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Paulo César : « Jallet ? Mais c’est qui Jallet ? »

propos recueillis par Gary De Jesus à São Paulo
Paulo César : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Jallet ?  Mais c’est qui Jallet ?<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Paulo César a changé 15 fois de clubs en 19 ans. Une carrière divisée entre les deux pays de son cœur, le Brésil et la France, où il aimerait revenir pour un nouveau défi. À 35 ans, le milieu joue toujours et est l’une des têtes d’affiche d’un mouvement qui souhaite changer le foot brésilien, le Bom Senso FC (Bon Sens en portugais). Retour sur sa carrière, ses embrouilles et son avis tranché sur le foot actuel.

Tu joues dans un petit club de banlieue de São Paulo, Taboão da Serra. Un club jeune, 28 ans. Il est même plus jeune que toi…

(Rires) Oui c’est vrai, avec un jeune président aussi, mais qui a de belles ambitions. C’est une bonne ville. Le président m’a appelé pour professionnaliser plus le club. J’ai signé un contrat pour jouer 5 matchs avec lui et être un dirigeant en même temps. J’ai pas d’intérêt à continuer à jouer.

On imagine que le Bom Senso FC te prend plus de temps alors. C’est quoi ce mouvement ?

Ce sont des joueurs brésiliens qui en sont à l’origine l’année dernière après les manifestations du mois de juin (avant la Coupe des confédérations, ndlr). On veut faire évoluer le foot ici. Qui prend les décisions dans le foot brésilien aujourd’hui ? Autour de la table, il y a la Confédération brésilienne du football (CBF) et la Globo, le groupe propriétaire des droits. C’est tout. Nous, on veut y incorporer un médecin, un kiné, un préparateur physique… On veut que les gens qui travaillent dans le foot aient un pouvoir de décision. Les gens qui décident aujourd’hui n’y comprennent rien. Ils pensent que les joueurs sont des machines. Aujourd’hui, il n’y a pas de spectacle au Brésil, on dirait des matchs amateurs.

Comment tu l’as intégré, ce mouvement ?

C’est Paulo André, l’ancien joueur du Mans, qui m’a appelé et il m’a dit : « On a lancé un mouvement, pour essayer de changer le championnat brésilien. » Je lui ai dit : « Moi, je suis dedans, y a pas de soucis. » Puis on a commencé. On a un groupe whatsapp avec une centaine de joueurs. On échange des idées.

Vous avez commencé par des manifestations pour vous faire entendre. Aujourd’hui, les joueurs entrent avec une de vos banderoles au début des rencontres. Il y a du chemin de parcouru, non ?

On a presque arrêté tout ça parce qu’on ne veut pas que cela devienne banal. On ne doit pas toujours faire la même chose. Aujourd’hui, notre but, c’est de parler avec les gens qui dirigent le football. Le problème du Brésil, c’est que tout le monde prend de l’argent à droite à gauche. Il y a beaucoup de gens dans les clubs et dans la confédération qui ne veulent pas nous aider à changer les choses parce qu’après ils vont y perdre. Ce qui est dans l’intérêt du football brésilien n’est pas dans le leur. Il y a aussi les clubs, qui nous soutiennent, mais qui profitent du système et se gèrent mal en anticipant sur de l’argent qu’ils n’ont pas par exemple. Il y en a certains qui ont anticipé sur les droits télé 2016. Nous sommes en 2014.
C’est difficile pour un Brésilien de s’adapter à la France

C’est pour ça que tu aimes tant la France… Tu as un tatouage de la tour Eiffel sur ton dos, c’est pour la ville ou le club ?

Pour la ville. Même si j’aime bien le PSG, je l’ai fait pour la ville.

Ce sont les coachs que tu as connus à Paris qui t’ont fait préférer la ville ?

C’était difficile. Luis Fernandez, Guy Lacombe et Vahid. Vahid, c’était trop…

C’est-à-dire ?

Moi, j’avais été prêté à Santos et j’avais été champion. Quand je suis revenu, Vahid est venu me voir et il m’a dit : « Bonjour, faut que tu cherches une équipe parce que tu vas pas rester ici. »

Sans explication ?

Ça sert à rien avec lui… Déjà à Rennes, je sais qu’il s’entendait pas bien avec Luís Fabiano. Après, à tous les entraînements, il disait : « Ça va être difficile pour les Brésiliens parce qu’ils aiment pas s’entraîner. » J’aime pas ça, il ne sait rien du peuple brésilien. À l’époque, il y avait Reinaldo et moi et je lui disais : « Faut qu’on s’entraîne beaucoup parce que sinon ça va être chaud. » En plus, Reinaldo, il s’entraînait bien. Il a plus joué avec lui que moi. Mais c’était difficile.

Après Vahid, c’était Guy Lacombe?

