Vestiges de l’ancien temps
Et ce n’est pas tout. Dans la soirée de lundi, une autre nouvelle est venue plomber le moral des adeptes du football italien. Au terme de la défaite 3-1 concédée à domicile face au Hellas Vérone, Antonio Di Natale, capitaine de l’Udinese, a craqué. « J’ai 36 ans et j’ai entendu trop de bêtises à propos de mon abstinence (il n’a plus marqué depuis le 30 octobre face à Sassuolo, ndlr). Je me suis senti attaqué injustement vu tout ce que j’ai donné pendant ces dix années à l’Udinese. J’ai pris la décision d’arrêter ma carrière en juin, et cette décision, je l’ai prise avec ma famille » a-t-il affirmé. Coup de gueule d’un joueur frustré actuellement, ou décision mûrement réfléchie ? Pour son entraîneur, Francesco Guidolin, Di Natale peut encore changer d’avis. « Il vit un moment où il n’arrive pas à marquer des buts avec la facilité qu’on lui connaît, et cela l’attriste. Mais j’espère qu’il ne s’agit que d’un moment d’amertume. En tout cas, je ferai tout pour lui faire changer d’avis » a-t-il déclaré. Bah ouais, parce que, mine de rien, la Serie A sans Di Natale, ce n’est tout de même pas la même chose.
Certes, personne n’est éternel. Lors des dernières saisons, c’est le cœur triste que tous les supporters ont dû dire au revoir à Del Piero, Inzaghi, Nesta, Zambrotta, Gattuso et autres Vieri. Des vestiges de « l’ancien temps » , il en reste peu. Il y a encore ce diable de Luca Toni, qui est en train de trouver une nouvelle jeunesse à Vérone, Pirlo et Buffon qui s’éclatent à la Juve, ou encore Totti, capitaine éternel de la Roma. Di Natale fait partie de ceux-là. Il fait partie des meubles. En 373 matchs de Serie A, il a empilé 180 pions, dont 162 avec le maillot frioulan, avec lequel il a été sacré deux fois meilleur buteur du championnat. On comprend sa frustration, du coup, lorsque l’on voit que, cette saison, il n’a réussi à trouver le chemin des filets qu’à quatre reprises. Mais de là à vouloir baisser les bras et arrêter, merde, Toto, tu nous as habitués à plus de persévérance et d’abnégation ! Toi qui, un soir de juin 2008, as raté un pénalty décisif contre l’Espagne, et as pensé à arrêter ta carrière pour redevenir maçon. Les supporters de l’Udinese ont besoin de leur Toto. Et l’Italie aussi, tiens.
150 jours avant échéance
Oui, car ce week-end, c’est également la Nazionale qui a potentiellement perdu deux atouts. Impossible de le nier, Di Natale n’a jamais eu en sélection le rayonnement qu’il a pu connaître avec l’Udinese. Peut-être parce que, de son propre aveu, il ne supporte pas la pression, et préfère évoluer dans un environnement où celle-ci est moindre. Cependant, Toto a su rendre quelques services à la Nazionale. Tout le monde a encore en mémoire son but inscrit lors du premier match de l’Euro 2012, face à l’Espagne. En tout, Di Natale, c’est 11 buts en 42 sélections, soit une moyenne de 0,26 but par match, ce qui est aussi bien que Benzema avec l’équipe de France (0,27). Il n’est pour le moment pas d’actualité que Cesare Prandelli l’emmène au Brésil, puisque l’attaquant n’a plus été sélectionné depuis l’Euro 2012, et n’a pas du tout participé aux qualifications du Mondial. Mais ne sait-on jamais... Si Prandelli ne ferme pas la porte à Totti, pourquoi la fermerait-il à ce bon vieux Toto ?
Quant à Pepito, c’est évidemment de lui dont l’Italie a besoin. Revenu de blessure après deux ans d’absence, l’ancien attaquant de Villarreal a immédiatement retrouvé toutes ses sensations. En championnat, il en est à 14 buts en 18 apparitions, ce qui le place en tête du classement des buteurs. Pour sa première titularisation avec la Nazionale, face au Nigeria, il a également scoré. C’est assez clair pour tout le monde : Rossi doit être le coéquipier de Balotelli lors du Mondial brésilien. C’est donc une véritable course contre la montre qui débute aujourd’hui. Rossi a environ 150 jours pour se remettre pleinement de cette nouvelle blessure au genou (un peu moins, même, car Prandelli dévoilera sa liste au mois de mai). Autant dire que toute l’Italie est derrière lui, et espère de tout cœur le revoir le plus vite possible sur les pelouses. Le plus vite possible pour Pepito, et le plus longtemps possible pour Toto. Qui, de son côté, a 150 jours pour changer d’avis. Même timing, mais pas le même combat. Même si, au fond, on souhaite la même chose pour les deux : les voir enquiller des buts sur un terrain de foot, encore et encore.
Par Eric Maggiori
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.