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On a lu l’autobiographie de Christian Vieri

Par Eric Marinelli
On a lu l’autobiographie de Christian Vieri

Sortie fin novembre aux éditions Rizzoli, l'autobiographie de Christian Vieri est un véritable délice. Entre retour sur une riche carrière, et confessions sur sa vie hors des terrains, Appelez-moi Bomber s'impose comme l'un des meilleurs ouvrages du genre.

Appelez-moi Bomber. Voici le titre de l’autobiographie de Christian Vieri écrite conjointement avec le journaliste de la Gazzetta dello Sport Mirko Graziano. Le terme « Bomber » n’est volontairement pas traduit ici. Car il ne fait pas seulement référence aux 259 buts en carrière de l’ancien attaquant italien, mais également à ses – très – nombreuses conquêtes en dehors des terrains. De quoi assurer un peu d’épaisseur – 250 pages – à un livre plaisant, drôle, surprenant et qui ne volera clairement pas sa place parmi les meilleurs ouvrages du genre. Car si les autobiographies de footballeur sont généralement tellement romancées qu’elles feraient passer un navet hollywoodien pour un chef-d’œuvre, ce n’est pas le cas de celle de Vieri. Bien sûr, l’histoire de Bobo est aussi un tant soit peu idéalisée comme toute autobiographie. Mais sans que cela ne déborde sur le plaisir de parcourir la vision de sa vie : de ses premiers pas de footballeur en Australie jusqu’à ceux sur le plateau de Ballando con le stelle, la version italienne de Danse avec les stars. Entre buts, déceptions sportives et amoureuses, fêtes et sexe, « l’autoBobographie » ne déçoit pas.

L’autre « fils » de Cesare Maldini

Le livre débute par une sorte de préface des « trois entraîneurs qui ont toujours cru en [lui] » . Les premières lignes sont ainsi réservées à Cesare Maldini qui a eu Bobo sous ses ordres aussi bien avec les Espoirs italiens qu’avec la Nazionale A, lorsqu’il en était le sélectionneur, de 1996 à 1998. On apprend ainsi que le père de Paolo considère Vieri comme un « autre fils » , en plus d’en faire son « avant-centre idéal » . Il n’hésite pas non plus à le comparer à Gunnar Nordahl, « le fantastique attaquant du Milan des années 50 » . Derrière les éloges de Cesare suivent d’autres compliments. De la part d’Emiliano Mondonico – l’entraîneur qui a lancé Vieri en professionnel au Torino en 1991 – et de Rosario Rampanti qui l’a lui entraîné avec la Primavera des Granata avec laquelle Bobo a d’ailleurs gagné deux titres. Le second en inscrivant un triplé en finale face à la Reggina. « Je me suis tout de suite rendu compte que j’avais entre les mains un joueur à part, avec d’exceptionnelles qualités physiques, une excellente vision du jeu, et un sens affûté du but […]. Je conserve comme une relique la vidéo de son triplé face à la Reggina » , abonde l’ancien coach de la Primavera du Toro. Une entrée en matière classique, mais réussie avant de passer au principal chapitre du livre intitulé « De l’Australie à San Siro » . Un beau programme. Et ça démarre fort. Vieri assure ainsi que c’est lui, lorsqu’il avait 14 ans, qui a forcé son entraîneur au Marconi Football Club – un club de Sydney – à le repositionner en attaque, alors qu’il n’était encore qu’un « arrière gauche qui marquait plus que les attaquants » .

