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On était dans un pub de Manchester pour le derby

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On était dans un pub de Manchester pour le derby

Pour la majorité des Manx, le derby se joue d’abord entre quatre murs, celui de son pub. Plus simple que d’avoir une place à l’Etihad ou à Old Trafford. En plus, on peut rester debout.

Samedi 18 décembre. Sur Deansgate, c’est foule. La rue converge vers le marché de Noël, le meilleur du royaume. Une dizaine d’Anonymous évidemment masqués préfère stationner devant l’Eglise de scientologie. Mégaphone, écriteau « la scientologie tue » et distribution de tracts anti-sciento. Manchester n’est pas encore dans son derby. Scientologie toujours, le lendemain. A l’angle de Liverpool Road et Barton street – ça ne s’invente pas – sur les écrans du pub White Lion, Tom Cruise converse sur la Sky, sourire ultra-bright, un quart d’heure avant le coup d’envoi de City-Man U. La ville s’est déversée dans ses pubs. Le White Lion, c’est le rencard d’une bonne centaine de lads et d’un peu de minettes, fans de United. Les couleurs ne s’affichent pas sur les vêtements mais sur les murs. Cantona pose en buvant du champagne d’un côté, montre de l’autre son meilleur kung-fu à un supporter de Crystal Palace.


Derrière le bar, une pancarte rassure les assoiffés pointilleux : « Les verres en plastique sont 5% plus grands que nos verres normaux. Donc, en les remplissant jusqu’à la marque, on vous sert bien la mesure légale. Merci » . On rugit « kick off » au White Lion. Le derby commence. La première bière est renversée dès la 2e minute. Balotelli envoie quelques minutes plus tard une volée dans les nuages. Les ourah moqueurs des clients jusque-là un peu stressés réveillent l’atmosphère. Wayne Rooney se charge d’appuyer sur le thermostat. On saute comme au stade. Une situation qui s’avère un peu gênante pour cette doublette de pulpeuses ladies, aux grands balcons pigeonnants, perchées sur des talons aiguilles qu’on trouve toujours trop fragiles. Wayne n’est pas rassasié et envoie une deuxième galette dans les filets de Joe Hart. Le pub se détend enfin complètement et entre serein dans sa mi-temps. Tellement serein que Kieran, dehors en t-shirt pour la clope syndicale, s’envole sérieusement : « Eh ben il fait chaud en fait » . Le thermomètre oscille entre 0 et 2 degrés. Aux toilettes, c’est le chassé-croisé. Un cliché de Vinnie Jones broyant les bourses de Gazza accueille les messieurs. Sur la porte des dames, Batistuta, Zanetti, Veron, Simeone sont à l’honneur. Le quatuor forme un mur 4 étoiles, avant un coup-franc, apeuré par l’imminence de la frappe et photoshopé avec des sacs à main de bourgeoises sur les bras. Le jeu reprend et l’atmosphère se tend de nouveau, mais est bien moins silencieuse qu’en début de partie. Les insultes, essentiellement à base de « fucking bastard » , « fucking idiot » ou « fuck off you cunt » , pleuvent. L’arbitre n’arrange rien à l’heure de jeu. Moment de folie. On refuse un but – valable semble-t-il au ralenti – à Ashley Young. City remonte le terrain et Yaya Touré réduit le score, sur une passe de Tevez, particulièrement visé par les « bastard » , « cunt » ou « idiot » . Le postérieur de l’Ivoirien essuiera également quelques quolibets. Tom, dont l’acné s’est uniquement concentré sur la nuque, angoisse : « Montrez-leur que le foot, c’est pas un ballet, bordel ! » . Man City a suivi le conseil. Dans un jeu de quilles et en fermant les yeux, Zabaleta égalise, sans pirouette ou entrechats. Tom est abattu et dégaine 3-4 jabs sur le mur avant de s’accroupir, la tête dans les mains. Il reste pourtant une petite dizaine de minutes à jouer. Mais Tom n’y croit plus trop. Young et Valencia entrent dans son collimateur, à qui il reproche de ne pas jouer « in the box » . Le White Lion se divise dans les consignes de fin de match. La théorie « dans la boîte » affronte celle du « on tient la balle ! » , elle-même couverte par l’école du cri libérateur « fucking Jesus Christ ! » .


Le divin, ici, s’appelle depuis l’été Robin van Persie. Lorsque Rafael se gaufre sur un croc-en-jambe discret de Tevez, l’audience réclame d’abord le carton rouge, puis revient à l’essentiel, en appelant le buteur hollandais à la barre. Comme dans une mauvaise minute de silence au Stade de France, des « alleeez » s’échappent. Van Persie enroule, Nasri dévie un chouïa, suffisant pour rendre l’horizontale de Joe Hart trop courte. Le White Lion rugit de nouveau, dans le Fergie Time, et chante « Ro-Ro-Robin Van Persie » sur un air houblonné de Seven Nation Army. Après l’humiliation subie à Old Trafford l’année dernière, les supporters sortent index et majeur en V, à l’adresse de Mancini, dégouté sur les écrans. Dans l’euphorie, Kieran paie quelques shots. Pour lui, ce sera une téq paf’ : « Tu vois le citron, c’est parce que j’ai pas mangé de la journée » . Le pub se vide rapidement, content, dans le froid, le vent et la pénombre, à 15h30, déjà. Un mec à parka fluo un peu trop grande ilote dans la rue, tenant un panneau jaune : « Parking X-Factor à droite » . Au loin, on entend en effet des cris de jeunes filles en fleurs, sans doute face à l’entrée des artistes. Plus près, un trio de trois nanas en mini-jupes se les caille, l’une marchant en collants, les talons à la main. C’est aussi ça un Super Sunday.

Par Ronan Boscher, à Manchester // Photos : Laure Alonso

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