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Paris, le devoir d’exigence

Par Mathieu Faure
5 minutes
Paris, le devoir d’exigence

Battus pour la première fois en championnat à Rennes (0-2), les Parisiens sont retombés dans leurs travers et montrent que leur bon début de championnat comptable ne doit pas occulter l’incapacité chronique à construire quelque chose de collectif. Ce PSG doit faire plus. En permanence.

À l’heure du football de statistiques, de kilomètres parcourus et du nombre de pressing par match, il y a des chiffres qui demeurent d’une rare violence au moment de raconter l’histoire d’un match. À Rennes, cinq jours après une performance collective solidaire et efficace contre Manchester City (2-0), le PSG n’a pas cadré la moindre frappe. Et comme tout est une question de contexte, voici celui de ce couac : en Bretagne, le club de la capitale emmené sur le terrain par son carré d’as Mbappé-Di María-Neymar-Messi n’a pas cadré le moindre tir face à une équipe qui avait joué le jeudi soir sur la scène européenne, à l’extérieur, et en infériorité numérique. Une misère offensive plutôt rare, puisque cela n’était plus arrivé aux Parisiens depuis six ans.

C’est aussi consternant à écrire qu’à lire finalement : Mbappé-Neymar-Di María-Messi n’ont pas cadré la moindre frappe à Rennes. Forcément, difficile de remporter un match dans de telles conditions, surtout quand la défense, elle, faillit dans les grandes largeurs et trouve l’exploit d’encaisser un but dans la même minute, soixante secondes à peine coupée en deux par la pause. Car oui, ce PSG que certains voyaient imiter les « Invincibles » d’Arsenal a déjà chuté après neuf journées de Ligue 1, encaissant des buts aux 45e et 46e minutes de son match.

Des attaquants qui doutent

Le plus triste dans cette histoire n’est pas que le PSG laisse filer des matchs en championnat, c’est plutôt la prévisibilité avec laquelle la défaite de Rennes a pointé son nez. Déjà à la limite contre Lyon et Metz, avec des succès dans les arrêts de jeu – et toujours à la recherche d’une identité, d’un jeu, d’une solidarité depuis l’arrivée de Mauricio Pochettino -, ce PSG semble, parfois, perdu et déposé là, sur un terrain, sans vraiment savoir pourquoi ni quoi faire. Après la belle victoire face aux Citizens, mardi, le club de la capitale est retombé dans ses travers. Des travers qui empruntent souvent des chemins nocturnes. Oui, il est difficile de mettre en relation directe les nombreuses sorties des Parisiens avec une défaite, mais la coexistence des deux dérange, surtout pour l’image. Que ce soit l’anniversaire du mannequin Cindy Bruna, la Fashion Week ou alors – ici, c’est un coup du sort – une arrivée tardive à Rennes en raison des conditions météorologiques, l’effectif parisien dans sa grande majorité a plutôt veillé tard depuis la victoire contre City. La manière dont Neymar a traîné ses kilos, son absence de vitesse et de vivacité, sur la pelouse rennaise en dit long sur son déficit physique. À cette impréparation physique, on peut ajouter le doute. Le Brésilien n’a plus trouvé le chemin des filets dans le jeu avec le club de la capitale depuis plus de dix matchs, Mbappé, lui, n’a plus marqué depuis cinq rencontres et traverse donc sa plus grande misère offensive depuis son arrivée dans la capitale, Messi n’a toujours pas été décisif en Ligue 1 et, finalement, le quatuor ne pèse que 5 petits buts en championnat en 9 journées.

Pochettino, c’est quoi le projet ?

C’est la rançon de la gloire de vouloir tenter de faire coexister quatre attaquants aussi cannibales sur un terrain de football. Des joueurs qui ont bien compris la problématique parisienne niveau circulation : ça bouchonne dans l’axe en permanence. À Rennes, il a manqué cette percussion sur les ailes – tout ce qu’a réussi le très remuant Kamaldeen Sulemana, par exemple – et cette faculté à être efficace (un garçon comme Moussa Diaby ferait un bien fou à cette équipe, c’est ballot). Moralité, à l’exception de 30 minutes assez agréables, mais ponctuées par aucun tir cadré, il ne s’est rien passé dans le match du PSG. La deuxième période, entamée par un but encaissé sur le coup d’envoi, n’a laissé entrevoir aucune révolte, aucune envie collective, aucun leadership. Le tout dicté par un coaching encore mollasson et tardif.

C’est aussi ça, le PSG. Un coach qui doit plus faire de la politique, ménageant les ego et les sensibilités, plutôt que de mettre sur pied sa philosophie. Pochettino, comme d’autres avant lui, est en train de renier ses principes en voulant contenter tout le monde, du gardien de but à la distribution offensive. Bien entendu, le PSG, leader du championnat et de sa poule de C1, est adossé à un bilan comptable plutôt réussi malgré deux défaites depuis le Trophée des champions contre Lille, mais dans le jeu, dans l’expression collective, dans les circuits préférentiels, dans ce qu’il montre, le « meilleur effectif jamais rassemblé sous QSI » n’a pas encore livré la moindre prestation collective digne de ce nom en Ligue 1. Un postulat que l’on pourrait presque étendre à l’année civile 2021 et à l’arrivée de Pochettino sur le banc.

L’exigence au centre de tout

Il est encore trop tôt pour s’alarmer, mais la puissance financière du club et les objectifs extrêmement élevés qu’il se fixe en empilant les stars obligent les supporters et les suiveurs à une exigence bien au-dessus de la moyenne. Il ne faut rien laisser passer à ce PSG. C’est le sport de très haut niveau, un sommet que des joueurs en perdition physique, de leur propre fait, ne peuvent pas prétendre à tutoyer. Un garçon comme Neymar, qui aura 30 ans en 2022, n’a pas le droit d’enchaîner autant de prestations quelconques dans le championnat domestique dont il est censé être l’un des meilleurs joueurs. L’homme qui survolait le Final 8 en août 2020 sort de sa saison la moins aboutie dans les rangs parisiens en Ligue 1. Au-delà de l’épaississement de sa silhouette, le coup de reins a disparu. Le voir incapable de passer le moindre dribble sur un match de Ligue 1 est un terrible désaveu. Alors Mauricio Pochettino réclame du temps. C’est son bouclier depuis le coup d’envoi de la saison. Ok, mais jusqu’à quand ? Faire saliver sur FIFA 22, c’est bien, construire quelque chose de cohérent et pérenne sur le terrain, c’est mieux. Car depuis sa prise de fonction en décembre dernier, quand on s’apprête à voir jouer le PSG de Pochettino, on n’est sûr que d’une seule chose : on ne sait pas ce que l’on va voir…

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