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Mourinho-Wenger, l’amour vache

Par Nicolas Jucha
Mourinho-Wenger, l’amour vache

Ce samedi, Chelsea accueille Arsenal pour l'affiche phare de cette 6e journée de Premier League. L'occasion aussi de scruter une fois de plus la relation particulière entre José Mourinho et Arsène Wenger. Et si les meilleurs ennemis de Premier League ne pouvaient plus vivre l'un sans l'autre ?

Le 14 février 2005, alors champion en titre, Arsenal se présente face à Crystal Palace et aligne un onze sans aucun joueur anglais, une première en Angleterre qui débouche sur un succès 5-1. Face aux critiques, Arsène Wenger pointe du doigt le Chelsea de José Mourinho. « Je ne crois pas que Chelsea utilise plus d’Anglais que nous. Qui ont-ils formé ? Un seul joueur, John Terry. » Le Special One n’a encore rien gagné sur le sol anglais et ne relève pas, sûrement, car il n’y voit encore rien de personnel. Le fait est cependant incontestable : dans le jeu des petites piques par voie de presse interposée, c’est bien l’Alsacien qui a ouvert les hostilités avec le Portugais. Et qui en remet une couche six mois plus tard, alors que les Blues ont gagné le titre en mai : « Je sais que nous vivons dans un monde fait uniquement de vainqueurs et de perdants, mais quand un sport encourage des équipes refusant la prise d’initiative, il est en danger. »

En clair, Arsenal défend les valeurs de beau jeu, Chelsea les dessert. Et pour la première fois, Mourinho répond. Sans prendre de gants : « Wenger a un vrai problème avec nous, et je pense qu’il est ce que vous, Anglais, appelez un voyeur. Il y a des gens qui, quand ils rentrent chez eux, scrutent d’autres foyers avec leurs grands téléscopes. Wenger doit être l’un d’entre eux, c’est une maladie. » L’Alsacien, vétéran de Premier League et incarnation du savoir vivre dans le football, est choqué comme un retraité qui se ferait traiter de pervers par un ado de 16 ans. Et à la vérité, sur le terrain des vacheries balancées en conférence de presse, le Portugais tape bien plus juste et fort que le Français.

Mourinho, roi de la punchline

Notamment lorsqu’en novembre 2005, il moque Arsène Wenger pour ce qu’il estime être une fixation sur son équipe, qui vient de détrôner les Gunners : « À Stamford Bridge, nous avons un dossier des citations de Wenger sur Chelsea sur les douze derniers mois. Ce n’est pas un dossier de cinq pages. Il y en a 120. » Quand il ne flirte pas avec l’insulte, Mourinho joue sur la corde de l’humour, point sur lequel il se sait supérieur car il n’a pas peur d’aller trop loin ou de laisser à Arsène Wenger le rôle plus austère du redresseur de tort. Comme en avril 2013, alors que les deux hommes ne disputent plus le même championnat, mais que l’Alsacien critique ce qui s’apparente à des cartons jaunes volontaires de Xabi Alonso et Sergio Ramos en Ligue des champions contre Galatasaray pour prévenir une suspension lors des demi-finales. Là encore, la réponse du Mou est d’autant plus forte qu’il cherche non pas à se justifier, mais à rabaisser son détracteur : « Plutôt que de parler du Real Madrid, Monsieur Wenger devrait parler d’Arsenal et expliquer comment il a perdu 2-0 contre une équipe pour la première fois en Ligue des champions (Schalke 04 en phase de poules, ndlr).L’histoire des jeunes enfants commence à se faire vieille maintenant. Sagna, Clichy, Walcott, Fàbregas, Song, Nasri, Van Persie, Arshavin ne sont pas des enfants. Ce sont tous de supers joueurs. »

Quand il s’agit de taper sur son meilleur ennemi, Mourinho ne fait jamais dans la dentelle, et surtout, sort le bazooka dès que Wenger a le malheur de tirer le premier. Interrogé en février 2014 sur la posture des Blues qui refusent de se déclarer candidats au titre, le Français suggère qu’ils ont « peur de l’échec » . Du pain béni pour le Portugais : « Est-ce que j’ai peur de perdre ? Wenger est un spécialiste de l’échec. Pas moi. Si l’on doit penser qu’il a raison et que j’ai peur de l’échec, c’est parce que j’échoue rarement. Donc, peut-être a-t-il raison. Je n’ai pas l’habitude de l’échec. En réalité, il est le spécialiste de l’échec, parce que passer huit ans sans rien gagner, ça, c’est un échec. » Et vu qu’en Angleterre, les Gunners n’ont jamais battu ses Blues à l’époque, il se permet même d’enfoncer le clou : « Si ça m’arrivait à Chelsea, je quitterais Londres et je ne reviendrais pas. J’admire et je félicite Arsenal parce que ce n’est pas possible d’atteindre 1000 matchs sans que le club soit lui aussi fantastique dans la façon de soutenir son manager dans les moments difficiles, surtout quand ceux-ci deviennent nombreux. »

