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Panathinaïkos : la Gate 13 fermée à double tour

Par Gregory Sokol
Panathinaïkos : la Gate 13 fermée à double tour

Le 21 novembre dernier devait se tenir le choc tenant chaque saison la Grèce en haleine entre l’Olympiakos et le Panathinaïkos. Un derby athénien qui n’a jamais débuté et des sanctions exemplaires provoquant les suspicions et le courroux de la Gate 13.

Gate 7, Gate 4 ou encore Gate 13. Ces groupes ultras sont désormais les stars de l’Olympiakos, du PAOK Salonique ou du Panathinaïkos dans un championnat grec qui en manque cruellement. À tel point que, pour le cas du Panathinaïkos, les Youtubeurs du monde entier visionnent bien plus fréquemment les vidéos du « Horto Magiko » , superbe chant de la Gate 13, que les buts de Marcus Berg ou Mladen Petrić. Un chant qui malheureusement ne résonnera plus avant un bon bout de temps au joliment vétuste stade Apostolos-Nikolaïdis, l’antre mythique des Verts réintégrée début 2013 après une pige dans un stade olympique devenu trop cher pour un club en plein marasme financier.

Un fauteur de trouble et des sanctions lourdes

Les consignes avaient pourtant bien été données au sein de la Gate 13. Faire du stade un chaudron en pleine ébullition et tenter d’inhiber les joueurs adverses oui, mais en aucun cas l’aire de jeu ne doit être touchée. Raté. Sur les plusieurs milliers de supporters, un énergumène décide de n’en faire qu’à sa tête, comme le confirme Anastassia Tsoukala, juriste, criminologue et auteur de l’ouvrage Hooliganisme en Europe, sécurité et libertés publiques. « Un supporter, un seul, a lancé deux projectiles dont l’un a frôlé la jambe d’un joueur lors de l’échauffement. L’arbitre a décidé d’annuler le match, et les tribunes ont explosé. Même en 85 au Heysel, on n’a pas envisagé d’annuler la rencontre pour éviter un plus terrible bilan. » Les sanctions sont lourdes pour le PAO. Victoire 0-3 de l’Olympiakos sur tapis vert, retrait de 3 points au classement, 190 000€ d’amende et quatre rencontres à huis clos.

C’est ensuite au tour de la commission de sécurité de tomber sur le râble du PAO et de ses supporters les plus fervents. Le verdict tombe avec l’aval du ministre des Sports grec Stavros Kontonis. « 90 000€ d’amende en plus des sanctions initiales, ainsi que les secteurs 13 et 14 fermés jusqu’à la fin de la saison à l’exception des play-offs. C’est disproportionné au regard des incidents » , estime Anastassia Tsoukala. Un sentiment que partagent les supporters de la Gate 13, convaincus depuis des années de la corruption au sein du football et de l’État. Privés de leur maison, l’heure est à la manifestation. Par le biais de banderoles telles que « Vous devriez fermer le Parlement, pas la Gate 13. Vous savez qui est responsable des incidents et pourtant vous fermez la Gate 13 » lors d’un déplacement à Levadiakos, ou carrément devant la demeure d’Aléxis Tsípras, le Premier ministre Syriza, comme ce fut le cas la semaine dernière. Une manifestation à laquelle ont pris part quelque 2000 amoureux du PAO et où la police anti-émeute a dû user de la lacrymo et procéder à quelques arrestations. Le principal intéressé, Tsípras, était en déplacement à l’étranger ce jour-là.

La façade d’une lutte de pouvoir ?

