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Paraguay : 1979, année héroïque
Le dernier sacre du Paraguay en Copa America remonte à 1979. Un titre obtenu à ... Buenos Aires. Avant de savoir si l'histoire se répétera, retour sur la glorieuse aventure des derniers conquérants guaranis.
C’était l’année du Paraguay. L’Amérique du Sud leur appartenait. Non seulement l’Albirroja remportait la Copa America, mais l’Olimpia Asuncion avait déjà soumis le continent en s’adjugeant la Libertadores à… Buenos Aires, face à Boca Juniors. En tennis, Victor Pecci devenait le premier et dernier Guarani à atteindre la finale de Roland-Garros. Et début 80, l’Olimpia étendait son empire au monde, en remportant l’Intercontinale face à Malmö. Pas vraiment tenté par un voyage en Amérique du Sud, Nottingham Forest avait préféré déclarer forfait pour laisser sa place aux Suédois.
En 1979, la Copa America proposait un programme étendu dans l’espace et dans le temps, avec un tournoi long de cinq mois, disputé en aller et retour. « Tous les matchs étaient une guerre » se rappelait au micro de Fox Sports, Julio César Romero, dit “Romerito”, l’idole naissante du Paraguay, 19 tendres printemps au compteur au moment de cette année héroïque. Au total, trente-deux joueurs furent utilisés lors de cette longue campagne durant laquelle le sélectionneur dut composer avec les différentes obligations de ses obligés.
Le Paraguay signa son premier exploit de la compétition en arrachant un match nul dans l’infernal estadio Centenario de Monteviedo. Répartis dans trois poules de trois, les participants n’avaient pas le choix et se devaient de terminer en tête la première phase pour rejoindre le Pérou, qualifié d’office pour les demi-finales en qualité de tenant du titre. Avec six points et un statut d’invaincu, le Paraguay présentait alors le meilleur bilan de son groupe et accessoirement du continent. Il avait pourtant dû attendre la 88e minute et l’égalisation d’Eugenio Morel face à l’Uruguay (2-2), pour s’insérer dans le dernier carré.
Penalty de complaisance
Opposé en demi-finale au Brésil de Zico, Falcao et Socrates, le petit Paraguay a l’allure d’une victime expiatoire, même pour ses propres dirigeants. « Ils nous avaient promis une somme qu’ils ne pensaient jamais devoir payer, se rappelle Romero, et une fois qu’on a éliminé le Brésil, ils n’ont pas su quoi faire » . Le jeune milieu offensif, sacré meilleur joueur d’Amérique du Sud en 1985, fera exploser tout un pays en inscrivant le dernier but de la série malgré la pression du Maracana (2-2). Cette même pression qui avait conduit l’arbitre à offrir un pénalty de complaisance à Socrates quelques minutes auparavant. En transformant la sentence, le “barbudo” remit les deux sélections sur un pied d’égalité après le 2-1 du match aller.
Le 24 octobre, dans son estadio Defensores del Chaco, le Paraguay livra l’un des meilleurs matchs de son histoire. « Le Paraguay a perdu sa plus grande opportunité de mettre une raclée au Brésil, et il n’est plus la peine pour eux de rêver d’une qualification » , s’emballait alors le journaliste et ex-sélectionneur brésilien João Saldanha. Outre la supériorité de l’Albirroja, ce match aller fut marqué par ce qui est considéré au Paraguay comme “le but du siècle”. A la réception d’un centre au cœur de la surface, Eugenio “Tanque” Morel contrôlait de la poitrine dos au but, avant d’envoyer une “chilena” sous la barre. Dans son ouvrage “Copa América : 90 années de passion rouge et blanche”, l’historien du sport José María Troche s’adonne à une description lyrique du chef d’œuvre de Morel : « Un véritable poème d’élasticité et de puissance, de violence et d’efficacité. Un but digne d’être immortalisé sur la toile d’un peintre célèbre » .
Grève et primes
En finale, la formule seventies de la Copa America voulait que se joue un match d’appui sur terrain neutre en cas de victoire de chaque camp lors de l’aller-retour et ce, sans prendre en compte la différence de buts. Ainsi, malgré une claque donnée à Asuncion (3-0), le Paraguay, dont les joueurs avaient dû recourir à une grève dans les jours précédents la conclusion du tournoi pour se faire payer les primes promises par leurs dirigeants, se voit contraint de disputer une belle, après l’étriqué succès du Chili à Santiagp (1-0). Les Paraguayens, qui n’avaient pu s’adjuger la Copa qu’à une seule reprise, en 1953, imputent alors la défaite à l’ex-dictateur nicaraguayen, Anastasio Somoza, réfugié à Asuncion, et dont l’anniversaire coïncidait avec la date de la rencontre.
Le match d’appui se dispute à Buenos Aires dans le stade de Velez Sarsfield. Après un temps réglementaire écoulé sans que les filets n’aient frémi, une prolongation doit désigner le champion d’Amérique du Sud. A la dernière minute, Roberto “El gato” Fernandez s’envole vers sa lucarne pour repousser un tir chilien et ainsi donner le titre au Paraguay, le dernier de son histoire. Aujourd’hui, son fils, Roberto Junior Fernandez, se trouve à Buenos Aires, en tant que doublure de Justo Villar. Sûr que son père lui a conté les célébrations devant le Panthéon des héros d’Asuncion. Et qu’il se verrait bien l’imiter.
Paraguay/Brésil : Le but du siècle
Par Thomas Goubin et Marcelo Assaf
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