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Omar da Fonseca : « Quand tu rencontres des difficultés, il faut aller à l’encontre de la colère »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
Omar da Fonseca : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Quand tu rencontres des difficultés, il faut aller à l’encontre de la colère<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Consultant et commentateur chez beIN Sports depuis 2012, Omar da Fonseca a passé le cap des 60 ans l’année dernière. Une raison suffisante pour publier sa biographie Gracias a la Vida, dans laquelle le Franco-Argentin se raconte avec passion et en chanson.

Bonjour Omar, nous sommes là pour parler de ton livre, mais d’abord, rappelons que tu es l’un des commentateurs les plus aimés des Français. À quoi est-ce que cela est dû d’après toi ? Cette popularité, c’est un peu malgré moi ! L’originalité de mon accent dénote une autre manière d’entendre ce que les gens ont l’habitude d’écouter. Quand je parle, il y a cette culture sud-américaine qui ressort, à la limite du fanatisme. C’est aussi lié à notre culture de l’imaginaire qui provient des premiers commentateurs argentins à la radio : ils détaillaient tout pour nous permettre d’entrer dans un monde que nous visualisions grâce à la pensée. Je me suis nourri de cette culture, j’essaie de m’en inspirer. Le football doit être festif et fusionnel, il doit comporter des embrassades quand un but est marqué. Enfin, je suis serein sur ma projection dans l’avenir : je compte rester un consultant car cela me correspond bien. J’ai déjà un certain âge, la plus grande partie de ma vie est derrière moi.

À un moment, je suis sur le point de signer en Colombie. J’aurais pu me retrouver aux côtés du cartel de Medellín et ma vie aurait pu mal tourner. Des amis à moi sont partis là-bas, certains se sont retrouvés dans des situations très difficiles et d’autres ne sont même plus là aujourd’hui.

Très petit déjà, on t’appelait Pulgita (Petite Puce, en VF) pour ton aspect petit et chétif. Est-ce qu’on peut expliquer ta passion pour Leo par ce biais-là ? C’est vraiment une pure coïncidence, mais d’un autre côté, Messi est le joueur que l’on veut tous être à la récré de l’école car nous sommes le petit chien qui court derrière le ballon. En Argentine, tout le monde possède un surnom. Cela peut être lié à ton aspect physique, à tes origines… Comme j’étais le plus petit dans les équipes jusqu’à mes quatorze ans, les autres m’ont donné cette appellation affective, Pulgita ! Mais Messi à cette époque, il était encore dans les testicules de son papa, les spermatozoïdes n’avaient pas encore fécondé (Rires.) ! Mais heureusement qu’il est né, celui-ci !

Dans l’introduction de ton livre Gracias À La Vida, tu évoques aussi une autre passion : la langue française. Comment s’est-elle développée au cours de ta vie ? Il y a plein de petits détails dans mon apprentissage, mais le déclic s’est fait quand j’arrivais à Tours. Là-bas, le maire Jean Royer m’inscrit directement à la bibliothèque. Je l’ai regardé avec de grands yeux en me disant : « Mais il m’a pris pour un affamé ou quoi ? ». Finalement, j’y suis allé et j’ai même pu bénéficier d’un super professeur pour mieux maîtriser la prononciation des mots. Au bout d’un moment, j’ai compris que je devais aller plus loin que le simple vocabulaire lié au football sinon, tu n’as plus de jouissance personnelle ! Le français, c’est une langue rigolote. Je n’ai jamais vu quelqu’un qui dormait sur ses deux oreilles ! Quand j’entends une expression comme ça, je l’écris pour la mémoriser. Pour mon dernier anniversaire, mes enfants m’ont même offert un livre sur les expressions un peu oubliées. Ça m’amuse, j’essaie de m’en servir.

Il y a quand des tas de codes QR dans ton livre ! Pourquoi avoir choisi ce moyen d’expression ? C’est un moyen de faire entrer la modernité à travers le vivant ! J’ai voulu faire un livre où l’on peut ressentir les événements transpirer, sentir les odeurs. Dedans, il y a aussi beaucoup de chant car c’est une autre de mes passions. Joan Manuel Serrat et Mercedes Sosa font partie de mes racines et mes traditions. Le premier était un chanteur de la pampa, un peu précurseur avant le Che Guevara… En tant qu’Argentins, nous nous identifions beaucoup à ces chanteurs car nous sommes des idéalistes.

