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OL-OM : quoi de neuf en pointe ?
Ce dimanche, Lyon et Marseille disputent leur premier duel de la saison. Une opposition attendue au Groupama Stadium, entre deux équipes loin d’être convaincantes. En crise de résultats, l’OL et l’OM payent surtout un manque de réalisme criant dû notamment à une attaque en berne. Mais alors, peut-on gagner sans vrai buteur ?
Au coup d’envoi de ce choc entre outsiders, le bilan offensif affiché par Lyonnais et Marseillais n’est que trop peu reluisant. 21 buts marqués pour les uns, 20 pour les autres et des chiffres figés aux sixième et septième rangs des meilleures attaques du championnat. Loin du festival de pions annoncé en préambule de cet exercice 2021-2022, ces données respectives traduisent surtout la panne générale rencontrée par les préposés aux coups de canon.
En quête de but
Dans le Rhône ? Moussa Dembélé, Islam Slimani et Tino Kadewere incarnent un secteur au sein duquel l’efficacité tarde à se matérialiser. Il faut dire qu’entre les blessures (dix-huit matchs manqués à eux trois) et les choix de Peter Bosz, le champ des possibles s’est considérablement réduit. « Dans notre système, l’avant-centre court beaucoup avec ou sans le ballon, précisait le Néerlandais, en conférence de presse. Avec Moussa et Islam, on a deux bons attaquants, et Moussa compte beaucoup pour l’équipe. » Le classique, mais amovible 4-3-3 du technicien ne laisse effectivement place qu’à un seul attaquant de métier. Revenu d’un prêt hivernal à l’Atlético de Madrid, Dembélé a vite séduit en inscrivant quatre buts et en délivrant une passe décisive en six matchs. Mais ça, c’était avant une cascade de pépins physiques allant de simples problèmes musculaires à une lourde fissure au tibia.
Et quand la machine s’enraye, les places se raréfient. Pour le remplacer, Kadewere et Slimani ont donc logiquement eu fort à faire. Titularisé une seule fois (contre l’OGC Nice) et apparu six fois, le Zimbabwéen n’a pas vraiment marqué de points lors de ses entrées. Ce dernier en aura même perdu, au terme d’une expulsion face aux Aiglons en point d’orgue d’un après-midi catastrophique (défaite 3-2, après avoir mené 0-2 à dix minutes de la fin). Concernant l’ancien du Sporting, la donne – bien que maigre – semble différente. Joueur de devoir assumé, Slimani tente de remplir tant bien que mal ce rôle de prétendu joker depuis deux mois. Buteur face à Brest lors de la première journée, l’attaquant de 33 ans a cependant dû patienter jusqu’au 4 novembre dernier et un doublé face au Sparta Prague en Ligue Europa afin de faire trembler les filets.
Milik, mi-raisin
Une problématique réelle, dont l’Olympique de Marseille tente à son tour de se défaire. Absent durant quatre mois et revenu sur le pré le 30 septembre, Arkadiusz Milik incarne à lui seul la frustration phocéenne. Attendu en garant offensif du système Sampaoli, le Polonais peine pourtant à donner satisfaction aux virages du Vélodrome. « Quand on manque autant de matchs que Milik, il devient compliqué de devoir systématiquement se réadapter aux changements tactiques, analyse Éric Roy, ancien pensionnaire des deux formations. À chaque retour de blessure, un joueur doit attendre l’équivalent du nombre de rencontres manquées pour reprendre un niveau optimal. Mais quand c’est aussi récurrent que lui, il devient quasi impossible de garder de la constance. » Ralenti par les blessures et en manque de confiance, Arek coince avec un seul but marqué depuis son retour malgré des occasions à la pelle (en témoignent ses deux dernières sorties, face à Metz et la Lazio).
Afin de pallier ces lacunes passagères, l’OM s’en est dès lors remis à sa jeune garde. Seule véritable option poste pour poste, Bamba Dieng a essayé de tenir la barre en entame de campagne. Auteur de trois buts et d’une passe décisive lors de ses trois premières titularisations en championnat cette saison, l’enfant de Diambars s’est révélé être un élément de choix dans la rotation marseillaise. Des performances notables, que le retour de Milik n’aura malheureusement pas permis de pérenniser.