Si les fans de football sont souvent raillés pour leur propension à voir le complot contre leur club partout, il se pourrait que la paranoïa ne soit pas seule responsable, tant la corruption dans le football grec n’est qu’un secret de polichinelle. Djibril Cissé fut tellement marqué par l’accueil réservé à son égard par la Gate 13 qu’il conserve gravé sur la peau le blason du Pana. Mais l’idylle a pris fin brutalement. « J’appelle ça me faire enculer » , a martelé le Djib’ non pas au sortir d’un nightclub à Mykonos, mais d’un match de coupe où l’AEK marqua après plus de 97 minutes de jeu et où l’un de ses coéquipiers fut très sévèrement exclu. Sans parler d’un autre bouillant derby cette fois-ci face à l’Olympiakos, où les fans rouge et blanc ont envahi le terrain, provoquant des incidents avec des joueurs du Pana. Le ton monta même entre Cissé et Evángelos Marinákis, le président de l’Olympiakos alors également président… de la ligue de football grecque.

Evángelos Marinákis, riche armateur grec à la réputation sulfureuse, semble collectionner les casseroles. Au cœur d’affaires de matchs truqués ou de corruption ces dernières années, il s’en est cependant sorti à chaque fois acquitté. Les rumeurs vont bon train en Grèce concernant les puissants armateurs, souvent soupçonnés, mais jamais pris la main dans le sac. Comme lorsque deux tonnes d’héroïne sont retrouvées sur un navire impliquant la compagnie maritime de Marinákis ou que ce dernier, soupçonné de soutenir le parti d’extrême droite grecque Aube Dorée, aurait prétendument donné son allégeance l’espace d’une élection à Syriza. De là à imaginer que le gouvernement actuel rende service au président de l’Olympiakos en sanctionnant le plus durement possible le grand rival, il n’y a qu’un pas que les supporters du Pana n’hésitent pas à franchir. Le président du Panathinaïkos, Giannis Alafouzos, également armateur, est l’ennemi intime de Marinákis, tant sur le plan économique que sportif. Le point de non-retour semble être atteint entre deux hommes donnant dans la joute verbale houleuse, voire dans le jet de verre d’eau lors de réunions.

Journalistes menacés

Pour couronner le tout, le bruit court que Syriza aurait noué des liens avec Dimitris Melissanidis, autre armateur et président, vous l’aurez deviné, de l’AEK Athènes, le troisième grand club de la ville. Melissanidis qui, au beau milieu d’une affaire de contrebande de pétrole, aurait tenté d’intimider un journaliste un peu trop curieux d’Unfollow, rapportait le rédacteur en chef du magazine grec pour Vice. Mieux, trois journalistes sportifs ayant tenté d’enquêter sur les liens occultes entre les milieux sportif, politique et économique en Grèce auraient vu leur vie menacée. De quoi alimenter bien des fantasmes et inviter les supporters du Panathinaïkos à céder à la paranoïa.

Le gouvernement plaide sa bonne foi et le souhait de sévir afin de redorer le blason d’un football grec en pleine déliquescence entre stades souvent vides, matchs truqués et résultats décevants sur le plan international. Maladroitement pour Anastassia Tsoukala, considérant que « le ministre Kontonis est peut-être mal conseillé. Il veut introduire le billet électronique, mais aussi la carte du supporter nécessaire à l’achat de ces billets. Cela devait entrer en vigueur au 1er janvier 2016, mais la CNIL grecque a émis un avis on ne peut plus défavorable. Il fallait par exemple fournir son numéro de Sécurité sociale pour avoir cette carte du supporter, ce que la CNIL a jugé non pertinent. La CNIL grecque a également soulevé de nombreux autres points d’illégalité et d’anti-constitutionnalité dans ce projet » .

Volonté d’endiguer le problème de la violence dans le football ou Panathinaïkos victime d’arrangements entre amis ? Une chose est sûre, comme le dit l’adage grec, « demain le soleil se lèvera et l’Olympiakos gagnera le championnat » . Comme à dix-huit reprises lors des vingt dernières années. Heureusement, il reste l’écho des salles de basket ou de volley-ball pour profiter d’ambiances exceptionnelles comme la Gate 13 sait si bien les produire.

Dans cet article :
Après deux mois de huis clos, la Grèce va autoriser le retour des supporters
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Par Gregory Sokol

Lire : Hooliganisme en Europe, sécurité et libertés publiques, Anastassia Tsoukala. Athéna Editions, 2010.

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