Plus tard dans l’œuvre, tu écris aussi : « J’ai beau avoir une très forte sociabilité, profondément, j’ai des moments de grosse déprime. » Tu es plein de vie, de dynamisme devant l’écran, mais à quoi ressemble Omar quand il est triste ? Tu sais, je suis dans ma soixante-et-unième année. Et dans la vie, il y a des moments plus difficiles où tu es confronté à la maladie, à la mort. Quand tu n’as plus tes parents, les racines deviennent affaiblies. J’ai rencontré des gens plutôt bienveillants envers moi, et j’ai eu la chance de me mettre du bon côté de la barrière grâce à mes choix. À un moment, je suis sur le point de signer en Colombie. J’aurais pu me retrouver aux côtés du cartel de Medellín et ma vie aurait pu mal tourner. Des amis à moi sont partis là-bas, certains se sont retrouvés dans des situations très difficiles et d’autres ne sont même plus là aujourd’hui. J’ai cette citation en tête : « l’amour est impossible, le bonheur n’existe pas, mais à part ça rien n’est grave. » Entre ta naissance et ta mort, il faut que tu puisses vivre comme tu l’entends.

Dans la première partie consacrée à l’Argentine, tu rends hommage à ta mère, Nelly Valdés que tu considères comme « la femme que j’ai le plus admirée dans ma vie ». Quelles images te reviennent en tête au moment d’évoquer ta relation avec ta maman ? Ma mère est née avec onze frère et sœurs au milieu de la campagne argentine, sans eau ni électricité. Ils n’avaient pas de jouets pour s’amuser, alors ils prenaient une bouteille et ils collaient un champignon au bout pour faire la tête. Ils partaient à l’école en marchant sept kilomètres tous les jours. Elle est allée jusqu’au CE1, et puis elle s’est arrêtée ensuite. Elle ne savait pas bien lire ni écrire, mais elle avait tellement d’amour à nous donner. Elle s’occupait de toute la cousinade pour organiser les repas de famille, et ça faisait des grands asados (barbebues argentins, N.D.L.R). N’importe quel animal sauvage qui passait se retrouvaient sur la grille ! Les poulets, les moutons… Et puis il faut le dire, la femme en Argentine part avec un handicap car c’est une société machiste. Elle doit s’occuper de tout. Ma mère était constamment dans le don. Elle invitait tout le monde à venir regarder les matchs chez nous. Je me suis identifié à cela. L’avoir ne doit pas être important, c’est l’être qui prime.

Mon grand-père était un ouvrier, il plantait des clous pour fermer des caisses à savon. Omar, c’était le prénom choisi par Faryd, son meilleur ami dans l’usine où il travaillait.

Côté masculin, c’est ton grand-père Manuel que tu considères comme l’homme de ta vie, un homme à la pensée très humaniste. Qu’est-ce que tu penses avoir gardé de lui ? Comme j’étais du quartier de Liniers à Buenos Aires, je suis devenu fan de Vélez Sársfield dès mon plus jeune âge. Mon grand frère préférait le rugby et mon père n’était pas très branché foot, alors que mon grand-père était un fan et il sentait que j’avais la fibre pour le football. À l’époque, il n’y avait pas de siège autour du stade, mais on se mettait sur le bord du terrain pour observer l’équipe. Il m’a transmis ces codes de supporters et il me protégeait quand les rencontres dégénéraient parfois. C’était un visionnaire : dans les années 1960, il nous expliquait que l’Europe allait se rassembler sous un même drapeau, que le monde finirait par s’unifier et que l’on parlerait la même langue. Un malade mental ! Bon, c’était une sorte d’utopiste. Mais mes amis d’enfance s’en souviennent encore, il nous marquait. C’était un ouvrier, il plantait des clous pour fermer des caisses à savon. Omar, c’était le prénom choisi par Faryd, le meilleur ami de l’usine où il travaillait.
À 10 ans, tu es traumatisé par l’usage du persil dans ton anus lié à des constipations successives. Est-ce que cette phobie s’est calmée ou est-elle toujours présente ?(Rires.) Ce n’était pas une phobie, mais c’est un sacré souvenir de famille car à cette époque, nous étions tous dans le même appartement. Quand j’ai commencé à avoir les symptômes, ma grand-mère m’a dit qu’un bouquet de persil était une bonne solution. Alors j’ai essayé ! Aujourd’hui, mon frère s’amuse toujours à me la raconter car ils avaient ramené ses amis pour se moquer de moi car j’avais les fesses à l’air… Un complexe peut naître au départ, mais ça se transforme en souvenir amusant avec le temps.

