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Omar Belbey : « On finissait les matchs en vomissant »

Propos recueillis par Raphaël Gaftarnik
Omar Belbey : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On finissait les matchs en vomissant<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ecker, Jeunechamp, Ramdane, Pérez... Lors de la saison 1995-1995, les Crocodiles du Nîmes Olympique réalisent un parcours hors du commun en Coupe de France, au point d'atteindre la finale contre l'AJ Auxerre. Retour sur cette aventure avec le buteur nîmois en finale, Omar Belbey.

La saison 1995-1996 est une saison un peu particulière pour Nîmes. Vous venez de descendre en National et la plupart de vos cadres sont partis. Comment le groupe s’est reconstruit ?

Mis à part Sence et Bochu, on était une bande de jeunes. Ça me fait bizarre de reparler de ça, car c’était une bande de copains, on avait l’impression qu’on était tous au lycée, qu’on jouait au foot. C’était de la camaraderie à l’état pur. C’était un mélange de fougue et d’expérience. Après, il y a Christian Pérez qui nous a rejoint en milieu de saison. Il était là pour nous tempérer. On lâchait les chevaux et c’était un peu du « hourra football » . On avait la santé et l’énergie, et les plus anciens avaient l’expérience. La sauce a bien pris en Coupe de France.

Pourtant, vous êtes rapidement en difficulté en championnat, et vous passez les tours à l’arrache en Coupe de France…

C’est paradoxal dans la mesure où, en Coupe de France, on joue les premiers tours contre des équipes pas évidentes du tout, mêmes compliquées, parce qu’elles voulaient se farcir le Nîmes Olympique. Et puis ensuite, quand on joue face à Saint-Étienne, Strasbourg, Montpellier, on donnait tellement d’énergie qu’on arrivait cramés en championnat. Et tout le monde voulait battre le Nîmes Olympique qui venait d’éliminer le gros. Au début pour les premiers matchs, notamment à Lunel, ça a été tiré par les cheveux. À dix minutes de la fin, on perd 2-0 contre une équipe de DH et c’est Dalmao qui nous sauve la mise en marquant à la 82e, puis un but dans les arrêts de jeu. Et on gagne 3-2 en prolongation. Après, on va jouer à Castelnau le Crès, on se qualifie à la 93e. Ensuite à Sète, c’est match à couteaux tirés. Les premiers matchs ont été vraiment compliqués, mais Barlaguet (l’entraîneur, ndlr) a su trouver la bonne méthode.

C’est-à-dire ?

Il maîtrisait son sujet (rires). Il savait qu’on était des jeunes loups. Sur le terrain, on donnait tout. On est plusieurs à avoir fini les matchs en vomissant tellement on avait donné. Déjà moi, pour commencer ! (rires) On ne faisait aucun calcul. Je me souviens de Jeunechamp qui passe à côté de moi et qui me dit « Ça va, t’as pris un coup ? » Non, j’étais juste en train de vomir (rires). Avec Cécé, c’est une longue histoire, on jouait ensemble, on dormait dans la même chambre, on faisait les cons ensemble. Des trucs de gamins. Le soir d’Halloween, on passe au Mac Do et ils nous filent des masques en cadeau. On part en voiture et on faisait peur aux petits vieux qui passaient. Fallait être costaud pendant les matchs et après !

Au-delà de cette bande de potes, y a-t-il eu un déclic lors de votre parcours ?

Quand on s’est qualifiés après Strasbourg en quarts, on s’est dit qu’il restait Marseille, Auxerre et Montpellier. On voulait absolument que ce soit Montpellier, pour le derby, l’extra-football. Le tirage au sort a fait notre bonheur. Montpellier est venu jouer à Nîmes et pour eux, ça a été un mauvais dimanche après-midi. Ils étaient en pleine bourre et le tirage au sort a fait que c’était du pain béni.

En plus, Nicollin vous excite en disant qu’en cas de défaite, ses joueurs « rentreront à pied jusqu’à Montpellier » .

