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« Parfois, on me reconnaît dans la rue, même sans la perruque  »

Propos recueillis par Paul Piquard
5 minutes
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Avec une tablette, un sourire communicatif, l'Homme-Perruque a marché sur le game du supporter pendant le Mondial. Interview avec un fêlé brésilien qui ne voulait pas s'embarrasser d'un marqueur.

Homem da Piruca (l’homme à la perruque, ndlr) : déjà, d’où vient ce nom ?

Le nom est apparu après que je suis passé à la télé pour la première fois. Sur les réseaux sociaux, les gens voulaient savoir qui était cet homme à la perruque qu’ils avaient vu célébrer le but à la télévision. En fait, le mot peruca s’écrit normalement avec un E, mais les gens sur les réseaux sociaux ont fait une faute d’orthographe, et le I est resté. Les supporters ont commencé à m’appeler « Homme Perruque » , parce que cela sonnait un peu comme un nom de super-héros. Il y a l’homme araignée, l’homme de fer (Iron Man, ndlr). Moi, je suis l’homme perruque ! (Rires)

Tu es donc supporter du Vasco de Gama. Tu avais déjà fait le coup de la tablette avant la Coupe du monde ?

Je suis un grand supporter du Vasco de Gama, et on me connaissait parce que j’apparais souvent lors des matchs retransmis à la télé. On me voit souvent lors des célébrations de buts, lorsque je fais passer des messages avec ma tablette. Cela peut être des messages pour motiver l’équipe, la féliciter, ou encore des messages de protestation contre la direction du club quand les choses vont mal en championnat. Je suis engagé avec le groupe de supporters. Je représente le nom de Vasco dans le monde entier. J’ai des photos avec la perruque à la Tour Eiffel, au Portugal, en Espagne, aux États-Unis ou en Argentine. Partout où je vais, je prends mon maillot de Vasco et ma perruque. En fait, dans la vie, je tiens une agence de voyage à Copacabana, ce qui me permet de voyager régulièrement. J’adore la France. La dernière fois que je suis venu à Paris, Beckham arrivait au PSG, alors j’ai acheté des maillots de lui pour mes proches. En sortant de la boutique des Champs-Élysées, un supporter de Lyon m’a vu avec mon maillot de Vasco et on a longuement parlé de Juninho Pernambucano, c’était très sympa. Je ne me rendais pas compte à quel point c’était une idole là-bas aussi.

D’où t’est venue l’idée ? Tu penses aux messages que tu vas écrire avant la partie ?

Je me suis dis que les gens avaient coutume de faire passer leurs messages avec des pancartes. Pour cela, il faut du papier, un marqueur, et plusieurs pancartes si l’on veut faire passer différents messages, la galère. J’utilise juste la technologie en ma faveur. La tablette me permet d’écrire les messages instantanément, et je peux écrire tout ce qui me passe par la tête en fonction du match.

Tu as eu des difficultés pour faire entrer ta tablette dans les stades ?

Ici, au Brésil, on peut avoir une tablette à n’importe quel match de championnat. Mais pour la Coupe du monde, c’était différent. La FIFA, qui avait peur des messages de protestation pendant les matchs, avait interdit l’entrée de ce genre d’équipement. Mais même comme cela, j’ai pris le risque. Je n’ai eu de problèmes à aucun match puisque, souvent, les volontaires qui travaillaient en tant que stewards me connaissaient déjà.

À combien de matchs as-tu assisté au total ? Tu as utilisé ta tablette à d’autres matchs ?

J’ai vu 7 matchs en tout. Le match d’ouverture, Argentine-Bosnie, Espagne-Chili (rires), Belgique-Russie, Brésil-Cameroun, Colombie-Uruguay et la finale au Maracanã, Allemagne-Argentine. J’ai montré ma tablette à tous les matchs. J’ai dit au revoir au Cameroun, à l’Uruguay et à la Russie ! Lors de la finale, je suis d’ailleurs apparu une nouvelle fois à la télé avec le message suivant : « I Believe ! 1×0. Messi »

Es-tu d’accord pour dire que le secret de l’image, c’est le sourire et le regard de fou que tu prends ?

Bien sûr ! Le sourire est particulier, le regard aussi, qui s’ajoute à la perruque et à la tablette. Tout ça fait de l’image quelque chose de différent, d’inhabituel. Les gens aiment les choses un peu différentes. Tous ces ingrédients sont la marque de fabrique du personnage.

Quel genre de réactions as-tu reçu après le match Espagne-Chili ?

Après le match, des millions de personnes de toutes les parties du monde ont commencé à me suivre sur Instagram, Facebook et Twitter ! Même sur Google, l’image de moi apparaissait lorsque vous tapiez « comment dire adieu en espagnol » qui était l’une des phrases les plus recherchées sur internet pendant le Mondial. Beaucoup de journaux ont aussi affiché la photo de moi et ma tablette avec le message « Adios Spana » en une, au lendemain de l’élimination.

Il y a des entreprises qui ont cherché à te contacter ? Pour faire des pubs, par exemple ?

Pour le moment non, mais j’adorerais le faire. Imagine une entreprise qui vend des produits bon marché. Je pourrais apparaître avec ma perruque et ma tablette et le message suivant : « Adieu les prix élevés ! (Rires) » . Si tu connais quelqu’un en France qui est intéressé, fais-le savoir !

Et les gens te reconnaissent dans la rue ? Au stade ? Tu es devenu une célébrité à Rio ?

Pendant les matchs de Vasco, les supporters m’arrêtent et me demandent de faire des photos avec eux. Durant le Mondial, c’est souvent les supporters étrangers qui voulaient des photos avec moi. Surtout les enfants, qui adorent le personnage. Mais j’ai aussi des photos avec des joueurs de Vasco, qui essayent de reproduire le sourire ! Aujourd’hui, depuis le succès de la Coupe, les gens me reconnaissent parfois dans la rue, et même sans la perruque !

Tu aurais une dernière anecdote à nous raconter ?

Je vais te dire un truc, tu savais où l’histoire du personnage a failli se terminer ? En France (rires) ! Pendant notre voyage en France, ma femme a oublié son sac dans un hôtel, à Montparnasse. Elle s’en est rendu compte dans la rame de métro alors que nous étions déjà arrivés à l’aéroport d’Orly. Nous n’avions pas le temps de revenir à l’hôtel. Petit à petit, elle essayait de se souvenir ce qu’il y avait dans le sac. Un ou deux documents, et quelques euros. Je lui ai dit que ce n’était pas un problème et que ce n’était pas grave. À un moment donné, elle s’est souvenue que la perruque était aussi dans le sac. J’ai fondu en larmes ! Pas la perruque ! Nous avons dû payer une entreprise de transports privée pour réussir à rapatrier la perruque au Brésil.
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Propos recueillis par Paul Piquard

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