L’immigré australien

On se remémore aussi pourquoi Christian, qui est né à Bologne, a grandi loin de la Botte : la carrière de footballeur de son père Roberto, surnommé Bob – d’où le surnom de Bobo pour Christian -, qui a quitté Bologne en 1977 pour tenter sa chance justement aux Marconi Stallions. Mais plus que les premiers exploits sportifs du petit Christian, on découvre surtout joyeusement ses premières bêtises comme l’habitude de faire le mur à l’école, le vol de vélos, ou encore le fait d’avoir mis le feu à la cuisine familiale en voulant se faire du pop corn. « Cette fois-là, papa Bob avait enlevé la ceinture de son pantalon pour me donner une bonne raclée » , en rigole aujourd’hui Christian Vieri. Quelques pages plus tard, on décolle pour l’Italie, où le jeune Italien considéré comme un Australien vient passer des tests et convainc rapidement tous ceux qui le voient évoluer. Il faut dire que les 5000 lires promises par son grand-père pour chaque but marqué aident facilement à motiver celui qui a alors du mal avec la langue de Dante. Puis on passe vite à ses débuts en pro avec le Torino et à ses prêts en Serie B, « une école de vie » , à Pise, Ravenne et Venise. Des pages délicieuses à propos de la partie de carrière de Vieri la plus méconnue, avec des anecdotes qui se multiplient, notamment au sujet de son coéquipier Gigi Maifredi ou du fantasque président de Pise, Anconetani. « Une espèce de monarque absolu avec droit de vie et de mort sur tous ceux qui travaillent au club. En mise au vert, il s’amusait même à cuisiner lui-même » , se remémore Vieri. Pas sûr que cela ait été aussi succulent que les lignes qui y sont dédiées.

Mercenaire et Ferrari

La Serie B expédiée, on passe au transfert de Bobo en Serie A à l’Atalanta, où il retrouve avec joie Emiliano Mondonico. Suit évidemment le passage à la Juve lors de l’été 1996, où Vieri a tapé dans l’œil d’un certain Luciano Moggi. Bobo remercie d’abord Narciso Pezzotti, l’adjoint historique de Marcello Lippi, qui lui « a fait passer un cap » , puis se souvient de sa mémorable embrouille avec Lippi à la mi-temps d’un Juve-Atalanta. « Je savais que j’avais fait une grosse connerie et j’avais eu peur d’être mis de côté » , avoue Bobo. Le temps de gagner le seul Scudetto de sa carrière, Vieri prend déjà le chemin de l’Atlético Madrid « seulement pour l’argent » , admet-il. Un choix qu’il regrette d’ailleurs quelques lignes plus loin malgré son immense saison (29 buts en 31 matchs) avec les Colchoneros. Suit le retour en Italie à la Lazio, pour une somme record à l’époque de 55 milliards de lires. Vieri y perd sur le fil le championnat 98/99, mais y remporte tout de même une Coupe des coupes. De quoi se faire un petit plaisir : une « Ferrari 550 Maranello grise, avec intérieur tout en carbone » , mais pas de quoi rester à Rome. Bobo file à l’Inter pour 90 milliards de lire. Il y retrouve Lippi et évolue surtout aux côtés d’un certain Ronaldo.

La trahison Moratti

Christian consacre près d’une cinquantaine de pages aux six années qu’il a passées à l’Inter. Le seul endroit où il est resté plus d’une saison. Tout y passe : les blessures, sa relation « faites de hauts et de bas » avec Massimo Moratti, l’élimination en tour préliminaire de Ligue des champions en 2000 face à Helsingborgs, le Scudetto 2002 perdu à la dernière journée, le départ de Ronaldo, ses sorties nocturnes, ses embrouilles avec Zaccheroni et Marco Branca « dont [il] n’[a] jamais compris comment il pouvait travailler dans le football » , sa mise sur écoute. « Je me suis posé mille questions pour comprendre le motif d’une telle crasse. Réponse ? Aucun ! » , s’emporte à ce propos Bobo qui en veut toujours à Moratti, avec qui il « pensai[t] avoir établi un lien désormais proche de la véritable amitié » . Pour ce qui est des échecs sportifs et de l’absence de titre avec l’Inter, Vieri ne se cherche pas de fausses excuses et assume ses erreurs. De même, il ne se défend pas d’être un mercenaire même s’il en donne sa propre définition, à savoir « quelqu’un qui est prêt à mourir pour des couleurs qui ne sont pas les siennes » . Christian conclut ensuite le chapitre avec son passage au Milan « la seule offre sur la table » , puis à Monaco « afin d’être sélectionné pour la Coupe du monde 2006 » – il la manquera finalement en raison d’une rupture des ligaments croisés – et sa fin de carrière avec la Fio et l’Atalanta.

