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Pablo Lavallen : « La Volpe, c’est l’université du football »

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Pablo Lavallen : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La Volpe, c&rsquo;est l&rsquo;université du football<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À l'instar du Nantes de Coco Suaudeau, l'Atlas de Ricardo La Volpe (interviewé dans le n°109 de So Foot), est la référence des esthètes du Mexique entre 1997 et 2001, en pratiquant un football alerte, se reposant avant tout sur les forces vives du centre de formation du club de Guadalajara. Lieutenant de La Volpe sur le terrain, l'Argentin Pablo Lavallen, aujourd'hui entraîneur des équipes de jeunes de River Plate, nous en dit davantage sur les bénéfices de la méthode d'El Bigoton.

Quel souvenir gardes-tu du premier jour de La Volpe à l’Atlas ?Il est arrivé précédé de beaucoup de commentaires, notamment sur sa forte personnalité. On savait aussi qu’il s’agissait d’un entraîneur très bien préparé. Il m’a marqué, m’a ouvert la tête , m’a fait découvrir une forme de football différente de celle qu’on m’avait enseignée en Argentine.

Tu avais 24 ans, et cinq saisons avec River derrière toi, qu’as-tu appris exactement avec lui ?Ce qui m’a marqué, c’est que lui ne te dit pas seulement quoi faire, mais surtout pourquoi le faire. C’est la grande différence avec beaucoup d’entraîneurs. Par exemple, il explique quel bénéfice tu tireras en réalisant tel déplacement, où à quelles conséquences tu feras face si tu ne le réalises pas. Il faisait tout pour que le joueur pense le jeu, l’analyse, et termine par choisir par lui-même. Il t’apprend à penser pour que tu puisses ensuite résoudre les problèmes qui se posent sur le terrain avec spontanéité. En fait, avant La Volpe, j’ai reçu l’enseignement basique, élémentaire (ndlr : Lavallen a notamment été entraîné par Daniel Passarella), mais avec lui, je suis entré à l’université du football, je me suis spécialisé.

À quel poste jouais-tu ?J’étais un arrière gauche de formation, mais Ricardo m’a dit qu’il voulait m’utiliser comme libéro dans une défense à trois. Ce fut un choc, mais j’ai rapidement compris que sa méthode était valide. Son système est intégral. Tu dois savoir ce que fait ton coéquipier qui se trouve à dix mètres, mais aussi celui qui se trouve à cinquante mètres. Et si tu te trouves dans une autre position, tu dois savoir comment jouer. D’ailleurs, au cours de l’ère la Volpe, j’ai joué libéro, mais aussi latéral et milieu défensif. Dans chaque position, j’étais conscient de ce que je devais apporter au rendement de l’équipe.

Comment s’est passée ta reconversion comme libéro ?Aucun souci. On jouait en général avec une ligne de trois derrière. J’étais chargé d’amorcer la phase offensive. Pour sortir le ballon proprement, on se reposait sur une chaîne de passes qui permettait de générer une supériorité numérique contre le rival. La possession de balle était la priorité, au risque de se retrouver en un contre un derrière. C’est très similaire à ce qu’on voit aujourd’hui à Barcelone. D’ailleurs, je sais que La Volpe a échangé à plusieurs reprises avec Guardiola. Rafa Márquez m’a aussi confié que Guardiola s’inspirait des exercices de La Volpe, en les réalisant à sa sauce (ndlr : Guardiola a terminé sa carrière au Mexique, aux Dorados Culiacan, quand La Volpe était le sélectionneur d’El Tri). Quand je regarde le Barça, je me rends compte qu’on faisait ce genre de mouvements, d’enchaînements plusieurs années avant eux.