Tu t’es fait virer d’un collège élitiste… Quand est-ce que tu as compris que l’école n’était pas faite pour toi ? L’Argentine est une terre d’immigration, avec les arabes, les nazis, les juifs… Là, c’était une école prestigieuse où il n’y avait que des juifs. J’étais motivé à essayer de rentrer malgré mes mauvaises notes car beaucoup de monde me disait que je n’avais pas le niveau. Je suis allé à l’examen, c’était un QCM. Franchement, je crois juste que j’ai eu énormément de chance ! Mais derrière, je n’ai pas tenu dans les notes comme dans l’attitude : il fallait toujours être bien coiffé, ne pas avoir les cheveux trop longs pour toucher le col de ta chemise… C’était trop pipi-coucou !

Tu aimes bien inventer des mots aussi ? Pipi-coucou ? À la base, ce n’est pas de moi ! À beIN, ils savent que c’est mon expression favorite, mais le créateur de l’expression, c’est le boxeur argentin Carlos Monzón. Quand il est venu affronter Jean-Claude Bouttier en France, son staff lui avait dit qu’il devait au moins savoir dire « merci beaucoup ». Sauf que Monzón, ce n’était pas un enfant de cœur. Quand on lui a demandé s’il savait dire quelque chose en français avant de terminer sa conférence, il a dit « pipi-coucou » et il s’est levé.

Quand tu rencontres Liliana, ton premier amour de jeunesse, tu expliques que « la priorité des priorités reste d’abord le ballon, et après seulement, les filles ». Est-ce que tu as changé les priorités aujourd’hui ? (Il sourit.) J’aurais toujours une préférence pour le ballon ! J’essaie de passer du bon temps quand j’ai quelques jours de disponibles, et j’en profite pour aller voir mes trois petit-enfants. C’est une sensation indescriptible de les voir grandir. Quand tu as pu fonder une famille, tu passes à autre chose. En amour, je suis plutôt tranquille et apaisé de ce côté-là.

Rivelino, j’adorais tout chez lui : ses cuisses, sa frappe, son dribble agressif… Et sa moustache ! Je suis à peu près sûr qu’il avait mauvaise haleine !

Au moment où tes parents changent de domicile, vous faites un long voyage en Argentine avec ton frère Edgardo et ta cousine Martha où tu expliques avoir beaucoup plus appris de ce voyage qu’en restant enfermés dans une classe. Quelle est le meilleur souvenir de ton voyage ? J’ai énormément appris. Déjà, les routes n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui et les voitures non plus, il n’y avait pas d’air conditionné. Nous sommes allés jusque dans la Patagonie, Tierra del Fuego. C’était la première fois que je voyais des pingouins ! Et puis les heures à rouler… Quand aujourd’hui, je vois mes enfants qui habitent à Tours et qui rechignent à faire 200 kilomètres, je me dis qu’à l’époque on en faisait cinq fois plus ! Nous n’avions pas les iPad, même pas de livres. On dormait sur les routes, sans savoir où on s’arrêtait. Il n’y avait aucune information. J’ai aussi découvert l’Europe un peu plus tard grâce à un voyage de famille, c’était fantastique. Cela ne m’approchait pas du football, mais j’ai pu m’ouvrir à d’autres cultures. Dans un camping aux Pays-Bas par exemple, j’ai vu des gens qui mangeaient par terre, sans table. Je ne comprenais pas pourquoi ils ne voulaient pas s’asseoir. C’étaient des Indiens, c’était dans leur culture. À l’aéroport de Lisbonne, nos valises ont disparu… Ces expériences m’ont apporté dans le sens où j’ai accepté la différence et les galères. Quand je rentrais en cours, j’étais l’OVNI de la classe. Ma professeure d’histoire-géo me faisait passer devant tout le monde pour transmettre mes connaissances.

