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N’to : «  Mon joueur préféré de 98, c’était Stéphane Guivarc’h »

Propos recueillis par Matthieu Rostac
N’to : «  Mon joueur préféré de 98, c’était Stéphane Guivarc’h »

Fan de l'OM pendant plus d'une décennie, N'to entretient pourtant une relation complexe avec le ballon rond, qu'il synthétise d'une simple phrase : « En vrai, si je peux prendre un but de la main, je le prendrai. Mais je préfère voir du beau football. » Où il est question de Marcelo Bielsa, Emmanuel Petit, Koji Nakata et même René Girard.

Tu es un gros fan de foot ?

Non, plus vraiment. Je l’ai été, puisque j’ai eu mon abonnement au Vélodrome pendant quelques années. Mon rapport au foot a un peu changé avec le temps. Plusieurs fois, j’ai été déçu par des gens que j’aimais bien dans le foot et, avec le temps, je me suis un peu désintéressé de la performance en tant que telle. J’apprécie toujours de regarder un match, mais je reconnais que j’ai perdu la passion un jour. Si l’OM joue mal, j’ai le droit d’éteindre ma télé parce que je n’ai pas envie de les voir. Je ne suis pas assez supporter pour rester dans la douleur. J’ai envie de voir ça comme un spectacle, quelque chose de joli.

Qu’est-ce qui s’est passé exactement ?

J’ai jamais compris cette attitude guerrière véhiculée dans les tribunes. Et ça ne concerne pas que le football, c’est tout les sports. Je ne suis pas du genre à dire que le rugby, c’est mieux, par exemple. Et puis, ce sport est trop marketé. On perd l’âme du truc. Regarde Manchester United. À l’époque, tu avais des mecs formés au club qui portaient le projet durant des années, et maintenant, ça n’est plus possible. Plus le joueur est bon, plus il coûte cher. Plus il coûte cher, moins il y a de clubs pour se l’offrir. Tu te retrouves avec quatre ou cinq équipes qui ont des effectifs dingues, ça fait des belles passes, des beaux buts, mais ça tue l’esprit du truc.

Donc tu as été fan de l’OM à un moment ?

Oui. Je suis arrivé pile au moment de Bernard Tapie/l’OM champion d’Europe. Forcément, je me suis pris d’affection direct pour le club. Jusqu’à la période Didier Drogba. Celle à laquelle j’étais abonné, d’ailleurs. Mais d’un autre côté, j’ai toujours été intéressé par l’époque de Coco Suaudeau à Nantes, avec Patrice Loko. Et pour tout t’avouer, mon joueur préféré de 98, c’était Stéphane Guivarc’h. C’est bizarre, hein ? J’aimais bien son côté Monsieur-tout-le-monde. Tu sentais que ça pouvait être ton père, ton voisin ou le postier. Il n’avait pas quelque chose en plus, il n’était pas le plus beau, mais on sentait qu’il avait la passion. Peu de gens sans doute se rappellent qu’il était en équipe de France, mais au final, il s’impose, est titulaire en finale et gagne la Coupe du monde. Mais ça montre aussi toute la tristesse du sport professionnel. Aujourd’hui, certains sont des légendes et d’autres sont redevenus Monsieur-tout-le-monde avec pas une thune en poche. L’histoire oublie une partie de l’équipe, mais ils y étaient à 22 et ont tous leur part de réussite là-dedans.

Qu’est-ce qui te plaisait tant dans le Nantes de Suaudeau ?

