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Paulo Sousa, un homme à l’amer

Par Mathias Edwards
Paulo Sousa, un homme à l’amer

Devenu inéluctable, le départ de Paulo Sousa des Girondins de Bordeaux laisse un goût amer. Parce que cette histoire est avant avant tout affaire de promesses non tenues, de ressentiment, et d'incompréhension.

Samedi dernier, les Girondins de Bordeaux débouchonnaient amicalement le Stade de Reims, 4-0. Peut-être pour offrir à Paulo Sousa une sortie aussi digne que possible. Peut-être, aussi, pour signifier au technicien portugais qu’il pouvait compter sur leur soutien. Peut-être, enfin, qu’ils ont simplement surclassé de timides Rémois, sans savoir que le sort de leur coach était sur le point d’être scellé. Toujours est-il que le matin du match, les discussions entre Daniel Ehrmann, représentant de King Street, et Paulo Sousa au sujet du licenciement de ce dernier avaient repris, pour mettre fin à un jeu de dupes que se livrent les deux parties depuis la fin juin, et dont il sera compliqué d’avoir un jour le fin mot. La nouvelle est tombée ce lundi : à moins de deux semaines de la reprise du championnat, Paulo Sousa est remplacé par Jean-Louis Gasset. Ce dernier est déjà à pied d’œuvre à Saint-Paul-lès-Dax, où les Bordelais sont en stage.

Venu pour s’inscrire dans la durée

En football comme en politique, les interviews données par le passé peuvent être cruelles, une fois confrontées à l’actualité immédiate. Pour celui qui la donne, comme pour ceux qu’il évoque. Au petit jeu de l’entretien exhumé, nul besoin de chercher bien loin. En mai 2019, moins de 3 mois après son arrivée, Paulo Sousa affirmait dans nos pages qu’il était venu à Bordeaux pour s’installer dans la durée : « Cela faisait un moment que je recherchais un projet à moyen ou long terme, et c’est ce que Bordeaux m’a proposé. Nous voulons bâtir des fondations, pour ensuite être compétitifs et développer un projet sportif qui garantira des résultats à moyen terme, mais également sur la durée. » Et l’homme était sincère. D’ailleurs, il n’est pas la principale victime de ces propos qui peuvent aujourd’hui faire sourire. Il enchaîne : « Dès que[les dirigeants bordelais]m’ont contacté, ils m’ont paru vraiment convaincus. Quand la direction d’un club vient vous voir, vous explique que vous êtes l’homme de la situation, qu’ils connaissent votre manière de travailler et votre personnalité, et qu’ils sont prêts à vous suivre… »

C’est ici, que l’archive est cruelle. Car les dirigeants bordelais, qu’il s’agisse de GACP puis de King Street, ne l’ont jamais vraiment soutenu. Les premiers lui ont promis des moyens conséquents, pour monter une équipe capable de jouer la Ligue des champions dans les 3 ans. Il n’en sera rien. Au bout d’un an à la tête du club, le Portugais déclarait en conférence de presse : « Comment je peux résumer cette année en quelques mots… Turbulences. Beaucoup de promesses non tenues. » Enfin, les seconds l’ont traité comme un vestige de GACP beaucoup trop cher au vu de ses résultats. La fracture avec Frédéric Longuépée était si profonde, que ce dernier avait provoqué la colère de son coach, en tentant d’amender une interview qu’il avait donnée à Sud-Ouest.

Une tactique qui divise

S’il a vite compris qu’il allait devoir faire sans l’aide de ses dirigeants, Paulo Sousa pouvait compter sur le soutien des cadres de l’équipe et des supporters, même si ce dernier a faibli ses dernières semaines. Grâce à un plan de jeu rare, ambitieux, qui intrigue les uns autant qu’il déstabilise les autres. Le fameux 3-4-3 qui mute en 4-2-3-1 à la perte de balle, avec ses coulissages et dépassements de fonction à gogo. Quand le tempo est bon, l’équipe offre de beaux moments de football. Mais trop souvent, la musique leur échappe, comme un nouveau courant musical qui arriverait aux oreilles de non-initiés. Certains joueurs ne sont effectivement pas faits pour son système. Mais le chef d’orchestre improvise avec ce qu’il a sous la main, en espérant que le prochain mercato vienne boucher les trous. En vain. Il jettera l’éponge en janvier dernier, conscient que les renforts espérés n’arriveront jamais. Place au 4-3-3 estampillé Ligue 1, qui laissera les Girondins au 12e rang du classement. Paulo est las.

Cet entêtement à faire jouer l’équipe dans un schéma peut-être inadapté à son effectif, notamment en matière de latéraux, peut lui être reproché. Certains supporters et commentateurs ne s’en privent pas. Et ses défenseurs ne peuvent s’appuyer sur ses résultats pour le défendre, mais plutôt sur un ressenti forcément subjectif. Paulo Sousa est venu pour construire, conscient que cela prendrait du temps, et sans pression de la part de ses dirigeants, pour qui le sportif a toujours semblé passer au second plan. Son projet était clair, compréhensible par tous. Son équipe jouait tout le temps de la même manière, peu importe l’adversaire, et cela lui a parfois joué des tours. Mais cette conviction, cette certitude d’être dans le vrai, accompagné d’un discours limpide et rassembleur toujours basé sur le jeu, avait séduit la majorité, avant que les choses s’emballent à la sortie du confinement. Si aujourd’hui, son image est quelque peu brouillée par les six semaines d’imbroglio qui ont précédé son départ, il est sage de retenir que c’est avant tout d’un homme trahi, au départ devenu inéluctable, dont les Girondins se séparent. Le reste n’est que partie de poker menteur entre son camp et celui de la direction, tant les versions diffèrent.

Pour Gasset, le compte à rebours est lancé

C’est donc Jean-Louis Gasset, que Frédéric Longuépée a choisi pour mener du mieux possible les troupes au scapulaire. De retour en Gironde, où il a été sacré champion en tant qu’adjoint de Laurent Blanc en 2009, l’entraîneur de 66 ans fera probablement évoluer son équipe de façon plus académique que Paulo Sousa. Pour cela, il lui faudra convaincre certains cadres, qui selon une information de 20 minutes, ont dîné une dernière fois avec le Portugais ce dimanche soir, qu’il est l’homme de la situation. Les Girondins de Bordeaux commencent leur saison dans 12 jours, face au FC Nantes. Autant dire demain.

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