« Je suis plus un homme que vous tous réunis »

Le deuxième chapitre du livre, intitulé « L’amour pour l’Azzurro » est moins conséquent en quantité, mais pas en qualité. Vieri y raconte ses aventures avec l’Italie, de l’Euro U21 remporté en France en 1994 jusqu’à l’Euro 2004 – sa dernière compétition avec la Squadra Azzurra – en passant par ses 9 buts en Coupe du monde et le millième but de l’histoire de la Nazionale inscrit lors de sa première sélection. Encore une fois, Bobo ne se cache derrière personne et assume les échecs en Coupe du monde 2002 et à l’Euro 2004 malgré certaines circonstances atténuantes comme l’arbitrage, ou le fameux nul 2-2 entre la Suède et le Danemark. Vieri se rappelle aussi de son énorme coup de gueule lors de cet Euro au Portugal contre les journalistes italiens qui l’avaient accusé d’avoir critiqué Buffon sur l’égalisation acrobatique d’Ibrahimović. Là aussi de belles anecdotes sont au rendez-vous. « Les mecs de la fédé n’avaient pas osé m’arrêter. Je me doutais qu’ils voulaient le faire, mais je m’en foutais. […] [Ma] phrase « Je suis plus un homme que vous tous réunis » a créé une tornade médiatique » , se souvient Bobo. Mais c’est surtout le troisième et dernier chapitre qui vaut le détour : « Ce que doit faire un Bomber » .

« On s’enfermait dans la loge et je faisais ce qu’un Bomber doit faire »

Il n’est plus question de pelouses ici. Enfin, si, d’une certaine façon, mais Christian délaisse là les crampons pour le costard et les virées nocturnes à la Pineta, une boîte de nuit sur le bord de la mer Adriatique dans la province de Ravenne. Bobo y raconte ses nuits endiablées ou la fête colossale organisée pour son 30e anniversaire, et confie surtout ses expériences sexuelles. « Entre deux blagues, j’arrivais systématiquement à convaincre une fille – à dire vrai même deux ou trois lors de la même soirée – de me suivre dans les loges de l’établissement où j’étais désormais de la maison » , révèle Bobo avant de poursuivre. « On s’enfermait là et je faisais ce qu’un bomber doit faire. Ça m’arrivait même de m’arrêter et de regarder la fille dans les yeux pour lui dire « Oh, on ne s’est pas présenté, salut je suis Bobo » » , s’amuse-t-il aujourd’hui. Vieri révèle aussi la présence à de nombreuses soirées d’un autre Bomber : un certain Pippo Inzaghi. Sans toutefois préciser si SuperPippo se la jouait là aussi renard des surfaces. Les anecdotes hilarantes s’enchaînent en tout cas, et Bobo n’oublie pas non plus de glisser quelques mots au sujet de ses deux grands amours, deux veline évidemment : Elisabetta Canalis et Melissa Satta (la compagne actuelle de Kevin-Prince Boateng). Pour finalement conclure le chapitre sur ses expériences de danseur à la télé. Un régal qui se dévore sans modération. Enfin, le bouquin s’achève avec émotion avec deux lettres de Bobo adressées à son grand-père disparu et à Checco, un de ses meilleurs amis, qui a également perdu la vie. Au final, le bilan s’impose de lui-même : l’autoBobographie est indéniablement un « must-read » . Et à défaut d’une version en français, une bonne raison de plus de se mettre à l’italien.

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Par Eric Marinelli

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