Cet esprit batailleur, bagarreur. Ce que je retrouve dans l’OM de Bielsa. Du coup, je me réintéresse un petit peu cette année. On sent que les mecs relâchent jamais l’effort, et ce, même si ce ne sont jamais les meilleurs. Par contre, une fois qu’ils ont récupéré le ballon, il y a une fluidité qui se met en place. Ça joue simple, personne qui cherche à briller au-delà du groupe, s’il y a une passe à faire, elle sera toujours faite. Et des fois, à la fin, il n’y a même pas besoin de tirer pour marquer. J’aime bien ce côté stratégique, collectif, plus que la performance « je suis plus fort, je cours plus vite, je saute plus haut » . Sur le papier, l’équipe est pas folle : on retrouve un Morel qui était pas bon depuis des années, un Dja Djédjé sur lequel j’aurais jamais parié en début de saison. On retrouve cet esprit à la nantaise. Je crois que j’ai décroché de l’OM parce qu’on sortait d’une grande époque, qu’on m’en a beaucoup fait la pub et que lorsque j’ai pris mon abonnement, on m’a dit : « Hop, c’est fini, maintenant c’est nul ! » Il n’y a pas de match en particulier qui m’a fait décrocher. Plutôt les effets d’annonce. Chaque année, à l’OM, on devait avoir le nouveau Brésilien à la mode, le meilleur buteur de la Russie en qualifications de Coupe du monde ou le meilleur buteur de la D2 suisse. À chaque fois, on nous a vendu les « meilleurs » et ils ne valaient pas un clou. Jusqu’au moment où ils ont fait venir Koji Nakata, qui était censé sauver notre défense. Le pauvre, à son premier match, je crois qu’il met un but contre son camp et plus tard, il rate un contrôle qui restera dans les annales des gags du football. À ce moment-là, j’ai commencé à me dire : « Là, je crois qu’on est en train de nous prendre pour des cons. Laissez-moi tranquille et je reviendrais si je veux ! » Ceci dit, il y a eu un sursis : la demi-finale de Coupe UEFA Marseille-Newcastle. Comme d’habitude, contre les Anglais, c’était chaud. Le stade était complet, l’OM a joué avec ses armes et tout ce qu’on tentait, ça marchait. En Ligue 1, le jeu développé était catastrophique, et là, je sais pas, c’était un éclair de génie. Là, c’était stylé. On savait pourquoi on était venus.

Ta meilleure anecdote de foot ?

Pour moi, il y a des noms que tu peux citer et qui sont des anecdotes de foot à eux tout seul. Du genre, Bernard Diomède. Rien que le fait de prononcer son nom, ça me fait penser à quelque chose de fun, de marrant. Ou Patrice Loko avec ses histoires où il montre sa bite à des policiers. Emmanuel Petit, aussi. Parce qu’au final, ce mec-là, il s’est mis à détester Zidane juste parce qu’il doit être une légende, mais qu’à cause de Zidane, il est sur la TNT dans une émission pour savoir quelle équipe a la meilleure cote. C’est d’ailleurs l’un des rares anciens de 98 qui disait qu’il fallait bannir Zidane et pas du tout l’excuser de son geste en 2006. Bon, je condamne le geste, mais voilà, le mec n’est pas une machine. Il a eu cette réaction épidermique, humaine, que tout le monde peut avoir. Ce qui a foutu les boules à Petit, c’est qu’à part les vrais fans de foot et ceux d’Arsenal, personne se souvient de lui. C’est vrai que les anecdotes que je te cite sont pas très marrantes. C’est triste, mais bon, mieux vaut en rire.

Niveau anecdotes, Bielsa, il se met bien…

J’aime bien. Tu sens le mec entier. Quand il a quelque chose à dire, il préfère le dire en criant. Au final, ça ne fait sans doute pas de lui la meilleure personne au monde – parce qu’il doit être un peu psychopathe –, mais c’est quelqu’un qu’on a envie d’avoir avec soi. Après, je sais pas, c’est peut-être un tortionnaire. Mais ses joueurs ont l’air de l’apprécier. Il tire la quintessence d’un groupe. Je suis pas sûr qu’un système pareil pourrait fonctionner au PSG, par exemple. C’est un truc de sudiste. C’est pour ça que j’apprécie aussi le travail qu’a fait René Girard à Montpellier. C’est des mecs qui savent galvaniser un groupe. Ça va bien avec le tempérament un peu chaud du Sud. Paris, c’est beaucoup plus feutré, codifié. Je dis Paris, mais ça va plus loin que ça. Loulou Nicollin, c’est pas Michel Seydoux, par exemple. Mais Bielsa, il va bien avec le décor. Je préférerai toujours un gros con à un mec neutre. J’aime bien les personnages atypiques à la Jeff Bridges dans The Big Lebowski. Le dude.

Quel serait le plus beau dude du football, dans ce cas-là ?

C’est Paul Gascoigne ! Si un jour il avait pu venir sur le terrain en peignoir et en pantoufles, il l’aurait fait ! Je pense que j’aurais pas pu passer cinq minutes avec ce gars sans m’énerver, mais je le respecte énormément. Maradona peut en être un, aussi. Mais vu qu’il est encore là, qu’on le voit régulièrement, c’est pas encore une légende pour moi. Alors que Gascoigne, c’est une statue : on peut en parler à l’imparfait sans problème.
David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Propos recueillis par Matthieu Rostac

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