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Ossie, c’est Paris

Par Mathieu Faure
Ossie, c’est Paris

Osvaldo Ardiles a signé au PSG un 3 juillet 1982. Il était 17h58. Osvaldo Ardiles était champion du monde 1978, milieu de terrain fin et élégant et véritable métronome des Spurs. C'était une star. Comme Angel Di Maria. Mais l'Argentin est resté 169 jours à Paris. Le temps de disputer 14 matches, de marquer 1 but, de se blesser, de se faire huer et de retourner à Tottenham un soir de décembre 1982. La faute à Safet Susic et à la malchance. Ou comment l'Argentin a raté son histoire d'amour avec le PSG. Au grand damne de Francis Borelli.

15 décembre 1982. Francis Borelli reçoit un document portant le sceau de la fédération yougoslave et signé de Drasko Popovic. L’omnipotent président de la Fédé vient de valider le contrat de Safet Susic. Quatre jours avant, Borelli était pourtant pessimiste sur le dossier, « Je n’y crois plus. Il ne viendra pas » . Voilà, Safet Susic est là. Et les emmerdes commencent puisque à ce moment-là, le PSG compte trois étrangers dans ses rangs : Safet Susic, Kees Kist et Osvaldo Ardiles. Trois stars. Trois gros salaires. Sauf que le règlement de l’époque est formel : il n’y a de la place que pour deux. En 2015, on connaît la fin de l’histoire : les dirigeants parisiens écarteront Osvaldo Ardiles 169 jours après sa signature dans la capitale. 169 jours. C’est si peu à l’échelle d’une vie. Mais suffisant pour nourrir des regrets. « Dommage que ce soit lui, parce que c’était un monsieur. Il ne méritait pas cela » , lira-t-on dans France Football, peu de temps après, dans la bouche d’un cadre anonyme du club.

« A l’entraînement, parfois, il me semble qu’Osvaldo à 50 ans… »

Ardiles dit « Ossie » était un seigneur. Un crack. En 1978, le meneur de Huracan est sacré champion du monde chez lui. Il a 28 ans et même si une blessure à la cheville le prive d’un Mondial à 100%, Ardiles étale ses qualités techniques et tactiques au grand jour. Il est fin, habile balle au pied et dégage une intelligence rare. Avec lui, tout devient plus simple. Ordre alphabétique oblige, Ardiles portait le numéro 1 en sélection. C’était un signe. Ce n’est donc pas n’importe qui, Osvaldo. Francis Borelli le sait et profite de la guerre des Malouines pour approcher le natif de Bell Ville qui évolue alors à Londres, aux Spurs. Ossie est le roi en Angleterre malgré la guerre qui déchire son pays d’adoption et sa patrie. Les tensions sont telles qu’il doit partir et quitter l’Angleterre. Vérone est intéressé. Paris aussi. Il faut donc faire vite et c’est là que Francis Borelli entre en scène en juillet 1982. Le 3 juillet, à 17h58, le PSG rafle la mise depuis Barcelone après de nombreuses heures de tractation. Le contrat porte sur une saison, plus deux en option mais les Spurs conserveront un droit de préemption à tout moment.

Borelli a la banane, il vient aussi de mettre la main sur Safet Susic. Et début août, le duo Ardiles-Susic est aligné lors du tournoi de Paris. C’est prometteur. Sexy. Fou. Et sans lendemain. La fédération yougoslave envoie une lettre au PSG. Le transfert est retardé. Motif officiel : Susic n’a pas l’âge légal pour s’expatrier. A l’époque, il faut attendre le 1er janvier de l’année de ses 28 ans pour avoir le droit de partir. Susic a 27 ans… Borelli est emmerdé et cherche une autre star. Le Président fait le tour d’Europe. Il tente le Danois Simonsen, le Brésilien Dirceu avant de jeter son dévolu sur le Batave Kees Kist, ancien soulier d’or 1979 avec l’AZ Alkmaar. Kist-Ardiles en attendant Susic, donc. Sur le papier, c’est intéressant et le PSG débute sa saison comme ça. George Peyroche, le coach francilien, doit mettre ses deux recrues dans les meilleures dispositions. Kist plante des buts. Ardiles, lui, a du mal à mettre le moteur en marche. « A l’entraînement, quelques fois, il me semble qu’Osvaldo a cinquante ans… » , lâche Peyroche à la sortie d’un match.

« A Paris, j’ai été mauvais »

En dehors du pré, Ossie profite de Paris : restaurant, soirée, rassemblement avec les expatriés de la capitale pour disserter autour des Malouines. Bref, il se disperse mais son esprit est tourné vers les siens. L’homme est touché, le footballeur à l’arrêt. Avant de se briser. Un 26 octobre. Ironie du sort, Ardiles se claque face à Strasbourg après avoir marqué son premier but sous le maillot du PSG. Le seul. C’est aussi son premier claquage depuis qu’il est passé professionnel. Dans son appartement du XVIe, Ardiles ronge son frein. Blessé, il fait le point sur son aventure parisienne. Il est déçu. Le public aussi. Lorsqu’il avait signé, on lui avait demandé pourquoi son choix s’était porté sur la capitale. « Mais parce que c’est Paris » avait-il répondu très franchement. Pointé du doigt, l’homme est orgueilleux. Il veut réussir à Paris, une ville où il se sent si bien… Dans le vestiaire du PSG, le discours est identique. « Je veux prouver ma vraie valeur à ce public » dit-il en substance. Une semaine plus tard, son départ du club est acté…

Nous sommes le 15 décembre et Susic est maintenant « qualifiable » . Il faut donc sacrifier une star. Le PSG s’apprête à recevoir Monaco et donner ses premières minutes de jeu à Safet Susic, le magicien yougoslave. Le 17 décembre, veille du match, Peyroche couche son onze de départ. Ardiles est dedans. Dans la nuit du 17 au 18, le coach entend son téléphone sonner toute la nuit. Ça sonne. Encore. Et encore. Et encore. Au bout du fil, Francis Borelli. Osvaldo Ardiles a déjà validé son retour aux Spurs. Peyroche n’en croit pas ses yeux et appelle l’Argentin chez lui, qui lui confirme le scénario. Pendant que l’entraîneur draguait Morphée, Tottenham a fait valoir son droit de préemption, apprenant l’intérêt du FC Barcleone pour l’Argentin, pour le rapatrier. Placé devant le fait accompli, Peyroche passe sa journée du 18 à appeler Safet Susic… pour lui demander de jouer contre Monaco le soir-même. A la place d’Ardiles. Ce match, le PSG va naturellement le perdre. Sous les yeux d’Ossie qui, en fin de match, viendra embrasser George Peyroche. 169 jours après son arrivée dans la capitale, Ardiles retourne finalement en Angleterre. D’Argentine, où il va passer les fêtes de fin d’année, il enverra alors un message aux fans anglais : « A Paris, j’ai été mauvais. Ce n’était pas une question physique, mais morale. C’est seulement en arrivant à Paris que j’ai réalisé ce que j’avais quitté. J’ai su alors que je faisais une erreur » . A l’inverse, c’est en regardant jouer Ardiles à Tottenham que le PSG a compris son erreur.

Après la trêve internationale, place au festin !

Par Mathieu Faure

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