C’était mieux. J’ai plus joué avec lui. Il m’aimait bien. Mais tu sais, c’est difficile pour un Brésilien de s’adapter à la France. Moi, j’avais du mal à comprendre que parfois tu dois aller sur le banc. Surtout au début avec Luis Fernandez.

Il a mis Ronnie sur le banc, et je ne pense pas qu’il ait compris non plus.

Oui, c’est sûr. Je suis arrivé en France en plein dans cette affaire et il croyait que j’étais du côté de Ronnie, il a cité mon nom. Mais moi, quand je suis arrivé, je ne savais même pas dire « bonjour » . J’y comprenais rien. Alors on a eu une grosse discussion. Je me suis entraîné tout seul pendant un mois. Mais moi, je suis difficile aussi.

Tu as eu une carrière mouvementée. Tu changes 15 fois de clubs en 19 ans quand même.

Ça fait 20 ans que je joue et je suis très professionnel. C’est juste que j’aime pas les gens qui parlent dans le dos des autres.

Lors de ta seconde saison à Toulouse, le PSG a failli descendre. Comment tu as vécu ça ?

Ça ne me touchait pas, je m’occupais de Toulouse. Moi, j’aime le PSG et c’est difficile de voir une équipe que tu aimes bien dans cette situation, mais bon si tu n’es pas organisé, si tu n’es pas professionnel, faut descendre. C’est ce que je pense.

Cette époque a été délicate pour le PSG. Ça a changé.

La différence est énorme ! Quand je jouais à Paris, au Brésil, nos matchs passaient une fois par mois. Aujourd’hui, tous les weekends, tu peux voir la Ligue 1 et il n’y a pas que le PSG. Tu peux voir des matchs de Lyon, de Marseille, de tout le monde. Avant quand je revenais au Brésil, je parlais du Mans, de Saint-Étienne, personne connaissait. Tout le monde connaît le championnat français maintenant, c’est bien. C’est une grosse différence.

Quand t’es arrivé au PSG, il y avait une grosse équipe avec les Ronaldinho, Heinze, Pochettino, Sorín…

On avait une très bonne équipe mais on n’était pas une équipe unie. Il y avait beaucoup d’étrangers, beaucoup de frictions entre eux. Moi je me suis toujours senti bien avec tout le monde : Argentins, Français, Africains… Il faut juste garder le respect. Je me suis battu une fois dans ma vie, c’était avec Fodé Mansaré.

Ah oui ! À Toulouse. Rafraîchis-nous la mémoire.

Lui, il est un peu fou. On était en train de jouer à l’entraînement… (il s’arrête) Mais ça, c’est du passé. J’ai pris 10 jours avec cette histoire. On était à terre, je l’ai frappé. Devant tout le monde. C’était un peu compliqué.
J’ai envie d’entraîner, je veux aller sur le terrain

Et la suite pour toi ? Tu veux revenir en France ?

Oui, j’aimerais bien. Je cherche un appartement en France, là. Je préfère vivre là-bas pour mes enfants. Ils vont à l’école française. J’ai envie qu’ils finissent l’école là-bas. En plus, c’est moins cher. Là-bas, tu payes rien, et ici tu payes super cher. Ma femme aussi aime bien la vie en France. Après faut trouver un travail. Moi, je veux continuer dans le foot, j’ai essayé de passer mes diplômes d’entraîneur là-bas, mais c’est difficile parce que ça commence en septembre et ça finit en mars. Faut y habiter.

C’est décidé, tu veux entraîner ?Entraîner oui. Moi, je prends des cours ici pour être dirigeant, mais j’ai envie d’entraîner, je veux aller sur le terrain.

Marseille cherche un entraîneur, postule, on sait jamais. Monaco aussi.

Monaco ? Ah ouais ? C’est bien là-bas. Moi, j’aime bien Monaco.

Tu t’en foutrais, toi, de jouer dans un stade vide ?Quand tu signes le contrat, tu le sais. Et tu signes pas pour les supporters, tu signes pour l’argent. Après faut vivre avec.

T’as suivi la saison du PSG ? Beaucoup de gens ont été étonné de l’élimination contre Chelsea.

Moi, je n’étais pas étonné. Ils ont une bonne équipe pour gagner le championnat de France sans forcer. Mais pour gagner la Champions League, ils vont avoir besoin de temps. Ils ont une bonne équipe, mais pas un effectif suffisamment costaud pour éliminer des équipes comme le Real Madrid, Barcelone ou le Bayern. Après dans deux, trois ans, on verra, mais aujourd’hui, c’est trop juste.

Tu parles des remplaçants ?