La source de motivation était déjà là, et les déclarations de Nicollin n’ont fait que l’accentuer. À l’époque, Barlaguet a dû nous tempérer, parce que le match, on l’a joué 250 fois avant d’entrer sur le terrain. Ça a décuplé notre motivation. Je ne me souviens d’ailleurs pas d’un discours particulier de Barlaguet ce jour-là, je crois que la discussion avait duré 5 ou 10 minutes, histoire de mettre l’équipe en place sur le tableau. Il avait juste découpé l’article du Midi Libre où Nicollin avait envoyé la braise et puis il l’a accrochée. Il a dit : « S’il y en a qui sont pas motivés, qu’ils viennent lire ça » .

Du coup, vous attendiez particulièrement ce match ?

Christian Pérez était comme un fou juste avant la demie. On avait tellement envie de jouer ce match qu’on sautait partout à l’échauffement. Et là, il nous dit « Putain, les gars, on joue une demie de Coupe de France, vous vous rendez pas compte. » Et nous, on lui disait : « Mais Pépé, tranquille, ça va, on va gagner aujourd’hui et tu feras ta première finale de Coupe de France ! » Lui : « J’ai fait Marseille, le PSG et là, je me retrouve avec une bande de petits cons. » (rires) Pépé, c’était la sagesse. S’il n’était pas là, on serait partis la veille sur le terrain pour jouer le match.

Finalement, vous remportez ce match. Comment cela s’est passé sur le terrain ?

Mentalement, on était deux niveaux au-dessus. Quand les gars de Montpellier nous ont vu entrer sur le terrain, franchement, je n’aurai pas aimé être à leur place. On avait une équipe de tigres. Quand il y en avait un qui se faisait passer, l’autre arrivait derrière… On a joué très très dur contre eux ce jour-là. Ça a d’ailleurs été un match référence pour l’année d’après. On avait des garçons qui revenaient de loin. C’était compliqué de venir nous retirer le pain de la bouche. Ils ne nous ont pas dit qu’ils avaient peur de nous, mais on pouvait le voir dans leurs yeux et le lire sur leurs corps (rires). Il y en a qui ont chargé, c’est clair !


Après une saison précédente difficile et vos difficultés en championnat, vous parvenez en finale contre Auxerre. Comment était l’ambiance à Nîmes à ce moment-là ?

C’était la feria avant l’heure. Tout était décuplé à tous les niveaux. On devait avoir 300-400 spectateurs à l’entraînement, on avait les médias. On était contents de tout ça, ça nous changeait du train-train. De profiter de tout ça au quotidien, des gens qui nous arrêtait en nous disant « on compte sur vous » , c’était jouissif. À l’époque, on ne jouait pas pour l’argent. J’avais échangé mon maillot contre un Montpelliérain en lui demandant qu’elle serait sa prime s’ils allaient en finale. Il m’avait dit 150 000 francs. Nous, on jouait pour 3 820 francs. Et puis, le public à Nîmes, c’est costaud. Quand j’ai signé à Montpellier, j’y suis revenu, je comprenais pourquoi c’était difficile pour les équipes en face. Si on avait joué la finale à Nîmes, je pense qu’on aurait fait un autre résultat.

En finale, vous menez au score, Laurent Blanc égalise, puis Laslandes donne le titre à Auxerre. Nourrissez-vous des regrets sur ce match ?

On avait attaqué le match tambour battant, car on savait qu’en face, c’était la grosse équipe d’Auxerre. Guy Roux avait supervisé notre match de Montpellier avec son adjoint. Après, ils ont compris qu’il fallait qu’ils soient patients, qu’avec le temps on baisserait de pied. Mais jusqu’à la dernière demi-heure, ils n’ont rien fait. D’un point de vue perso, je pense que la logique a été respectée, on a représenté fièrement nos couleurs, mais on a été là où on devait aller, perdre contre le futur champion de France après avoir fourni une belle prestation. J’aurais été déçu qu’on prenne une ribambelle.
JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Propos recueillis par Raphaël Gaftarnik

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