« On paraissait plus techniques qu’on ne l’était »

À quoi ressemblaient les entraînements de la Volpe ?La méthode, c’était la répétition. Par exemple, on exécutait une chaîne de passes, et La Volpe corrigeait nos positions, nous replaçait, et on refaisait le même exercice jusqu’à atteindre la perfection. Mais attention, il ne s’agissait pas d’une répétition bête et méchante, on devait s’adapter aux mouvements du rival. En règle générale, on s’entraînait entre 2h30 et 3h30, d’une traite. On continuait jusqu’à temps que La Volpe soit satisfait. Parfois, le préparateur physique le stoppait dans son élan. Enfin, si on appliquait bien ses exercices, l’entraînement pouvait aussi se réduire à une petite heure. Son idée maîtresse est de ne jamais perdre la supériorité numérique. En phase de relance face à un 4-4-2, l’un des trois défenseurs devait ainsi dépasser la ligne des deux attaquants et recevoir le ballon proprement face au jeu.

À partir de quand avez-vous ressenti les bénéfices de la méthode La Volpe ?Rapidement. On s’est rendu compte que si on le faisait bien, il avait raison. Pendant ce processus de quatre ans, on jouait de manière naturelle, quasiment les yeux fermés. L’équipe paraissait agile, spontanée. On paraissait même plus techniques qu’on ne l’était.

Quel système utilisait-il ?En général, c’était le 5-3-2. Un système où tu mets vraiment à profit toute la largeur du terrain. Comme au Barça, on avait des joueurs offensifs qui collaient aux lignes, et le reste de l’équipe savait les utiliser. On pouvait permuter, mais toujours en occupant certaines zones du terrain. Après, tout dépendait de l’adversaire, avec La Volpe. J’ai ainsi joué la finale de 1999 en tant qu’arrière latéral dans une défense à quatre. Dans ce système, on ne jouait qu’à une pointe, pour se trouver à neuf contre huit sur le reste du terrain. La Volpe est un as du tableau noir. Une fois, il a changé trois fois de système dans un match sans changer un joueur. On a débuté en 3-5-2, puis 4-4-2, 4-4-1-1, et enfin 4-3-1-2. On s’adaptait rapidement, car c’était travaillé. Je faisais partie des deux, trois référents de l’équipe, qui avaient les concepts très clairs en tête et aidaient à replacer les coéquipiers.

« Il est un peu fou »

Utilisait-il beaucoup la vidéo ?Oui, pour étudier nos adversaires, mais aussi pour corriger nos erreurs. Il employait une technique assez répandue dans d’autres sports, comme le hockey. Il mettait une caméra derrière le but, avec un angle unique, qui lui donnait une vision globale du positionnement de l’équipe. Il m’a engueulé plusieurs fois sur des questions de positionnement. Pour te corriger, il ne s’y prend peut-être pas de la meilleure des manières, mais il ne veut pas blesser le joueur, simplement le motiver et renforcer le collectif. Il est un peu fou, mais faut faire avec.

Son caractère volcanique a t-il provoqué des conflits avec certains joueurs ? À l’Atlas, pas vraiment. Mais ce qui est certain, c’est qu’il se fout de ton statut, que tu aies joué cinq matchs en première division ou cinq cents. Il est frontal. Quand on se trouve sur le terrain, il devient hyper exigeant, mais en dehors, on est allé manger avec lui des milliers de fois. Avec La Volpe, tu peux parler de football pendant des heures, ça ne le fatigue jamais.

Beaucoup de joueurs issus du centre de formation ont nourri les rangs de l’Atlas de La Volpe …Sincèrement, le travail qu’avait fait Marcelo Bielsa au sein du centre de formation de l’Atlas a aidé La Volpe. Il est aussi tombé sur une très bonne génération. La Volpe a ainsi pu compter sur le jeune Rafa Márquez. Mais le style professé par La Volpe a aussi permis à Rafa de mettre ses qualités en valeur, car c’est un très bon joueur de ballon. Il faut aussi ajouter que les étrangers étaient disposés à mettre au service des plus jeunes leur expérience. Avec La Volpe aux commandes, si l’équipe est disposée à apprendre, elle peut atteindre un niveau très élevé.

Atlas 1998 :

Propos recueillis par Thomas Goubin, à Guadalajara

L’interview de La Volpe est à lire dans le dernier numéro de So Foot, disponible en kiosques depuis aujourd’hui.

C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

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