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Mohamed Fofana : « Footballistiquement, je suis italien »

Propos recueillis par Valentin Paluzzi
Mohamed Fofana : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Footballistiquement, je suis italien<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Voilà douze ans que cet attaquant franco-sénégalais a quitté la région parisienne pour l'Italie, un pays qu'il a parcouru en long et en large pour atterrir à Lanciano en Serie B.

Par quels clubs français es-tu passé ?

J’ai commencé au Paris FC où j’ai évolué jusqu’aux U15, et après un passage rapide à Villepinte, j’ai atterri aux Lilas. Là-bas, j’ai fait mes débuts en CFA avec les seniors à l’âge de 17 ans.

Comment es-tu repéré par les Italiens ?

C’est un pote recruteur qui m’a mis en contact avec un agent transalpin. Je suis d’abord venu faire des essais pour intégrer les équipes de jeunes de l’Inter. C’est à ce moment-là que Cittadella m’a remarqué et m’a proposé de signer de suite un contrat pro. J’étais encore milieu de terrain à l’époque, c’est l’entraîneur des U19, avec qui je jouais de temps en temps, qui m’a remonté d’un cran.

Et l’impact en passant de la banlieue parisienne à un petit bled ?

Compliqué, je n’avais jamais entendu parler de cette ville et ne connaissais pas la langue. Tu sais, moi, je suis de Paname et son bordel inhérent, et je me retrouvais dans cette ville de campagne toute calme, dans un appart avec deux collègues. Heureusement, dans l’effectif, il y avait Damien Chrysostome, un international béninois, il m’a bien aidé à m’intégrer.

Tu dois être au courant que vous êtes des dizaines et des dizaines de Français à effectuer ce parcours, pourquoi selon toi ?

Le problème à Paris, c’est qu’il y a énormément de joueurs, et il n’y a pas la place pour tout le monde. Le seul moyen de percer, c’est d’aller à l’étranger. Et ça paye souvent, il suffit de voir les parcours de Defrel et Biabiany. Ils sont partis de rien et sont arrivés tout en haut. En France, personne ne les connaît, mais en Italie, tout le monde sait qui ils sont.

Cittadella, où tu as passé quatre ans, c’est un petit miracle à l’italienne ?

Exactement, j’ai eu la chance de connaître M. Gabrielli, qui n’est plus de ce monde aujourd’hui, un grand bonhomme. C’est un club parfait pour les jeunes, ils pensent à les former, les faire jouer, puis les vendre. D’ailleurs, j’ai connu Okaka minot là-bas. Les dirigeants ont les pieds sur terre et ne font pas signer de gros contrats, impossible de prendre la grosse tête.

Le Veneto n’est pas réputé pour être la région la plus tolérante, tu as eu des soucis ?

Personnellement non, et pourtant on m’avait « prévenu » en venant en Italie, mais je sais que c’est fréquent dans ce pays. Ce qui est dommage, la Squadra Azzurra aussi a des joueurs de couleur comme Balotelli ou Okaka d’ailleurs.

De Cittadella démarre ton petit tour d’Italie avec neuf autres clubs fréquentés, quelles sont les étapes qui t’ont le plus marqué ?

Après Cittadella, je suis parti en Serie B à Ravenna pendant un an et j’ai direct senti la différence de niveau. Il y a dix ans, la D2 italienne était beaucoup plus forte que maintenant. Malheureusement, ça s’est fini en relégation. J’ai bien rebondi à la Pro Patria en Serie C1 où je sors une grosse saison avec 11 buts, on perd la finale des play-offs pour la montée. Et c’était un exploit parce que le club avait de gros soucis financiers. Et puis, comment ne pas citer la Salernitana, c’est une ambiance de Serie A, d’ailleurs ils vont vite y revenir à mon avis.

Tu es attaquant, tu peux nous parler de ton but le plus important ?

En toute honnêteté, je n’en marque pas beaucoup, mais ils sont souvent jolis. Il y a celui avec Lanciano contre le Cesena de Defrel en 2012. On perdait 2-0 à la maison, un centre arrive de la droite, et j’envoie un ciseau acrobatique en pleine lucarne, il a été élu plus beau but du championnat Serie B cette saison-là !


