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  • France – Coupe de la Ligue – 1/8e de finale – Rennes/Arles-Avignon (1-0)

On était route de Lorient

Par Régis Delanoë, à Rennes
4 minutes
On était route de Lorient

Avec un peu de courage, une pointe de pugnacité et une bonne dose d’inconscience, on s’est rendu en semaine au stade de la route de Lorient assister à la moins sexy des affiches de ces 8e de finale de Coupe de la Ligue : Rennes – Arles-Avignon. Compte-rendu de la soirée.

L’hashtag #LeFootballVrai cartonne bien en ce moment sur Twitter. Il est censé valoriser ce football intemporel, où le strass et les paillettes n’existent plus pour laisser place nette aux contacts rugueux sur pelouse et aux actions inabouties de joueurs anonymes mais plein de bonne volonté. Le tout sous le regard d’une poignée de spectateurs acharnés, prêts à flinguer un soir de semaine, victimes consentantes d’un spectacle annoncé d’avance comme pénible.

Le match de ce mardi soir route de Lorient en est un bon exemple. L’affiche est vilaine, même pas retransmise par France 3 Bretagne, disputée dans un stade aux deux tiers vide, avec un bien modeste enjeu au bout : accéder aux quarts de finale de la Coupe de la Ligue. Pourtant, on perçoit un semblant d’enthousiasme aux abords de l’enceinte à quelques minutes du coup d’envoi. Guigui, Serge et Dédé par exemple, maillots rouges et noirs floqués sur le dos, ont la mine joyeuse de ceux qui s’apprêtent à entrer dans leur temple des rêves. Pendant que leurs idoles s’échauffent sur la pelouse, eux aussi s’affairent, binouze dans une main et galette-saucisse dans l’autre. L’attirail du champion. Même si Rennes reste sur trois éliminations un peu honteuses contre des équipes de rang inférieur en coupe – Reims, Le Mans et Quevilly –, on croit à fond en la qualification. L’alcool aidant, on ose même rêver de spectacle ! Puis finalement il y a ce gars qui, passant le tourniquet derrière la tribune, se décide à doucher les ardeurs en soufflant à ses potes d’un air blasé : « Pfff, je le sens pourri ce match, mais d’une force… »

Objectivement il faut reconnaître que ce mec a raison, cette partie pue la lose avant même d’avoir commencée. Toute la partie haute du stade est vide, l’entrée des joueurs est accompagnée de rares applaudissements et de pas mal d’indifférence. Même Erminig, la mascotte du club, paraît atteinte d’une sale maladie. Elle a maigri depuis la saison dernière et passe dans les rangs avec son flippant sourire permanent, sollicitant des encouragements sans trop y croire. Lors des premières minutes, rien sur la pelouse n’incite d’ailleurs la petite foule à s’exciter, les 22 acteurs proposant un jeu brouillon. Du coup, Rennes s’en remet aux coups de pied arrêtés pour marquer à la 18e : Alessandrini sur coup franc cherche sans le trouver Kana-Biyik dans la surface, mais le gardien adverse Yattara, gêné par la forêt de joueurs devant lui, laisse filer le ballon dans ses filets. But moche, mais but quand même.

M’Vila, le retour du banni

Cette ouverture du score a le mérite par la suite de déclencher quelques belles actions, enfin. Sauf qu’à la conclusion, Cheick Diarra, titularisé en l’absence de Mevlüt Erding, frôle l’indigestion de feuilles de match et provoque même quelques sifflets. Mais ce n’est rien comparé à la bonne bronca subie par Yann M’Vila lors de son entrée en jeu en début de seconde période à la place de Kana-Biyik, touché. L’ex-banni, ex-chouchou, ex-international, ex-bankable, ex-à-peu-près-tout, encaisse sans broncher et vient se placer au poste inhabituel de défenseur central, aux côtés de John Boye. Et vous savez quoi ? Le bad-boy a été bon dans ce registre pendant la demi-heure qui lui a été offerte. Vraiment. Propre et précieux, appliqué dans le placement, grattant judicieusement dans les pieds adverses quelques ballons chauds, ce qui lui a tout de même valu quelques applaudissements. C’est la belle surprise de ce match au demeurant et comme on pouvait s’y attendre assez terne dans l’ensemble. À noter tout de même quelques actions inachevées en seconde période : un poteau trouvé par Féret au retour des vestiaires, deux frappes d’Alessandrini, une de Diarra à côté, encore, et côté visiteurs une action gâchée par Dramani et une grosse patate de Rocchi boxée par Costil dans le dernier quart d’heure. La dernière occasion étant pour Rennes, Sané tout juste entré en jeu manquant son face-à-face dans le temps additionnel.

Alors qu’au coup de sifflet final retentit l’habituel « Just can’t get enough » de Depeche Mode, les spectateurs se pressent de quitter les lieux pour s’agglutiner dans les quelques troquets aux abords du stade. On y retrouve Guigui, Serge et Dédé, refaisant le match, un demi en main, la gal’sauc’ digérée. Heureux de cette qualification, tout simplement. Le football vrai.

Dans cet article :
Lyon, au carrefour de ses ambitions
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