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Philippe Genin : « En Italie, les équipes jouent pour marquer »

Propos recueillis par Nicolas Basse
9 minutes
Philippe Genin : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>En Italie, les équipes jouent pour marquer<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Passé par Canal+, Philippe Génin est désormais LA voix de la Serie A sur beIN Sports. Il a commenté plus de 2000 matchs de Calcio. L'occasion de revenir sur sa carrière et sa vision du football italien.

Comment s’est passé ton premier commentaire de match ?C’était à Canal+, le 20 janvier 1995, un Martigues-RC Lens. Il s’agissait du match du vendredi soir, car à l’époque, il n’y en avait pas beaucoup de décalés, retransmis en même temps sur Canal et en 16/9. Je me suis jeté dedans comme ça et cela s’est plutôt bien passé. Après, j’ai tout de suite enchaîné les matchs de semaine en semaine.

À partir de quand as-tu commencé à commenter le championnat italien ?

À mes débuts, j’ai aussi beaucoup commenté d’Espagne et d’Angleterre.

C’est arrivé en 1996, l’année du titre de l’AC Milan de Capello qui s’était scellé face à la Fiorentina. J’avais fait quatre ou cinq matchs d’affilée du club, car le Milan pouvait être champion tous les week-ends et ça n’arrivait pas. À mes débuts, j’ai aussi beaucoup commenté d’Espagne et d’Angleterre. À l’époque, on ne commentait pas autant de matchs qu’aujourd’hui, et la plupart de ceux que je suivais étaient pour des très grands formats destinés à L’Équipe du dimanche. Après 1996, j’ai commencé à m’installer petit à petit dans la Serie A.


Au début, avais-tu déjà cet attachement pour la Serie A ?Depuis gamin, j’ai une relation spéciale avec le championnat d’Italie. J’ai grandi à l’époque de Platini à la Juventus. Quelle chance ! Mais comme j’ai toujours aimé tous les footballs et que quand tu as la chance – que ne mesurent peut-être pas certains aujourd’hui – de commenter des matchs, tu es content d’aller en Espagne, en Angleterre et, finalement, d’arriver à tes fins en allant sur le championnat que tu aimes.

Parce que le but était de couvrir la Serie A ?Bah oui ! C’est un peu comme un joueur qui arrive dans un club, mais qui ne songe qu’à aller dans un autre ! Ce n’était pas évident de s’installer ainsi et d’avoir cette chance.

Qu’est-ce qui te plaît tellement en Italie ?Déjà c’est l’engagement sur le terrain, la ferveur et l’enthousiasme fous qui sont engendrés autour des matchs. Et puis le côté du football italien avec son mélange de rigueur et de moments de folie, c’est exactement le foot que j’aime.

Niveau musique, as-tu également des penchants pour l’Italie ?Oui, Eros Ramazzotti ! Parce que dans les années 86/87, j’ai fait mes débuts chez NRJ et j’ai eu l’occasion de le rencontrer à ses tout débuts. Il faisait son service militaire à l’époque et c’est aussi un peu comme ça que j’ai appris l’italien.

Quelles sont tes pâtes favorites ?Euh, pffff (il réfléchit)… Non, je n’en ai pas spécifiquement de préférées. Je suis assez curieux alors dès que j’en vois que je ne connais pas, je goûte (rires). Je suis assez large là-dessus. Mais cela dépend du temps, des humeurs, des endroits où je suis… De beaucoup de choses quoi.

Êtes-vous agacé par le manque de reconnaissance de ce championnat en France ?

Quand on voit la qualité des matchs qu’on a cette saison en Serie A, je dois dire que ceux qui critiquent encore, je l’ai déjà dit, mais je me répète, c’est qu’ils ne regardent pas.