L’une de tes idoles de jeunesse, c’est Roberto Rivelino. Tu le vois devenir champion du monde en 1970… Est-ce qu’on peut dire que tu es tombé amoureux de ce Brésil-là ? (Direct.) Oui. C’est dans des moments comme ceux-là que tu parviens à analyser ta sensibilité pour le football. J’avais onze ans seulement, mais j’ai senti un déclic. Tout le monde parle de Pelé maintenant, mais c’était sans doute le moins bon de l’équipe ! Gérson, Tostão, Rivelino, Jairzinho… C’était des phénomènes ! Et puis ils avaient tout le temps la balle avec une capacité de création fantastique. Ils étaient de vrais manieurs de ballons, la balle était collée à leur corps. Rivelino, j’adorais tout chez lui : ses cuisses, sa frappe, son dribble agressif… Et sa moustache ! (Il touche son visage et sort les dents.) Je suis à peu près sûr qu’il avait mauvaise haleine ! C’était un joueur puissant, vif et impressionnant. Aussi, l’Argentine était absente du Mondial. La sélection n’était pas dans un football créatif à cette époque, c’était un football de voyou et néfaste dans tous les domaines.

À dix-sept ans, Maradona avait signé un contrat avec Pepsi à 20 millions de dollars ! Tu imagines ? Du coup, Diego était déjà dans la démesure : il s’était acheté quatre Ferrari de couleurs différentes. Quand il venait pour la convocation le matin, il débarquait avec sa voiture et… boum ! Il explosait le bas de caisse contre le trottoir !

En 1978, tu fais partie des espoirs argentins sélectionnés par Olé pour être le futur de la nation argentine, où figure également Diego Maradona. Pourtant, tu te décris comme un joueur « sans qualités particulières »… Comment est-ce que tu expliques cela ? Dans plein de domaines, j’étais un joueur moyen. Je n’ai jamais eu de point fort : ma frappe, mon jeu de tête, mon physique… Ce n’était pas impressionnant. J’aurais pu mieux faire, mais l’époque était aussi différente. Aujourd’hui, les jeunes de centre de formation possèdent trois pédicures, cinq ostéopathes, un centre d’entraînement parfait… Quand je suis arrivé en France pour jouer à Tours, j’avais ma valise avec des chaussures de foot que j’avais depuis trois ans ! Mais je suis très heureux d’avoir vécu cela, le football est une magnifique synthèse de la vie.

Tu as pu rencontrer Maradona lors des sélections de jeunes en 1979. C’était comment de le rencontrer et de discuter avec lui au départ ? (Il hausse les sourcils.) Diego est déjà perçu comme un phénomène à l’époque. Quand je pars dans cette détection, Maradona avait signé un contrat avec Pepsi à 20 millions de dollars à dix-sept ans ! Tu imagines ? Du coup, Diego était déjà dans la démesure : il s’était acheté quatre Ferrari de couleurs différentes. Quand il venait pour la convocation le matin, il débarquait avec sa voiture et… boum ! Il explosait le bas de caisse contre le trottoir ! La voiture était amochée… Les médias lui tournaient autour et quand tu viens de son milieu social où tu n’as jamais connu l’école, tu passes dans un autre monde tout d’un coup, ça doit te faire un choc et c’est compliqué de rester censé. Qui sommes-nous pour le juger ? Personne.

