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N’Golo Kanté, encore et toujours
Encore énorme avec Chelsea en demi-finale retour de Ligue des champions et décisif sur les deux buts de son équipe, N'Golo Kanté a littéralement roulé sur le Real Madrid en prouvant qu'il n'était pas uniquement indispensable dans les tâches défensives. Ne lui reste plus qu'à aller chercher la C1, qu'il n'a encore jamais remportée.
Sur le premier, marqué à la demi-heure de jeu pour lancer Chelsea vers la finale de Ligue des champions, il crée de toutes pièces le surnombre en inventant un une-deux avec Timo Werner avant de décaler Kai Havertz. Sur le second, inscrit en fin de rencontre par Mason Mount afin de composter définitivement le billet de la qualification, il intercepte et accélère pour lancer Christian Pulisic, auteur de la passe décisive. C’est fait : à l’origine des deux buts de son équipe, N’Golo Kanté vient de rouler sur le Real Madrid et fait accéder sa formation à la dernière marche de la C1 grâce à une performance XXL. Que ce soit offensivement, donc, ou sur le plan défensif. Et encore, le milieu de terrain aurait pu faire encore mieux s’il avait concrétisé son occasion de break en deuxième période. Ou si la première réalisation de Werner, dont il était encore le moteur de l’action, n’avait pas été refusée pour hors-jeu.
Face à lui, les Espagnols n’ont littéralement pas vu le jour et se demandent encore s’ils ont davantage été impressionnés par la prestation du Français que par la solidité du bloc londonien. Dans un schéma tactique imbriqué en 3-5-2, aux côtés de Mount et Jorginho, l’international a tout fait : il s’est montré précis dans ses transmissions, a dribblé, sprinté, remporté ses duels aériens et récupéré un paquet de ballons en position haute. Comme s’il connaissait par avance les agissements de l’adversaire, comme s’il pouvait anticiper chaque geste de l’ennemi. Avec une telle intelligence de jeu combinée à une activité des membres inférieurs aussi poussée (11,4 kilomètres parcourus, le deuxième meilleur total du match derrière son coéquipier Kai Havertz), l’infatigable protégé de Thomas Tuchel a régné en maître dans l’entrejeu en faisant souffrir la défense espagnole à chacune de ses initiatives vers l’avant.
La perfection à 30 ans, ou pour plus tard ?
Énorme ces dernières semaines après avoir été plutôt bien géré par son entraîneur (qui a souhaité faire attention à son temps de jeu, à la suite de son claquage tendineux de janvier qui l’a privé de cinq rencontres), Kanté semble être constamment en train de progresser. Si bien qu’à 30 ans, le bonhomme offre une nouvelle version de lui-même : plus présent offensivement au sein d’un onze qui prend peu de risques, et sans doute plus affûté techniquement pour servir des partenaires d’attaque pas toujours adroits. Sans jamais, évidemment, éclipser ses partenaires par un éventuel ego surdimensionné. « Il est un exemple incroyable, c’est un garçon tranquille et discret, a d’ailleurs applaudi son entraîneur Thomas Tuchel en conférence de presse, avant la rencontre face au Real.Il sourit beaucoup, il communique avec tout le monde. Mais il ne parle pas fort, il est toujours poli et c’est par ses performances qu’il s’exprime. »
« Il a gagné tous les trophées possibles, sauf la Ligue des champions. La gagner le grandirait-il encore, et jusqu’où ?, a embrayé le technicien allemand. C’est déjà un top joueur, c’est le gars dont vous avez besoin pour gagner des trophées. Quand j’entraînais d’autres clubs, j’ai rêvé d’avoir ce joueur dans mes équipes. Maintenant, je l’ai. » Demeure donc une question, qui risque de rester en suspens jusqu’au 29 mai : puisqu’il sait désormais tout faire, ce Kanté 2.0 est-il capable d’amener les Blues sur le toit de l’Europe ? S’il est aussi à l’aise avec le ballon que contre les Espagnols et aussi présent dans le pressing ou la récupération, Manchester City aura en tout cas enfin un rival à sa taille. Spoiler: Pep Guardiola planche déjà sur le piège qui l’attend.
Par Florian Manceau