- PL
- Manchester/Chelsea (2-1)
On était à Old Trafford
Manchester – Chelsea, c'était le dernier choc décisif dans un championnat européen majeur cette saison. Si la décision s'est faite rapidement, l'histoire du cru de ce United 2011, elle, s'est écrite tout le week-end.
Samedi après-midi, un salon cosy dans les coulisses d’Old Trafford. Ouais, le Théâtre des Rêves. Park, Evra, Chicharito, Ferdinand et Rooney sont là, avec la banane. Pourquoi tant de beau monde à la veille du match le plus important de la saison de Premier League ? Pour répondre aux exigences de la vie de footballeur professionnel et signer des autographes à un panel de clients triés sur le volet d’un horloger de luxe (Hublot, pour ceux qui aiment le savoir-faire suisse). A quelques encablures de là, Sir Alex Ferguson, himself, papote vin et spiritueux. S’il en connait un rayon sur les Bordeaux des années 60, il esquive les questions liées au football… Tout juste lâche-t-il que les trois joueurs qu’il foutrait sur le podium du club sur ces 25 dernières années sont Giggs, Scholes et Neville. Les garants de l’esprit maison, en fait. Au vrai, Fergie est un peu chafouin. Il y a quelques semaines, il s’imaginait déjà en train de pavoiser le titre sous le bras lors ce petit gueuleton avec ses amis du groupe LVMH. Mais voilà, Chelsea est revenu dans la course. Et en ville, comme chez Ferguson, on ne transpire pas de sérénité. Le soir, au Revolution, comme dans tous les autres lieux de débauche de la ville, les fans se préoccupent plus du groupe retenu par Carlo Ancelotti que des WAGs en puissance qui se trémoussent sur le dance-floor avec le combo t-shirt/culotte/talons (parce qu’on ne peut pas appeler ça robe quand ça s’arrête en haut des cuisses). La nuit est longue.
Dimanche. Deux heures avant le match, lors de la distribution des compositions d’équipe, Patrice Evra brille par son absence. Ca emmerde un peu les journalistes français et les supporters qui ont traversé la Manche pour trouver des billets au black à plus de cent euros pièce. Soit le prix à payer pour voir l’un des buts les plus rapides de l’histoire du championnat anglais : après une poignée de secondes, c’est Javier « Petit Pois » Hernandez qui fait exploser Old Trafford. 75 000 personnes qui exultent, ça fait toujours son effet. Le hic, c’est que le Mexicain a peut-être tuer le suspense pour les 89 prochaines minutes… Car c’est un match à sens unique. Chelsea, avec un Franck Lampard toujours aussi fantomatique et un Salomon Kalou aussi léger qu’un Kinder Bueno, n’existe que par l’intermédiaire de Didier Drogba. Pour une finale de championnat, c’est peu. Vidic double la mise à la demi-heure de jeu. Les Red Devils peuvent se préparer pour la finale de Ligue des Champions, déjà sur toutes les lèvres (et sur une dizaine de t-shirts différents dans la boutique du club). Park et Valencia montrent qu’ils maîtrisent le contre à la perfection. Rooney, lui, est toujours en confiance. Il fait même un doigt d’honneur au public visiteur quand celui-ci le chambre après un coup. Des fans londoniens décidément au centre des attentions puisqu’en seconde mi-temps, Ramires les chauffe après s’être fait insulter comme un vulgaire adversaire.
Ramires peut s’estimer heureux : au moins, les supporters des Blues pensent à lui. Ancelotti, dont c’était sans doute les derniers moments à enjeu en Premier League, ne peut pas en dire autant. Il quitte l’enceinte dans l’anonymat, laissant Manchester United, probable futur champion, communier avec le stade. S’ils ont sûrement entendu parler du fameux tour de terrain d’Oddo, sacré la veille avec le Milan AC en Serie A, en moins d’une minute, les papys de Manchester ne s’y aventurent. Sans doute s’économisent-ils déjà pour l’autre finale de leur saison. Face à Barcelone, le 28 mai, à Londres.
Par Romain Canuti, à Manchester
Par