Solari : « Il ne croit pas au système parfait »
Cette continuité, Manuel Pellegrini en est le maître-artisan. Dans les malheurs financiers du cheikh, le Chilien y a trouvé un bonheur relatif. Pas vraiment soumis à des exigences immédiates côté résultat, il a trouvé une quiétude totale avec le départ d’Abdullah bin Nasser Al-Thani. Mains libres, il fait de Málaga sa chose. Le départ de Cazorla laisse le champ libre à la pépite andalouse Isco, son assise défensive s’en trouve paradoxalement renforcée – jusqu’à la mi-championnat, les Boquerones étaient largement en tête du classement défensif… Comme le relève Santiago Solari dans l’une de ses chroniques au Pais, « il ne croit pas au système parfait. Il ne contraint pas le jeu de ses équipes à une seule tactique. Il croit en l’intelligence et à l’application des joueurs au service du jeu. Il considère que le meilleur système est celui dans lequel ses joueurs trouvent un compromis. » La technique de l’adaptation a fait perdre son football a plus d’un rival. Valence (4-0 à domicile), Barcelone (1-1 au Camp Nou en Copa del Rey) et Real Madrid (3-2 à la Rosaleda) s’y sont ainsi cassé les dents.
La Casa Blanca, justement, ne lui a pas laissé cette liberté de ton. Débarqué de Villarreal durant l’été 2009, il doit faire face au Barça tout-puissant de Pep Guardiola. Pieds et poings liés par une politique galactique, la direction merengue lui impose ses propres choix. Kaká et Cristiano Ronaldo in, il doit se résoudre à laisser filer Sneijder et Robben, pourtant dans ses petits papiers. La suite, tout un chacun la connaît. Le Real réussit une saison alléchante, tant sur le plan du jeu proposé que des résultats. Manque de bol, ce Barça est intouchable dans son domaine domestique et ce n’est pas le record de 81 % de victoire en match officiel qui y changera quelque chose. En juin 2010, Manuel lance un dernier « j’ai été viré sans raison » avant de prendre la porte – bon, son Real se fait tout de même sortir par l’OL de Claude Puel en huitièmes de C1. Quelques mois sans club et le voilà à la tête de Málaga. Il y trouve tout ce qu’il n’avait pas dans la capitale espagnole : du temps. En quelques mois, il réussit à relancer de vieilles gloires (cf. Demichelis), lance de jeunes pépites (Isco, mais aussi le Vénézuélien Salomon Rondón) et accroche dès sa première année une place en C1. Une première dans l’histoire du club malacitano.
Málaga trop petit ?
Les supporters Boquerones ne s’y sont pas trompés. Cette qualification, ils la doivent aussi bien à la niaque de leurs joueurs qu’au talent de leur entraîneur. Après sa première ivresse européenne et une victoire sans coup férir face au Zénith Saint-Pétersbourg (3-0), ce n’est pas la prestation XXL d’Isco qui est portée en triomphe. Non, la Rosaleda préfère scander des « Manuel, Manuel, Manuel Pellegrini ! » à s’en assécher la gorge. De mémoire d’Andalou, seul Sabino Baringa, entraîneur de Málaga de 1960 à 1962, avait connu une telle ovation après une victoire 4-0 sur Osasuna. Pour l’intéressé, « c’est une grande distinction, le public le méritait. Nous sommes décidés à mener à terme notre projet. » Problème, le « Pellegrini Code » pourrait bien s’écrire en-dehors de l’Andalousie, et même de l’Espagne. De l’autre côté de la Manche, Chelsea et Manchester City, à la recherche d’un projet solide, seraient chaud bouillant sur le dossier du tacticien chilien. Un bruit de couloir confirmé par son représentant, Jesús Martinéz. Avant un probable départ, Manuel Pellegrini veut terminer sur une bonne note. Ce mercredi, face à Porto, ses ouailles devront donc « penser qu’à chaque ballon, nous pouvons gagner ou perdre le match » . Histoire d’enchanter une dernière fois sa Rosaleda.
Par Robin Delorme, à Madrid
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.