En Serie B et C, il y a de nombreux problèmes d’argent, combien de fois as-tu dû renoncer à ton salaire ?

En fait, beaucoup de clubs font de bons contrats et se rendent compte quelques mois plus tard qu’ils ne peuvent pas assumer de telles sommes. Moi, j’ai plutôt été épargné, hormis à Arezzo où j’avais signé quatre ans avec un gros salaire. Au bout de la 1re année, le président a tout laché et j’ai perdu trois années de contrat… Je répète, je suis plutôt passé au travers, mais j’ai pas mal d’anciens collègues, ou de jeunes coéquipiers qui ne gagnent pas beaucoup et n’arrivent pas à la fin du mois. En plus de ça, les règles de la Ligue permettent aux clubs de verser les salaires tous les deux mois, faut donc être prévoyant.

L’autre problème, c’est celui des matchs truqués, est-ce que ce ne serait pas justement lié aux problèmes financiers de ces équipes ?

Je ne pense pas, car il y a des joueurs de Serie A très bien payés qui se sont retrouvés dedans. Dans les séries mineures, peut-être, mais ce n’est pas justifiable. Là encore, j’ai été épargné, aucune de mes équipes n’a été touchée, mais reste que ça fout les boules de voir des trucs pareils.

Tu t’es arrêté à Lanciano qui, pour le coup, est un club sérieux qui n’a jamais été effleuré par aucun scandale.

C’est un bon club, cela fait maintenant quatre ans qu’ils sont en Serie B, ils ne sont jamais bien loin des play-offs. Il y a une bonne politique basée sur la formation et les jeunes, ils font attention aux comptes. Ça m’a rappelé un peu le club de Cittadella. C’est le même modèle. Il faut raisonner comme ça et ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre.

Ton patron est une femme, Valentina Maio.

C’est particulier, il n’y en a pas beaucoup dans le monde du foot, mais le rapport est le même que si c’était un homme. Le truc bizarre, c’est que son mari est Manuel Turchi, notre coéquipier, je peux te dire qu’il se fait chambrer !

Cela fait maintenant douze piges que tu es en Italie, on imagine que tu as investi sur ta vie privée.

Ma femme est italienne et j’ai un fils de six ans, j’ai même acheté une maison à Ravenne qui est un peu mon QG ici. Mais j’aimerais bien rentrer en France, probablement après ma carrière parce que je suis « footballistiquement italien » et que personne ne me connaît dans l’Hexagone.

Aujourd’hui, tu conseillerais à un jeune Français de faire le choix que tu as fait en 2003 ?

Disons qu’il aurait plus de chances de jouer, car en Serie B et C, tout est fait pour que les jeunes soient utilisés, les clubs sont mêmes subventionnés pour. Et moi, du haut de mes 30 ans, je peux être pénalisé. Le fait est que cela a fait baisser le niveau de jeu de ces divisions, car le principe de méritocratie est un peu négligé. Qu’ils réfléchissent bien avant de venir, ça vaut peut-être le coup de rester en France maintenant.

Tu as des potes qui t’ont demandé de les pistonner ?

Si je peux aider les gens, je le fais volontiers, je peux parler avec des agents, des directeurs sportifs, mais ce n’est pas simple, hein (rires)

Toi qui y vis depuis douze ans, tu saurais nous conseiller une ville italienne un peu moins connue ?

J’ai joué à Syracuse en Sicile pendant un an, c’est un endroit merveilleux. De temps en temps, j’y retourne passer mes vacances. Il y a tout, le climat, la plage… et les personnes qui sont extra.

Et Lanciano, c’est comment ?

C’est peinard, ce n’est pas très grand. On vit et on mange bien comme dans toute la région des Abruzzes. C’est l’endroit parfait pour exercer son métier, faut juste bouger si tu veux sortir t’amuser.
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Propos recueillis par Valentin Paluzzi

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