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Ode à Vágner Locks
Cet après-midi, les dreads du Lillois Eder vont croiser le crâne presque lisse de Vágner Love, ultra connu pour ses anciennes tresses colorées. Malheureusement, le Monégasque a décidé de les abandonner. Ce qu'il n'aurait jamais dû faire. Parce qu'on aime les joueurs à dreadlocks.
Depuis qu’il est arrivé dans le Nord de la France en provenance de Swansea cet hiver, Eder se fait remarquer. Par ses quelques buts, oui, mais pas que. Parce que sur les terrains de Ligue 1 et sous le maillot de Lille, l’attaquant ne passe pas inaperçu. À cause de son mètre 88 ? Pas vraiment. Pour son mystérieux gant blanc porté lors de la confrontation contre Rennes ? Non plus. Non, ce qui permet aux supporters de le reconnaître, c’est cette touffe assumée et rangée soigneusement en queue de cheval. S’il la laissait libre et avait la bonne idée de la colorer, il ferait même carrément penser à un de ses adversaires du jour. Vágner Love, évidemment.
Si l’expérimenté attaquant monégasque, du haut de ses 31 ans, préfère désormais faire dans le sobre avec une coupe totalement banale, l’image de ses fameuses tresses bleues lui collent à la peau chez ceux qui ont déjà vu le garçon marquer un but par le passé.
Véritable marque d’identité du buteur, sa coupe capillaire a longtemps été le critère prépondérant pour pouvoir le repérer sur une pelouse. Outre l’aspect esthétique (mis de côté ici), quelques questions restent en suspens à ce sujet. Pourquoi a-t-il abandonné cette coiffure ? Et a-t-il eu raison ? « Je perds un peu mes cheveux, a-t-il tenté, sans convaincre. J’ai gardé les tresses longtemps. Mais ça devient de plus en plus difficile. Ma femme aime ma nouvelle coupe, moi aussi. » Car contre toute attente, de nombreux exemples de joueurs – plus attachés à leurs dreads qu’on ne peut le croire – peuvent donner de réels éléments de réponse.
Coups de dreads et mental
D’abord, soyons clairs : couper ses locks est une connerie.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles peuvent être une arme lors d’une rencontre, un détail physique qui peut embêter bien des adversaires. La preuve dans les propos de Marco Simone : « Quand je jouais avec Gullit au Milan, ses cheveux, c’était l’enfer. Il mettait des coups de dreads aux adversaires dans les duels aériens. Même avec nous à l’entraînement, d’ailleurs. Et sans blaguer, ça faisait mal ! » Or, on n’a encore jamais vu un arbitre siffler une faute pour coups capillaires. Eder pourrait ainsi s’en inspirer en abandonnant le chignon, laissant à ses longs poils la possibilité d’exaspérer certains défenseurs.
Ensuite, le footballeur à dreads a une relation particulière avec ses cheveux. Et décider de les balancer à la poubelle pourrait jouer au niveau mental.
Anderson, l’ancien milieu de Manchester, en a fait l’amère expérience. En 2010, alors que lui et sa longue tignasse bien brossée sont encore considérés comme un espoir destiné à devenir le patron des Red Devils, le Brésilien prévient : « Mes cheveux, c’est ma vie. Si tu me les coupes, c’est comme si tu m’arrachais le cœur ou que tu me coupais les jambes. Je pleurerais pendant des jours. » Un an après cette déclaration, Anderson se taille les tifs. Une première depuis ses 16 ans. La suite, on la connaît : le joueur de United opte pour une crête d’un goût douteux, mais ne met plus un pied devant l’autre, est prêté sans succès à la Fio et repart dans son pays natal dans la plus grande indifférence. Si Vágner Love parvient toujours à marquer des buts sans ses tresses, des signes indiquent déjà son déclin. En témoigne son penalty raté face à Bordeaux. Il n’y qu’a prendre le cas Davids pour confirmer la chose. Fidèle à ses rastas pendant toute sa carrière, le pitbull a tapé la balle jusqu’à ses 40 ans. Sans un pet’ de jeu.
Excuse bidon
Enfin, les justifications des joueurs expliquant pourquoi ils avaient jeté leurs locks à la benne sont toutes plus foireuses les unes que les autres. Alex Song, par exemple. S’inspirant de son cousin Rigobert connu pour ses dreads qui l’accompagnent encore, le Hammercommence à faire pousser ses tresses. La longueur acceptable atteinte, le Camerounais prend les ciseaux. La raison ? « J’étais à la maison et ma femme m’a dit :« Tu dois changer, car quand je regarde les matchs, je vois trop de joueurs avec des dreadlocks. » (…)C’est pourquoi j’ai opté pour quelque chose de différent. » Ridicule.
Mais c’est encore pire pour Adebayor.
Quand il quitte Manchester City pour le grand Real Marid, l’ancien Monégasque se rase. « J’ai eu des rastas durant trois saisons, développe-t-il. Quand j’ai appris que je jouerais à Madrid, j’ai tout de suite su que je devrais me les couper. Je ne me voyais pas réussir ici avec elles. Cette coupe de cheveux n’est plus adéquate pour une institution comme le Real. » Un discours franchement bidon, surtout quand on sait que le Togolais n’est finalement resté que quelques mois en Espagne. Autant de raisons à ranger en faveur du port des dreadlocks. Voilà pourquoi Eder ne doit surtout pas prendre exemple sur son aîné. Qui restera toujours, dans l’imaginaire commun, Vágner Locks.
Bruno Genesio pourra compter sur le retour de plusieurs cadres à MarseillePar Florian Cadu et ses dreads