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Naples rend deux points à la justice
Ce matin, la Commission de Discipline a rendu son verdict : deux points de pénalité pour le Napoli, six mois de suspension pour Paolo Cannavaro et Gianluca Grava, et trois ans et demi de suspension pour Matteo Gianello. Bilan très lourd, pour les Napolitains.
Perdre deux places au classement un mardi matin. Le Napoli n’avait encore jamais connu ça. Désormais, oui. Les Napolitains se sont couchés lundi soir à la troisième place de la Serie A. Ils se sont réveillés à la cinquième. Des matchs en retard disputés par ses poursuivants ? Non. Juste une sentence qui est tombée de la Commission de Discipline. Deux points de pénalité dans l’affaire du Calcioscommesse. Une décision assez incroyable, qui fait donc passer le Napoli de 33 à 31 points, et qui le voit se faire dépasser par la Lazio et la Fiorentina, qui n’en demandaient pas tant. Le Napoli est donc la cinquième équipe de Serie A à subir une pénalité cette saison, après Sienne (-6), l’Atalanta (-2), le Torino et la Sampdoria (-1). « Pour garantir une uniformité de jugement et une situation d’équité entre les équipes participantes à un même championnat en cours, il semble correct d’appliquer une sanction de deux points de pénalisation au classement pour la saison en cours » a fait savoir la Commission de Discipline.
Sauf qu’à la différence des autres clubs, qui ont tous reçu leur pénalité avant le début du championnat, Naples reçoit ses points de suspension en cours de saison. Ce qui a évidemment provoqué la fureur du club, qui a publié un communiqué sur son site officiel. « Il n’est pas possible d’altérer irrémédiablement les championnats en cours. Toute décision doit être prise avant le début d’un tournoi, ou à la fin de celui-ci. Depuis la saison 2009/10 (date des faits inculpés), il y en a eu, du temps, pour évaluer et décider » peut-on y lire. En plus des deux points de pénalité, Naples est également puni sur le plan des joueurs : son capitaine, Paolo Cannavaro, est suspendu pour les six prochains mois. Gros, gros coup dur.
Sanction réduite à un point ?
Retour en arrière, pour bien comprendre ce qu’il s’est passé. 16 mai 2010, dernière journée du championnat. La Sampdoria est à la lutte avec Palerme pour la quatrième place qualificative pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. Lors du dernier tour, la Sampdoria affronte le Napoli. Les Génois s’imposent 1-0, grâce à un but de Pazzini, et se qualifient donc pour la C1. Mais ce match, quelques semaines plus tard, va éveiller des soupçons. L’enquête du Calcioscommesse met en lumière le fait que le troisième gardien du Napoli, Matteo Gianello, a tenté de combiner le résultat de la rencontre. La sentence est tombée ce matin pour lui : trois ans et demi de suspension. Mais que viennent donc faire Paolo Cannavaro et l’autre Napolitain Gianluca Grava dans cette histoire ? En réalité, les deux joueurs sont dans le même cas que l’a été Antonio Conte il y a quelques mois. Ils étaient soi-disant au courant de cette tentative de combine, mais n’ont rien dit. Donc, six mois de suspension.
Matteo Gianello, celui par qui le scandale est arrivé
Sachant qu’Antonio Conte a vu sa suspension réduite à quatre mois, on peut toutefois penser que les deux joueurs vont pouvoir obtenir une réduction en appel. Naples, pour sa part, peut éventuellement espérer une réduction de peine à un point, au lieu de deux. A priori, celle-ci lui sera accordée en appel, du moins si l’on en croit les précédentes sanctions du Calcioscommesse. « Il faut rappeler comment cette Commission, dans tous les cas similaires et récents de responsabilité objective pour fraude sportive commis par des joueurs, a administré une sanction de deux points de pénalité au classement, en plus d’une amende. On peut se souvenir des précédents cas du Torino et de la Sampdoria qui, au cours de cette saison, comptent une pénalité d’un point au classement, l’application de l’article 23 GCS ayant permis de réduire la sanction initiale » rappelle la Commission. En plus de tout cela, le Napoli reçoit également une amende de 70 000 euros. Bizarrement, le procureur, Stefano Palazzi, n’avait requis qu’un point de suspension pour le Napoli et 100 000 euros d’amende. Trop clément ?
Une justice qui improvise ?
Pour le Napoli, cette sentence sonne réellement comme une injustice. Ou du moins, le fait d’appliquer la peine maintenant est dur à avaler. Qu’un joueur ait tenté de combiner un match et qu’il soit puni, d’accord. Que son club, même s’il n’a rien à voir là-dedans, soit puni aussi, d’accord. Au final, c’est le même principe que pour une entreprise de presse. Si un journaliste écrit une énorme connerie, et que le journal est attaqué, c’est le directeur de la publication qui doit payer les pots cassés. C’est la loi. Que la même chose s’applique pour des joueurs et des clubs n’est donc pas un scandale. Par contre, qu’une équipe reçoive deux points de pénalité, comme ça, en plein mois de décembre, est un véritable illogisme. Les faits inculpés remontent à mai 2010, il y a deux ans et demi. On comprend que l’enquête soit longue et complexe. Mais n’était-il pas possible de rendre un jugement cet été, au même moment que les jugements pour le Torino, Sienne, la Sampdoria et l’Atalanta ? Ou alors, quitte à ne plus en avoir rien à faire des dates, pourquoi ne pas infliger au Napoli deux points de pénalité pour la saison prochaine ?
Bref, on a surtout l’impression que la justice improvise, sans vraiment savoir où elle met les pieds. Sportivement parlant, l’équipe de Mazzarri est en train de vivre une situation difficile. Le club vient de perdre trois matchs d’affilée (PSV, Inter et Bologne), ce qui n’était arrivé qu’une seule fois dans l’ère Mazzarri (avril dernier, défaites contre Juventus, Lazio et Atalanta). En plus d’avoir laissé filé la Juve au classement, les deux points de pénalité n’arrangent en rien les choses. Naples se retrouve en effet à dix points du leader. C’est dans ce climat-là, et désormais sans son capitaine-symbole, qu’il va falloir préparer le match de Coupe d’Italie contre Bologne, demain (revanche de la rencontre de championnat disputé dimanche), puis le déplacement à Sienne, samedi après-midi. Une équipe qui, en matière de pénalité, en connaît un rayon.
Eric Maggiori