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OL-Juvisy, la guerre des mondes

Par Yann Bouchez
OL-Juvisy, la guerre des mondes

Deux clubs qui dominent le football féminin depuis vingt piges. Lyon et Juvisy, figures de proue de la D1, se retrouvent à Gerland ce samedi pour le dernier match aller du championnat. A mi-parcours, contre toute attente, le suspense est l’invité de la compétition. Et si c’était ça, un Clasico ? Plus qu’un duel entre cadors, la rencontre s’annonce comme l’affrontement entre deux visions du football féminin. Explications.

N’est pas Nostradamus qui veut. Les adeptes des prédictions, même les plus prévisibles, doivent souvent faire acte de contrition, une fois leurs pronostics démentis. Mais faire son mea culpa n’est pas forcément désagréable. L’exercice peut même se révéler réjouissant, dans certains cas. Fi de la mauvaise foi des Elizabeth Tessier and Co, reconnaissons donc nos torts : non, le championnat de D1 féminine n’est pas plié. Loin de là. Pourtant, début octobre, après les fessées administrées par les Lyonnaises à Vendenheim (0-10) et contre Hénin-Beaumont (9-0), l’affaire semblait entendue. Circulez, y aura rien à voir ! L’OL, auréolé de son titre de champion d’Europe, paraissait beaucoup trop fort pour être contesté dans l’Hexagone. Les quintuples championnes de France allaient donc devoir attendre le printemps pour goûter aux joies de matchs serrés contre les grosses écuries continentales. Aujourd’hui, Lyon n’est pas leader. Et Juvisy, qui lui fait la nique depuis le début de saison, s’invite ce samedi à Gerland pour l’ultime match de la première partie de saison.
A priori, le voyage s’annonce tout de même bien périlleux pour les Juvisiennes, un point d’avance sur leurs adversaires. Les Lyonnaises, même si elles ne sont « que » deuxièmes, écrasent le championnat. Avec 64 buts inscrits et un seul encaissé, les joueuses de Patrice Lair possèdent à la fois la meilleure attaque et la meilleure défense. Tenue en échec par Montpellier et le PSG, l’OL reste la seule équipe invaincue du championnat. Bref, Lyon reste ce qui se fait de mieux en termes de jeu et présente un profil de champion. Juvisy pour sa part se contente de victoires plus modestes, mais avec une régularité impressionnante. Seul bémol : les joueuses gardent un mauvais souvenir de leur dernier voyage en train en Rhône-Alpes et de leur unique accroc à Saint-Étienne (4-0). A priori donc, il faudrait plutôt parier sur une victoire lyonnaise. Mais plutôt que de retomber dans le vain piège des paris, mieux vaut se concentrer sur l’affiche. Car celle-ci a de quoi faire saliver. Et pas que sur le terrain.
Contrats fédéraux et primes de 100 euros
Lyon-Juvisy, c’est d’abord un choc entre deux mondes. Côté Rhône, une approche professionnelle depuis que le FC Lyon est devenu l’OL féminin et que Jean-Michel Aulas a décidé d’y mettre quelques sous. Les joueuses, bénéficiant de contrats fédéraux, se consacrent entièrement à leur sport. Dans l’effectif, à côté des internationales françaises – Sonia Bompastor, Wendie Renard, Camille Abily, Eugénie Le Sommer, Elodie Thomis et consœurs – on trouve une Costaricienne (Shirley Cruz), une Brésilienne (Rosanna dos Santos), une Suisse (Lara Dickenmann) et une Suédoise (Lotta Schelin). Et, aux postes clefs, des hommes : Jean-Michel Aulas en président bienfaiteur, Patrice Lair en exigeant entraîneur.
