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Namnganda : « Battre le Nigeria, le plus grand exploit de la sélection centrafricaine »

Propos recueillis par Alexis Billebault
5 minutes
Namnganda : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Battre le Nigeria, le plus grand exploit de la sélection centrafricaine »

Jeudi soir à Lagos, la Centrafrique a réussi le plus grand exploit de son histoire en battant le Nigeria (1-0), lors de la 3e journée des qualifications pour la Coupe du monde 2022. Le héros du jour ? Karl Namnganda, 25 ans, attaquant des Herbiers (National 2), buteur lors du temps additionnel et qui fêtait sa 2e sélection. Lors d'une escale à Lomé, le Centrafricain a décroché son téléphone pour revenir sur cette folle journée, avant le match retour prévu dimanche à Douala au Cameroun.

Karl, racontez-nous cette première minute du temps additionnel, qui a permis à la Centrafrique de faire tomber le géant nigérian…Je reçois un ballon en profondeur, sur le côté gauche, d’Isaac Ngoma. Je suis à la lutte avec deux défenseurs nigérians, surtout avec Leon Balogun. Il a essayé de dégager de la tête, mais le ballon est tombé sur mon genou, puis s’est retrouvé dans ma course, à l’entrée de la surface. Tout est alors allé très vite. J’ai vu le gardien nigérian (Francis Uzoho) sortir, il est grand, donc j’ai eu très peu de temps pour faire mon choix. Il fallait bien placer le ballon, et c’est ce que j’ai fait. Et j’ai marqué.

C’est mon premier but de la saison, d’ailleurs, car avec Les Herbiers, je n’ai marqué qu’en match amical. J’ai surtout fait des passes décisives.

Qu’avez-vous ressenti sur le moment ?Je vous avoue que même maintenant, j’ai du mal à réaliser ce que nous avons fait. J’ai marqué ce but contre une des meilleures sélections africaines. C’est mon premier but de la saison, d’ailleurs, car avec Les Herbiers, je n’ai marqué qu’en match amical. J’ai surtout fait des passes décisives. J’ai compris qu’on allait peut-être réaliser un exploit historique, car ce but est venu très tard. J’étais heureux, j’ai vu le banc de touche exploser de joie, tout le monde est venu sur le terrain pour célébrer ça. Il restait encore quelques minutes à jouer, il fallait tenir, ne pas se déconcentrer.

Vous n’étiez sur le terrain que depuis une grosse demi-heure quand vous avez marqué…Oui, je suis entré à la 55e minute. Le coach (le Suisse Raoul Savoy, NDLR) m’a dit que j’aurais sûrement quelques occasions. Un peu avant de marquer, j’en avais eu une, j’avais tenté un ballon piqué, mais Uzoho a repoussé le ballon du pied. Mais je savais qu’avant la fin du match, j’aurais encore au moins une possibilité. Le sélectionneur comptait sur ma vitesse pour poser des problèmes aux Nigérians, notamment sur les contres.

Sincèrement, à part les Centrafricains, personne n’imaginait les Fauves gagner au Nigeria…Oui, sans doute. Mais en ce qui me concerne, même si j’ai beaucoup de respect pour Osimhen, Moses ou Iheanacho, je ne suis pas impressionné. Ce sont juste des hommes, et ensuite, tout est une question de combativité. Notre idée, c’était de jouer à fond, de tenir le plus longtemps possible, de les faire douter. Le Nigeria était le grand favori, ses joueurs semblaient assez sereins, tranquilles avant le match. On s’attendait à ce qu’il nous mette la pression d’entrée, pour marquer très vite. Et puis, on a tenu, et plus le match avançait, plus je sentais les Nigérians s’impatienter, s’agacer. Ils ont eu des occasions, Osimhen a trouvé la barre. Il s’énervait un peu, car il n’arrivait pas à trouver le cadre. Le dernier quart d’heure a été assez long, car les Nigérians cherchaient à tout prix à marquer. Défensivement, on a fait un très gros match. Il fallait tenir, encore tenir, pour espérer prendre un point, ce qui aurait déjà constitué une très grosse performance.

Quelle a été l’attitude du public de Lagos, que l’on sait parfois un peu chaud ?Très déçu, il en voulait sûrement à son équipe. Mais avec nous, les gens ont été vraiment sympas. Ils nous ont félicités, certains voulaient nos maillots.

Après le match, dans le vestiaire, j’étais un peu dans mon monde, je ne parlais pas trop.

Avez-vous eu le temps de savourer cette victoire ? Oui. On a le sentiment d’avoir réussi une très belle performance. On nous dit que c’est le plus grand exploit de l’histoire de la sélection centrafricaine. Je suis heureux d’y avoir participé. Mais comme je vous l’ai dit, je ne réalise pas complètement. Après le match, dans le vestiaire, j’étais un peu dans mon monde, je ne parlais pas trop. On était heureux, mais on sait qu’il y a le match retour, dimanche à Douala, et que le Nigeria va être très motivé. Car notre victoire relance les choses dans ce groupe. Nous n’avons plus que deux points de retard sur lui… Si on fait encore une bonne performance, il y aura encore du suspense pour les deux dernières journées, en novembre. Donc on a très vite commencé à se reconcentrer sur ce match de dimanche.

Vous jouez aux Herbiers depuis cette saison, après deux années à Pouzauges en National 3, vous êtes international centrafricain depuis le mois de septembre, vous offrez au peuple centrafricain une victoire historique, lui qui n’a pas souvent l’occasion de rigoler. La vie est plutôt agréable, non ?C’est vrai que ce sont des bons moments. J’ai passé deux ans en N3, là je suis à un niveau un peu plus élevé, je fais un bon début de championnat avec mon club. J’ai été appelé par la Centrafrique en septembre, je marque pour ma deuxième sélection. Aujourd’hui, je vis du football avec mon club, et peut-être que mes matchs en sélection vont me permettre de me faire connaître et, un jour, de jouer plus haut qu’en N2.

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Au fait, il y a les Bleues qui jouent
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Propos recueillis par Alexis Billebault

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