Non, même dans l’équipe titulaire. Quand tu regardes bien l’équipe contre Chelsea. Jallet arrière droit, c’est qui Jallet ? Après, Thiago Silva, c’est le top. À côté de lui, Alex, il était pas bon à Chelsea, avant de signer à Paris… C’est mon ami, je le connais bien. Après, il y a Maxwell, c’est un très bon joueur, mais qui n’a jamais explosé. Après, milieu de terrain, Thiago Motta, Verratti, Matuidi…

C’est parfait…

Non, ce n’est pas parfait. Excuse-moi. Tu prends le milieu de terrain de Chelsea, de Barcelone, du Real Madrid… du Bayern ! Si tu prends le PSG pour le comparer au reste du championnat français, c’est bon, c’est parfait comme tu dis. Mais si tu prends le PSG et tu le compares aux grosses équipes. C’est parfait ? Non, c’est impossible.

Verratti a une grosse marge de progression encore. Matuidi, aussi.

Matuidi, dans la course, il est très bon. Mais techniquement, il est pas top. Après, c’est mon avis. Les gens peuvent ne pas être d’accord. Mais même Lyon, quand ils ont été sept fois champions, ils sont allés en demies. Ils ne sont pas passés.

Ils ont eu l’équipe pour la gagner.

Justement, tu prends le milieu de cette époque et aujourd’hui celui du PSG. C’est lequel le meilleur ?

Diarra-Tiago-Juninho (Essien) ou Motta-Verratti-Matuidi… Pas facile

Moi, je préfère celui de Lyon. Et il y avait Malouda aussi, Abidal, Wiltord, Benzema… Mais le foot, c’est le résultat et il faut gagner. Si le PSG gagne la Champions League l’année prochaine, tous les joueurs seront top. Pour moi, la Ligue 1, ils vont gagner 6, 7 fois de suite comme Lyon.

Tu pourrais entraîner Marseille ?

Bah oui, sans soucis. J’ai rien contre Marseille.

Avec ta Tour Eiffel dans le dos, faudrait que tu fasses gaffe, à Marseille

Moi, je m’en fous. J’irais me promener à Nice ou Monaco.

T’as déjà joué un Classico chaud ?

J’ai joué le Marseille-PSG où on a gagné 3-0 avec les buts de Ronnie et Jérôme Leroy. Ça faisait 15 ans que Paris ne gagnait pas contre l’OM. Mais ça n’a rien à voir avec le Brésil. Même le plus chaud des Marseille-Paris, ce n’est pas comme ici. C’est autre chose.
Il n’y a pas un stade qui va être prêt à 100%

Tu supportes un club ici ?

Non. J’ai commencé à jouer au foot dans un club à 12 ans. Une fois, quand je suis entré dans le train pour aller à l’entraînement, il était plein de supporters du Corinthians. Moi, j’étais en civil, normal, avec mon sac à dos. Quand je suis entré, y a un mec qui m’a demandé pour qui j’étais. Parce que juste à côté de mon club, il y a le São Paulo FC et Palmeiras (LE rival du Corinthians, ndlr). Y en a un qui commence à dire : « Tu joues à Palmeiras, toi. » J’ai dit : « Non, je joue au Nacional. » Le trajet ne dure que 10 minutes, mais c’était une éternité pour moi. Ils m’ont tout pris, je me suis retrouvé en slip, ils voulaient me jeter par-dessus bord. Finalement, ils m’ont laissé, je suis vite parti quand le train s’est arrêté. C’était chaud. Donc tu imagines que, depuis, ma relation avec les supporters n’est pas super. Moi, un mec qui vient me dire : « Moi, je suis fou pour tel club » , je déteste. Les mecs comme ça ne regardent pas le foot comme moi. Si un mec fait une erreur, ils peuvent essayer de le tuer.

Il ne faut surtout pas mettre de T-shirt vert à un match du Corinthians, ça pouvait s’envenimer rapidement.

Ouais, faut faire attention. Mais pour ces histoires de couleur, dans le Sud, Internacional-Grêmio, c’est pire. À Grêmio, je connais des joueurs qui se sont retrouvés torse nu parce qu’ils sont venus à l’entraînement avec un T-shirt blanc et rouge. Les supporters leur ont dit de l’enlever. Tu ne peux pas venir avec une voiture rouge à Grêmio ou une bleue à l’Internacional. De toute façon, ici, c’est chaud partout.

On finit avec la question Coupe du monde. Pour ou contre ?

Moi, je suis contre la Coupe du monde au Brésil. Et ça n’a rien à voir avec le football. C’est juste qu’on a d’autres choses à faire plus urgentes que la Coupe du monde. Régler les problèmes de violence, on n’a pas d’hôpitaux, il n’y a pas assez de médecins, pas assez d’écoles… C’est quoi le plus important. Les 12 nouveaux stades qui, à un mois et demi, ne sont même pas encore prêts ? C’est quoi ça ? Il n’y a pas un stade qui va être prêt à 100%. Ils vont faire ce que l’on appelle ici les « tapume » , c’est-à-dire qu’ils vont cacher les imperfections avec de la tôle où il y aura des images de fête. Elle est belle, l’image du Brésil.

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propos recueillis par Gary De Jesus à São Paulo

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