Vingt-six ans plus tard, tu retrouves Maradona à Cuba pour tourner un documentaire avec Nagui. Est-ce qu’il avait tant changé que ça dans son comportement ? Il était toujours fidèle à lui-même dans l’exubérance et la culture de l’extrême, que ce soit dans l’attitude ou au moment de donner son avis. Il était arrivé avec plusieurs jours de retard, sans se douter que tout le monde l’attendait. Et déjà dans cette période, tu sentais qu’il était dans un état second. Aujourd’hui quand je vois sa santé, cela me fait pitié. On ne peut pas dire que Diego ait modifié quoi que ce soit dans la manière de se comporter. Diego vit dans le même monde que nous, mais c’est un épicurien élevé au rang de divinité. Il faut vraiment voir la chose pour s’en rendre compte. Je me souviens avoir fait un match d’exhibition au Maroc il y a quelques années. Quand il se déplaçait en ville, c’était l’affluence dehors pour le voir au moment où il allait sortir ! En Inde, en Australie ou n’importe où dans le monde, Diego est connu comme le Che Guevara.

J’ai peut-être pris des produits dangereux, mais au moins, je ne m’enfermais pas dans le silence par rapport à ma famille.

Le 29 décembre 1979, tu deviens pro à Vélez Sársfield et vous vous qualifiez pour la Copa Libertadores dès ta première saison. Tu découvres rapidement que ton médecin t’incite à ingérer des « complément alimentaires ». Quel était ton avis sur le sujet à l’époque et est-ce que tu changes de regard par rapport à cela aujourd’hui ? Sans internet et sans source d’information pertinente, nous n’étions absolument pas au courant de ce type de traitement. Dès lors, on voyait un peu notre médecin comme une éminence. Il dégageait une grande prestance, un grand savoir. Mais dans les faits, on ne pouvait pas nier qu’il y avait déjà des choses obscures. Je ne connaissais pas réellement le degré de dangerosité, mais la machine était en route pour nous faire gagner. Gagner, c’était l’assurance d’obtenir plus d’argent. Tout ce circuit était déjà établi. Heureusement, mon grand frère et mon père m’ont permis de garder les pieds sur terre. Quand je fais le bilan aujourd’hui, j’ai peut-être pris des produits dangereux, mais au moins, je ne m’enfermais pas dans le silence par rapport à ma famille.

Ta venue à Paris en 1985 n’était pas de tout repos : tu expliques notamment que des tierces personnes issues d’un club concurrent au PSG sont venus te menacer plusieurs fois pour t’obliger à jouer chez eux… Tu leur as finalement donné 50000 francs pour qu’ils te laissent tranquille. C’était en 1985. Quel club t’avait collé la pression ? Non, je ne peux pas le dire. Si j’ai décidé d’en parler dans le livre, c’est pour que cela soit mis en lumière chez les joueurs actuels car cette méthode existe encore aujourd’hui. Ce n’était pas de la peur, mais j’ai senti des intérêts extérieurs pour que je ne joue pas pour Paris. Les agents ou autres intermédiaires sont plus intéressés par l’argent que le sportif et peuvent dépasser la limite.

Lors de ton retour dans la capitale au Paris FC, vous ne montez pas en D2 pour des raisons administratives. Sur un plan familial, ton père fait faillite avec son entreprise en Argentine, il y a le divorce de tes parents et tes relations avec ton ex-femme se compliquent. Est-ce que ce clap de fin est l’année la plus compliquée de ta vie ? (Il soupire.) En 1980, ma mère souffre du cancer du sein en Argentine. Elle subi l’ablation d’un sein et d’un poumon pour supprimer les ganglions. J’ai vingt ans, je viens d’entamer ma deuxième année à Velez. Tous les jours, je prenais ma voiture et je l’emmenais faire sa chimio… Rien que d’y repenser, ça me fait… (Omar est ému.) Et dans le même temps, ça va bien pour moi sur le plan professionnel car j’ai enfin enclenché ma carrière sportive. Chaque fois que tu rencontres des difficultés, il faut aller à l’encontre de la colère. Personne n’est intouchable, il faut simplement arriver à faire privilégier les bonnes choses sur les mauvaises. Et cela ne sert à rien de comparer la vie des uns et des autres car au bout du compte, tout le monde mange et passe par les toilettes.