Côté Juvisy, on n’a pas pris encore le tournant du professionnalisme emprunté par Lyon – mais aussi, dans une moindre mesure, par le PSG, Montpellier ou Saint-Étienne. Les filles continuent donc d’aller au boulot avant de se rendre à l’entraînement le soir. Avec des primes de 100 euros en cas de victoire le week-end. Pas vraiment possible de leur offrir plus avec un budget annuel de 300 000 euros, environ dix fois moins que celui des Lyonnaises. Le club se limite donc à recruter au niveau national, avec une Canadienne comme unique touche d’exotisme. Aux manettes des banlieusardes, deux femmes : Marie-Christine Terroni à la présidence et Sandrine Mathivet sur le banc.
Étincelles, « valeurs » et transfert avorté
Depuis quelques mois, la cohabitation de ces deux planètes provoque des étincelles. Après la victoire de Juvisy face au PSG, le 6 novembre dernier, Marie-Christine Terroni s’est laissée aller à une spéciale dédicace : « Cette victoire est pour Patrice Lair, qu’il voit qu’à Juvisy, on gagne avec nos valeurs. » Pas vraiment du Loulou Nicollin niveau violence verbale, mais quand même une pique directe en direction de l’entraîneur rhodanien. Début septembre, la présidente indignée avait fustigé les « méthodes de voyous » des dirigeants lyonnais. Pourquoi ? Parce qu’à la fin de l’été, Lyon avait jeté son dévolu sur l’attaquante de Juvisy, Laetitia Tonazzi, lui proposant un contrat pour venir taper la gonfle entre Saône et Rhône. Un transfert finalement avorté grâce aux/à cause des particularités du football féminin : Tonazzi étant amatrice et ayant déjà disputé un match de la saison avec Juvisy, elle n’aurait pu prétendre au statut professionnel et jouer avec l’équipe première de Lyon en championnat.
Si le transfert n’a pas eu lieu, l’épisode a ulcéré les Franciliennes. Lyon serait un ogre friqué et dénué de principes. Patrice Lair, lui, s’est défendu à sa manière face aux charges de Marie-Christine Terroni – qualifiée de « petite personne dans le monde du football » sur le site une-deux.net – en plaidant l’ignorance du règlement. « On n’a pas compris qu’on ne pouvait pas recruter une fille qui avait déjà joué un match. (…) Lorsque Juvisy était tout en haut, il recrutait à tout va » , relativise-t-il. Plus constructif, il donne sa vision du football féminin : « L’avenir, c’est la structure professionnelle. » Avant de conclure par cette sentence définitive : « De toute façon, si le football (féminin) se professionnalise, Juvisy disparaîtra. »
Au-delà des attaques personnelles et des caricatures transparaît finalement un vrai débat sur l’évolution du football féminin. L’essor de la professionnalisation, encore balbutiante chez les filles, est-il la seule voie à suivre ? Les clubs féminins de haut niveau peuvent-ils rester amateurs ? Comment ne pas reproduire les excès observés dans le foot masculin ? Sans renier à Lyon son rôle indiscutable de locomotive de la discipline, il est aussi possible de se réjouir du fait qu’un club comme Juvisy arrive encore à titiller l’OL. Et offre ainsi un suspense – Montpellier, troisième, reste aussi à l’affût – dans une D1 qui en manquait cruellement.
Quel que soit le résultat de la rencontre de ce samedi, les interrogations sur l’avenir du foot féminin ne seront pas définitivement tranchées ce week-end. Mais sur le terrain, l’opposition promet, entre deux des plus belles équipes françaises de ces vingt dernières années – les deux clubs ont trusté 14 titres de champion de France depuis 1991. Juvisy, qui a su rentabiliser sa non-qualification en Ligue des champions pour se concentrer entièrement à la scène nationale, ne part clairement pas favorite. Les Lyonnaises, elles, souhaiteront montrer qu’elles possèdent toujours une grosse marge d’avance sur leurs rivales. Et que le classement actuel n’est qu’un trompe-l’œil. Réponse en fin d’après-midi sur France 4.

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Par Yann Bouchez

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