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National 2 : premiers baisers

Par Quentin Ballue
4 minutes
National 2 : premiers baisers

Neuf clubs de National 2 sont sur le pont ce week-end en Coupe de France. Pour les autres, la fête est malheureusement à des années-lumière. Encore plus depuis l'annonce de la non-reprise du championnat, deux semaines à peine après la bonne nouvelle. Le printemps a beau pointer le bout de son nez, le foot amateur demeure en plein brouillard.

Ambiance Saint-Valentin oblige, le cœur des amoureux de foot, désespérément sec, avait fondu le 18 février : « La Fédération française de football, après accord des autorités gouvernementales, est heureuse d’annoncer la reprise du National 2. Les équipes engagées dans ce championnat sont autorisées à reprendre les entraînements collectifs avec une dérogation au-delà de 18h dans le respect du protocole sanitaire d’entraînement. » Reprise des hostilités fixée au 13 mars, avec la possibilité de disputer une partie des nombreux matchs en retard dès le 27 février.

Chose faite puisque Grasse a dominé Jura Sud (1-0), que les réserves nantaise (2-0 au Puy) et rémoise (1-2 contre Beauvais) ont mordu la poussière, et que Sedan l’a emporté chez le Gazélec Ajaccio (1-2). Le bout du tunnel, enfin, pensait-on. Jusqu’à ce coup de bambou porté sans sommation en plein sur la boîte crânienne par la ministre des Sports Roxana Maracineanu mercredi : « Les divisions de National 2 masculine et de 2e Division féminine, dont la reprise avait été initialement envisagée au regard de la proportion de sportifs professionnels dans les clubs de chaque division professionnelle, ne pourront pas reprendre dans l’immédiat. »

C’est oui ou bien c’est non ?

« Une terrible désillusion », comme l’a résumé le Paris 13 Atletico. La conséquence quasi inévitable de la détérioration de la situation sanitaire, alors que le Nord-Pas-de-Calais, Dunkerque, Nice et plusieurs autres communes du littoral des Alpes-Maritimes goûtent déjà aux joies du week-end en mode confinement. Une menace qui plane encore au-dessus d’une vingtaine de départements de l’Hexagone. Mais le mal footballistique est déjà fait. Un club comme Saint-Pryvé/Saint-Hilaire, éliminé de la Coupe de France mi-octobre, espérait retrouver la compétition ce samedi, après quasiment cinq mois sans match officiel. La réception de Vannes attendra, la bouffée d’oxygène également.

Douche très, très froide pour des clubs à l’ouvrage depuis deux semaines, qui ont mis la main à la pâte et au porte-monnaie pour respecter un protocole sanitaire spécifique : tests PCR obligatoires 24 heures avant chaque rencontre, présence d’un délégué FFF et d’un médecin pour contrôler ces tests lors de chaque match, renforcement des dispositifs d’hygiène, référent Covid dans chaque club, etc. Pour rien. Ou en tout cas pour pas grand-chose, si l’on tient tout de même à retenir les six matchs disputés lors du week-end du 27-28 février.

« Cette reprise était raisonnée et raisonnable »

Au grand dam de la fédération qui, tel le chien croyant pouvoir aller et venir à sa guise, se retrouve brutalement ramenée à la réalité par la laisse que tient le gouvernement. « Tous les clubs masculins et féminins engagés dans ces championnats s’étaient remarquablement remobilisés et adaptés pour enfin reprendre le jeu et la compétition dans le respect d’un protocole sanitaire strict. Cette reprise était raisonnée et raisonnable », a déploré Noël Le Graët. D’où certaines interrogations sur l’annonce initiale de la FFF, visiblement un peu trop utopique (voire politique, campagne électorale oblige), puisque la situation sanitaire a continué de se dégrader, mais n’a pas drastiquement évolué.

Qui dit pas de reprise en mars, dit aussi épée de Damoclès : celle, d’autant plus appréhendée qu’elle est déjà tombée l’an dernier, d’un arrêt pur et simple des championnats. Sans oublier le gigantesque flou artistique autour de l’issue sportive de ces compétitions, qu’il s’agisse des promus comme des relégués. Un flou qu’il appartient maintenant aux dirigeants compétents non plus d’entretenir, mais de dissiper. Ne plus annoncer un pas en avant pour en faire deux en arrière. Donner un cap clair et précis, quand les éléments nécessaires seront réunis pour trancher. Histoire de ne plus naviguer à vue, et d’éviter ce genre de rétropédalages dont la nocivité est exponentiellement renforcée par la hauteur des espoirs suscités. « L’espoir est le pire des maux, car il prolonge le tourment de l’homme », disait Nietzsche. N2 et D2F n’y auront pas échappé.

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Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki
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