Mourinho condamné à gagner

Dans le petit jeu de la relation Wenger-Mourinho, le premier apparaît clairement comme la victime : respectueuse des règles, avec ses principes de jeu et une volonté de placer la manière avant le résultat, notamment en maintenant son équipe au plus haut niveau avec des exercices comptables positifs. Mourinho, lui, joue sans aucune gêne le rôle du méchant : impertinent, ironique et même parfois cruel, lorsqu’il souligne en avril 2015 que « s’il était si facile de défendre, vous ne perdriez pas 3-1 à domicile contre Monaco » . Mais avec de telles postures, les échecs sportifs relatifs de Wenger auraient tendance à mieux passer qu’une éventuelle déconvenue du Portugais. Car quand on joue avec les médias, ses adversaires, et les supporters de ses rivaux, on multiplie ses ennemis. Toujours en avril 2015, alors que Chelsea arrachait un nul à l’Emirates pour se rapprocher un peu plus du titre, les supporters d’Arsenal décidaient de scander « boring, boring Chelsea » en référence au jeu peu reluisant proposé par Mourinho.

Sa réponse, égale à lui-même : « Je pense que ce qui est ennuyant, c’est 10 ans sans titre. Ça, c’est vraiment ennuyant. Vous supportez l’équipe et vous attendez, attendez, attendez tant d’années sans un titre en Premier League, ça c’est vraiment ennuyant. Mais peut-être qu’ils ne chantaient pas à notre intention ? » Avant sa défaite en Community Shield, José Mourinho avait cette fois insisté sur la prétendue folie dépensière de Chelsea : « Si vous additionnez Özil plus Alexis Sánchez, plus Chambers, plus Debuchy, vous allez avoir une surprise. » Et quand bien même Arsène Wenger a réussi à rompre une série de 13 matchs sans victoire contre le Chelsea de Mourinho, c’est bien ce dernier qui balançait le scud final en conférence de presse en affirmant que « cette situation n’était pas normale. (…) 13 matchs, ça fait une éternité. C’est trop. » Après un début de saison chaotique, le Portugais est désormais moins bien installé pour se permettre de tels chambrages.

Et si c’était de l’amour ?

Grâce à son titre en Community Shield, l’Alsacien a d’ailleurs pu prendre un début de revanche, comme en refusant de serrer la main de son homologue qu’il a feint ne pas avoir vu. Entre le Français et son homologue portugais, les choses avaient failli prendre une tournure physique en octobre 2014 lors d’un Chelsea-Arsenal remporté par les Blues, mais durant lequel Mourinho avait voulu contester un carton jaune infligé à Gary Cahill. Wenger lui-même s’était permis de repousser le Lusitanien dans sa zone technique, ouvrant la porte à de multiples détournements sur le web anglais montrant notamment les deux hommes en plein match de boxe.

Malgré son écart, le Français avait rapidement repris son « rôle » de gentleman : « Je n’aurais pas dû réagir ainsi. Ce n’est pas une manière de se comporter sur un terrain de football. » De son côté, le Portugais s’était contenté de jouer l’indigné : « Si c’était moi, cela aurait été une interdiction de stade. » Depuis onze ans qu’il a débarqué pour la première fois en Angleterre, Mourinho semble lié à Wenger. Comme si leur relation ajoutait un piment indispensable au bon déroulement du championnat. À tel point que le site humoristique du Sun, Dream Team FC, s’est permis d’imaginer que les deux hommes entretenaient en réalité une relation fusionnelle à travers un détournement vidéo très réussi. Une vidéo qui sous-entend que si les deux hommes se clashent tellement publiquement, c’est peut-être pour cacher une affection et un respect mutuel profond. Finalement, rien n’est plus beau que l’amour.

JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Par Nicolas Jucha

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