KTE au RDV
Le terminal offensif en panne, le faux numéro 9 devient alors une arme de repli. « Bosz a prévu plusieurs plans de jeu, pour faire face à ces difficultés, avance Eric Roy. Lorsque l’on voit la capacité d’adaptation à ce poste de Paquetá et de Toko-Ekambi, qui reste malgré tout un attaquant, ça évoque une réelle préparation faite en amont. » Car à Lyon, Lucas Paquetá et Karl Toko-Ekambi symbolisent à merveille ce « plan B » ultra-fonctionnel. Critiqué depuis son arrivée, KTE s’est depuis l’automne mué en indispensable. Au point d’être l’actuel meilleur buteur du club, avec 10 buts en 17 apparitions. Positionné en ailier, l’international camerounais ne fait pas de son couloir une priorité, lui qui « n’hésite jamais à se réaxer sur son pied droit comme à Nice », indique l’actuel consultant sur RMC Sport. Un style modulable à la verticale, pour l’un des seuls joueurs rhodaniens capable d’apporter de la profondeur à un collectif où créateurs et passeurs ont la part belle.
Un registre dans lequel s’inscrit dès lors la clé de voûte lyonnaise, Lucas Paquetá. Homme de base du collectif, le milieu de terrain est devenu un pendant offensif de premier ordre. « Paquetá est clairement le relais principal de l’attaque voulue par Bosz, souligne Éric Roy.Au-delà du simple fait de se projeter, il permet à un 4-3-3 de se transformer en éventuel 4-5-1 avec lui en faux numéro 9 et Toko-Ekambi qui complète la ligne du milieu sur les ailes. » Les six buts de l’ancien Milanais mettent surtout en lumière sa participation à l’animation, loin d’un simple rôle de relayeur. Un rendement sérieux qui n’est pas sans rappeler celui de Memphis Depay, devenu au fil de ses années gones un attaquant 2.0. Roy, encore : « Ce schéma visant à jouer avec de faux numéros 9 s’est démocratisé ces dernières années, on l’observe le plus souvent avec Guardiola à Manchester City, et beaucoup s’en sont inspirés. Jorge Sampaoli en est l’un des adeptes, il n’hésite pas à le faire avec Dimitri Payet. » Le neuf et demi de référence.
La place des créateurs
À l’OM, le début de campagne coïncidait en effet avec l’état de forme d’un Payet à l’efficacité retrouvée. Fort de ses sept pions en faisant le meilleur artificier marseillais, le meneur de jeu en a notamment inscrit cinq dans cette position d’avant-centre qu’il aura connu à autant de reprises. Un bilan partagé avec Cengiz Ünder, feu follet sur courant alternatif. L’ailier (cinq buts) s’est également mué en bouée de sauvetage d’une équipe aux performances disparates. Des résultats viables qui contrebalancent l’insuffisance actuelle de quelques éléments, à l’image d’Arakdiusz Milik ou Luis Henrique donc, et de l’essoufflement de certaines satisfactions estivales comme Konrad de la Fuente.
« Ces problèmes d’attaquants peuvent, à terme, devenir plus inquiétants à Marseille, note Éric Roy. Payet et Ünder ont su suppléer les absents, mais depuis que leur rendement a baissé, on voit que l’OM peine à obtenir des résultats. À Lyon, les solutions sont plus nombreuses. Outre Toko-Ekambi, Paquetá et Slimani, qui est très performant lorsqu’il a du temps de jeu, on voit qu’Aouar se remet également à marquer. Les options et les certitudes sont un peu plus solides, du côté de l’OL. » Au Groupama Stadium, les lignes d’attaques seront donc scrutées avec attention. Des lignes à même de ramener aux bons souvenir d’un magnifique 5-5 de 2009, ou à celui d’un triste 0-0 d’hiver.
Par Adel Bentaha
Propos d'Éric Roy recueillis par AB.