Oui, franchement, ça me fatigue. Même si, même si, il y a quelques petits frémissements notamment depuis l’Euro 2016 où les gens ont découvert certains joueurs italiens et une façon de jouer unique ainsi qu’une envie énorme. Quand on voit la qualité des matchs qu’on a cette saison en Serie A, je dois dire que ceux qui critiquent encore, je l’ai déjà dit, mais je me répète, c’est qu’ils ne regardent pas. Et en plus, il y en a qui l’avouent ! « Ah non, je ne regarde pas, j’aime pas. » Mais avant de dire que tu n’aimes pas, regarde ! Et certains qui ont commencé à aller dans ce sens-là et regardent un/des matchs sont très très étonnés de voir que dès le coup d’envoi, les équipes jouent, pour marquer. Après, il y a toujours des équipes qui n’ont pas encore la stabilité pour proposer quelque chose de fort, mais il s’agit d’équipes de bas de tableau, et encore. On voit énormément de choses intéressantes.

Après plus de dix ans à Canal+, tu passes sur beIN Sports. Qu’est-ce qui a changé à Canal ?J’y ai fait dix-sept ans et je n’aime pas regarder derrière moi. J’aime me servir du passé pour regarder devant de tous temps, mais je dirais que la mentalité a bien changé. Avant, il y avait une vraie passion. Je ne dis pas que tout le monde n’est pas passionné aujourd’hui, mais les gens ne mesurent pas la chance de pouvoir commenter et présenter. C’est un privilège que nous avons et il faut en être conscient. Parfois, quand j’en vois certains, j’ai l’impression qu’ils le font comme s’ils allaient chercher une baguette de pain. C’est une question d’envie.

Sur beIN Sports, il est possible de voir trois ou quatre matchs de Serie A par week-end. Le traitement de ce championnat était-il une condition de ton passage chez eux ?Quand Charles Biétry m’a appelé huit mois avant la vraie ouverture de beIN, il m’a parlé du championnat italien, car c’est ma marque de fabrique, même si j’aime beaucoup commenter la Ligue 1 et y garder un pied, car c’est le championnat de mon pays. Quand on te dit : « L’Italie arrive, on va continuer à écrire l’histoire avec ce championnat » , c’est oui. Mais s’il n’y avait pas eu l’Italie, Charles m’aurait appelé de la même façon et j’y serais allé aussi.

Sur les réseaux sociaux, les italophones te reprochent souvent la prononciation des noms des joueurs et notamment de l’accent tonique. Que réponds-tu ?C’est assez drôle, car je trouve que ce sont toujours les mêmes qui font ces remarques et je pense ne pas faire trop d’erreurs dans la prononciation des noms. À ce moment-là, si on commence à aller sur ce chemin-là… Les gens qui veulent attaquer sur la prononciation feraient mieux de vérifier d’abord l’orthographe de leurs tweets.

Bruno Cheyrou, Greg Paisley… Tes acolytes changent, mais pas toi. Qu’est-ce que ça fait d’être LA voix de la Serie A en France ?

Dans le domaine audiovisuel français sur la Serie A, il n’y a pas beaucoup de monde.

C’est vrai que c’est ce que disent les gens. Même si c’est flatteur, l’antenne ne nous appartient pas, le football ne nous appartient pas… Mais j’avoue que si on regarde autour de moi, dans le domaine audiovisuel français sur la Serie A, il n’y a pas beaucoup de monde.

Quels joueurs t’ont particulièrement marqué lors de ces vingt dernières années ?Forcément, il y en a pas mal. Je dirais la grosse époque milanaise avec Shevchenko, les débuts d’Inzaghi. D’ailleurs, petite anecdote là-dessus, je me rappelle qu’il y avait des gens que ça faisait rire quand je parlais de « Super Pippo » , mais c’est moi qui ai importé en France ce surnom avant que d’autres s’en resservent, pas si habilement que ça d’ailleurs. Sinon j’évoquerais aussi Alessandro Del Piero, Andrea Pirlo ou encore Gianluigi Buffon dont j’avais couvert le premier match face à l’AC Milan lorsqu’il évoluait à Parme. La liste est longue… Et puis il y en a un qui n’est pas très éloigné de mon début de carrière, c’est Francesco Totti. Je crois qu’avec Buffon, c’est un des derniers à être encore en activité depuis mes débuts.

