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Neymar accusé d’homophobie : le footballeur doit-il être un exemple ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Neymar accusé d’homophobie : le footballeur doit-il être un exemple ?

Neymar est donc sous le coup, au Brésil, d’une plainte pour homophobie. Les fans du joueur, et ses avocats peut-être, vont sûrement arguer, en minimisant, du caractère privé de ses propos ou relativiser leur portée à l’échelle d’insulte ordinaire sous le coup de la colère. Mais impossible d’oublier qu’au regard de sa stature, aussi bien au pays qu’en France via le PSG, cette procédure judiciaire et son motif auront des conséquences bien au-delà du drama d’un banal règlement de compte familial digne d’une telenovela.

Le point de départ va peut-être rappeler de mauvais souvenirs à la FFF et une certaine vilaine histoire de quotas via un enregistrement en douce. Une captation audio d’une conversation entre amis de l’attaquant vedette du PSG a en effet fuité dans la presse. Neymar y parle fort peu élégamment, et de manière très imagée, de Tiago Ramos, un mannequin de 22 ans qui entretient une relation devenue publique avec sa mère Nadine Gonçalves, 52 ans. Son nouveau « beau-père » , dont la bisexualité a fait couler beaucoup d’encre dans la presse à scandale brésilienne, bénéficie d’un festival tristement habituel d’insultes homophobes : « petit pédé », « enculé »… Un des proches du buteur de la Seleção y va même d’un très technique « mettre un balai dans le cul ». Un activiste LGBT brésilien, Agripino Magalhães, a dans la foulée de ces révélations déposé une plainte pour « crime d’homophobie et incitation à la haine ». Voilà pour le côté factuel. Le contexte mérite en revanche aussi d’être pris en compte. Et finalement les enjeux cachés derrière cette énième péripétie people de l’éternel frustré du Ballon d’or. Ce type de remarques venant d’un footballeur n’est malheureusement pas nouveau. Voici six ans, un Brésilien du PSG, Alex, avait de la sorte déjà défrayé la chronique, lors d’un documentaire de Canal Plus, en se demandant doctement, en bon chrétien évangéliste, si « Dieu avait créé non pas Adam et Eve, mais Adam et Yves ? »

Aujourd’hui, cette plainte survient surtout et d’abord dans le Brésil de l’ultra-réactionnaire Jair Bolsonaro, en guerre contre les « privilèges des indiens de l’Amazone », le « communisme » et les droits LGBT. Par ailleurs, personne n’ignore la relation très forte qui l’unit à Neymar, chacun se renvoyant la balle de la solidarité entre « réprouvés » en cas de pépin, comme lorsque le président brésilien soutint le joueur lorsqu’il fut accusé de viol. Cela dit, le comportement de Neymar durant le confinement, notamment sur la plage, ressembla presque à un plaidoyer pro domo en faveur des dénis sanitaires du leader populiste face au Covid 19.

Cibler le foot, toucher le pouvoir

À travers cette plainte, le militant vise ainsi finalement tout autant le dérapage d’une importante figure publique que la politique de son principal protecteur auprès de l’opinion. Le football offre de fait un parfait angle d’attaque. Médiatiquement incontournable, et même si ses injures ne doivent rien spécifiquement à ses crampons, ce sport garantit qu’une polémique autour d’un tel sujet ne passera pas inaperçu. Surtout, un large public sera concerné, et même si heurtées ou agacées, certaines catégories sociales peu habituées à s’interroger la-dessus seront bien obligées de se gratter un peu la tête. Culturellement ensuite, le foot ne peut se prévaloir aussi fortement, pour tout justifier, de la liberté d’expression ou même de création artistique. Enfin socialement, il s’agit d’un bastion qui résiste toujours sur le sujet. Ébrécher les murailles de son hypocrisie doit forcément donner le sentiment aux défenseurs de la cause LGBT de faire tomber par la suite bien des murs. Le foot se retrouve dans cette situation paradoxale, son syndrome de l’exemplarité évolue en fonction des nouvelles exigences de la société, et en fonction de ce que signifie être exemplaire. D’où le piège qu’expérimente aujourd’hui Neymar.

En France aussi…

Ce type de problématique n’est évidemment pas propre au Brésil. Avant le confinement, nous avons connu une phase assez tendue concernant les chants de supporters avec interruption de matchs à la clé et prise de position politique et ministérielle. Les ultras avaient protesté au nom de leur droit et trouvé un peu fort d’être les seuls sur le banc des accusés. Il est vrai que s’il veut pouvoir retourner l’anathème à son avantage – bref passer de statut du mauvais élève en la matière à celui d’aiguillon (car après tout peu de secteurs de la société sont véritablement en position de le sermonner) –, il va devoir se mobiliser et surtout ne pas se contenter de pointer les dérives de tel ou tel pro ou groupes de supporters, mais mettre autour de la table présidents, propriétaires, agents, institutions, etc. et leur demander des comptes bien plus vastes que l’usage d’un vocabulaire déplacé. Nous sommes certes bien loin des saillies de Neymar et de sa « sensibilité » de fils bafoué. Mais qu’il le veuille ou non, il vient de poser le débat.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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