira pas la chercher. Aujourd’hui, beaucoup de tireurs ne regardent pas le gardien et choisissent juste un côté. Pour moi, il faut tirer un peu à la Balotelli, avec un léger temps d’arrêt dans la course d’élan pour prendre l’information. Donc comme je m’entends bien avec Christophe Galtier, je lui avais demandé de le laisser tirer le suivant avec Saint-Étienne. Et il avait marqué. Depuis cette époque, il a enchaîné les pénos. Et dernièrement le lascar, contre Benfica, il me tire un penalty au milieu sur le gardien ! Mais je suis là derrière pour le pousser et travailler là-dessus. Sur son dernier penalty contre le Werder, il le tire bien, non ? (rires)

En famille avec les deux autres fistons, les deux-contre-deux doivent être relevés lors de réunions de famille.Oh là là ! Ça va très très vite ! Entre la vitesse d’exécution dans les pieds de Willy, et Catalina qui est une pile électrique et qui va à 8000, ça va très vite ! Et quand on se retrouve au Gabon et qu’on rajoute quelques membres de la famille comme mes frères qui ont également joué au foot, et qu’on joue contre des équipes des autres quartiers, eh bien on leur fait mal ! Très très mal !

Et cet été, vous pensez avoir le temps de vous retrouver en famille au Gabon pour des parties de football endiablées, ou l’agenda sera trop chargé pendant le mercato pour les Aubameyang ? Vous avez peut-être une destination en tête ?(Rires) Vous savez, je pense qu’on sera très occupés cet été… même si on part en vacances très loin ! Mais nous sommes toujours très relax. Donc maintenant que la Coupe d’Allemagne est passée, on va tous partir en vacances. Il y a toujours les mails et le téléphone de toutes les façons pour communiquer si besoin… Et en tout cas, soyez sûr d’une chose : il y aura toujours le temps de faire des parties de foot en famille, surtout pendant les vacances !

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