Comment juges-tu la domination de la Juventus ces cinq dernières années ?

La Juve a digéré rapidement sa descente en Serie B et l’histoire du Calciopoli. C’est aussi grâce à Deschamps que ce club a su rebondir, il ne faut pas l’oublier.

Elle est normale, dans le sens où ce club a digéré rapidement sa descente en Serie B et l’histoire du Calciopoli. C’est aussi grâce à Deschamps que ce club a su rebondir, il ne faut pas l’oublier, et aussi grâce à certains joueurs cadres qui ne sont pas partis. Ils se sont servis de ça pour reconstruire l’équipe, retrouver l’Europe, aller chercher les jeunes et des joueurs que certains disaient vieillissants, mais qui ont apporté tellement à la reconstruction du club ! La Juventus a su se préserver de la crise financière qui a secoué l’Italie et c’est un vrai modèle.

Ton équipe de cœur est le Milan. Es-tu satisfait par le travail de Montella à la tête de l’équipe ?Complètement, et je ne suis pas étonné, parce que Montella fait partie de cette nouvelle génération d’entraîneurs qui tirent le football italien vers le haut. Un football plutôt offensif tout en ayant cette rigueur de se dire : il faut construire derrière et être costaud. Franchement, quand on voit la qualité du jeu… Alors oui, il n’y a plus les joueurs d’une certaine époque. Tout le monde dit : « À une époque, dans le passé, avec ci, avec ça » … Mais l’époque, faut arrêter ! On est en 2016, de nombreux clubs sont en reconstruction et si le Milan termine sur le podium, la saison aura été exceptionnelle et pourra se célébrer comme un titre. Le club doit être en Ligue des champions et ce n’est pas en claquant des doigts qu’ils vont regagner la compétition comme ça, mais au moins le but est de progressivement faire son retour dans la compétition.

Est-ce dur de commenter un match du Milan tout en restant objectif ?Non ! Je reste toujours objectif, contrairement à ce que peuvent dire certaines personnes qui savent que je supporte ce club. D’ailleurs, parmi ceux qui ne savent pas, beaucoup pensent que je supporte… la Juventus ! Club que j’aime beaucoup, cela dit en passant. J’aime le beau football et quand ça joue bien, forcément, je suis porté et aspiré par l’équipe qui prend le dessus. Ça m’est arrivé de commenter le Milan contre une équipe qui brillait et je l’ai dit ! Mais ça il y en a qui oublient des fois, ils ne font pas très attention.

Tu vas commenter ton 2000e match ce week-end. 2000, ça commence à chiffrer. Éprouves-tu un sentiment de lassitude ?Bien sûr que non ! Quand on arrive à 2000 matchs, c’est qu’on a toujours la même passion ! Il faut mesurer la chance qu’on a avec ce travail.

Quand on arrive à 2000 matchs, c’est qu’on a toujours la même passion ! Il faut mesurer la chance qu’on a avec ce travail.

On nous paie pour aller au stade alors qu’il y a des gens qui paient pour aller voir des matchs. C’est toute la grande différence. On aime notre sport et on essaie de donner de l’envie aux personnes, de faire oublier les problèmes de la vie quotidienne et des millions de gens, qu’ils soient chômeurs, boulangers, PDG ou médecins, et je n’éprouve aucune lassitude. Alors si je pense beaucoup à ce match très important du gros week-end européen à venir sur beIN, j’enchaîne la semaine d’après avec Arsenal-PSG et Schalke-Nice la suivante, donc mes fiches sont quasiment déjà prêtes et j’ai la tête à mes matchs.

Le derby milanais sera diffusé dimanche soir, à 20h45, sur beIN 2, avec Philippe Genin et Greg Paisley aux commentaires. Christy Grimshaw applaudit la politique de l’AC Milan en faveur des joueuses enceintes

Propos recueillis par Nicolas Basse

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