En tant qu’agent de joueur, tu ramènes David Trezeguet d’Argentine pour le faire évoluer en France. Au moment de sa première convocation chez les Bleus, tu reçois un appel de Luis Fernandez qui est furieux à propos de sa non-venue au PSG… Tu expliques qu’il « n’a jamais digéré cette histoire ». Aujourd’hui quand vous vous croisez à beIN, vous avez fait la paix sur ce sujet tous les deux ? (Rires.) Oui, nous en avons déjà reparlé plusieurs fois ! Mais entre les égos, les influences et les idées autour d’un club comme Paris, c’est difficile de démêler la véritable raison de ce transfert manqué de Trezeguet à Paris. J’avais proposé le joueur à Michel Denisot, mais je ne sais pas quelle personne a pris la décision de ne pas recruter David. J’étais sans cesse renvoyé vers quelqu’un d’autre pour savoir s’il allait signer ou non… Toujours est-il que je devais lui trouver un club, donc je l’ai amené à Monaco. Derrière, nous nous sommes revus au restaurant pour éclaircir tout cela car il s’est senti visé. Luis n’aime pas les reproches, c’est comme quand tu lui dis qu’il n’a pas fait jouer Ronaldinho. OK, mais tu ne le faisais pas jouer quand même !

Quand tu deviens directeur sportif à Saint-Étienne à partir de 2005, c’est aussi toi qui repère Javier Pastore à Talleres et tu dois le revendre à contre-cœur… Quelle était ta réaction au moment où tu l’as vu s’engager au Paris Saint-Germain à l’été 2011 ? Je l’ai pris de manière très froide en me disant que ce n’est que dans le football que tu peux voir des choses pareilles. Nous avons laissé Pastore repartir en Argentine pour un euro symbolique alors que balle au pied, je le trouvais extraordinaire ! Derrière, il fait deux ans magnifiques en D2 à Huracán, et Palerme va l’acheter 8 millions d’euros. C’est le seul secteur économique que je connaisse où une telle différence financière est possible. Quand on en reparle avec le président Caïazzo, on relit le rapport que nous avions écrit. Et les choses étaient claires : ses tests physiques et sa capacité à franchir les paliers n’étaient pas terribles. Il fallait prendre une décision à un instant donné.

Mon père, mes deux oncles et mon grand-père sont tous morts à 73 ans, donc je me dis que j’ai encore douze ans à tirer au maximum.

En 2016, tu pars faire un voyage avec François Hollande, président de la République française, pour aller rencontrer le président argentin Mauricio Macri, ancien dirigeant de Boca. C’était quoi l’intérêt de te faire venir là-bas ? À la base, c’était un voyage diplomatique très organisé avec un comité pour se rendre à Lima, Buenos Aires et Montevideo. Ils avaient besoin de personnes avec une double nationalité et le cabinet a pensé à moi, je ne comprenais pas pourquoi ! Nous avons rendu visite aux ministres de l’agriculture, l’école française de Lima, le monument des disparus en Argentine… Pour nous c’était tranquille, mais le président et les ministres bossent ! On était les bouffons qui applaudissaient pour les féliciter (Rires.) À Buenos Aires, j’ai fait venir mes meilleurs amis d’Argentine pour qu’ils puissent aussi en profiter. Dans l’ensemble, ça s’est plutôt bien passé. François Hollande est même venu avec sa femme à mon anniversaire dans l’hippodrome de Saint-Cloud l’année dernière !

À 60 ans, comment tu te vois à la retraite ? Le seul mec qui me fait peur, c’est le médecin. Je ne vais jamais le voir et j’essaie d’être au top : je ne fume pas, je ne bois pas, j’essaie de manger normalement… Si un jour on m’appelle (il lève les yeux au ciel), j’irai ! Mais faire l’examen de la prostate, jamais de la vie ! Bien sûr, je n’ai pas envie de partir, mais je sais que ça va arriver un jour. Mon père, mes deux oncles et mon grand-père sont tous morts à 73 ans, donc je me dis que j’ai encore douze ans à tirer au maximum. En Argentine, j’ai encore quelques vaches et des poules à Olavarria, c’est notre maison de vacances familiale. J’ai envie d’y aller jusqu’à ce que ce soit possible. Mais en France, j’ai aussi mes enfants, mes petits-enfants. Tout est installé ici, c’est là que je me sens le mieux.

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