- Serie A
- 14e journée
- Milan AC/Juventus
Milan passe l’examen Juventus
Ce soir, la Juventus se déplace à San Siro pour y affronter le Milan AC. Une rencontre toujours un peu particulière, entre les deux équipes les plus titrées d’Italie. Et deux équipes qui ont vécu une jolie semaine européenne.
Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. L’année dernière, il y a quelques mois pour être plus précis, la rencontre entre le Milan AC et la Juve était tout simplement le match pour le titre. Celui qu’il ne faut pas perdre. Celui qui vous envoie vers l’enfer ou vers le paradis, sans retour. À San Siro, les deux équipes s’étaient séparées sur le score de 1-1 avec, on s’en souvient, son lot de polémiques. Un but fantôme non accordé à Muntari, puis un but valable annulé pour hors-jeu à Matri. Ce nul avait, en quelque sorte, orienté la fin de la saison en Serie A. La Juve est sortie indemne de l’antre du champion en titre : un passage de témoin avant l’heure. Quelques semaines plus tard, la Vieille Dame remportait le Scudetto, en devançant de quelques points le Milan AC. La rencontre de ce soir, à Giuseppe Meazza, n’a pas grand-chose à voir, du moins au niveau de l’enjeu. La Juve est toujours au sommet. En tête du classement, vaincue seulement une fois par l’Inter. Milan, pour sa part, n’arrive pas à se sortir des sables mouvants. L’équipe de Massimiliano Allegri est aujourd’hui 12e du classement et compte, tenez-vous bien, 17 points de retard sur son adversaire du soir. Autant dire que ce Milan-là serait plutôt du genre à regarder derrière lui, que devant.
« La perfection n’existe pas »
Une chose, toutefois, lie ces deux formations : elles viennent toutes les deux de réaliser une magnifique prestation en Coupe d’Europe. La Juve a mis une fessée à Chelsea (3-0), champion d’Europe en titre, mettant ainsi de grandes chances de qualification de son côté. Milan, dans un groupe moins relevé, a déjà assuré l’essentiel. Les Rossoneri sont allés s’imposer 3-1 sur la pelouse d’Anderlecht (avec ce but dingo de Mexès), se qualifiant ainsi pour les huitièmes de finale avec un tour d’avance. Ce sont donc deux équipes euphoriques qui vont se retrouver ce soir à San Siro. Deux équipes qui ne s’aiment pas beaucoup, certes, et qui aimeraient chacune jouer un vilain tour à son adversaire. À Milan, on souhaiterait repartir de la deuxième mi-temps disputée contre Naples, la semaine dernière. Totalement acculés en première période, les Rossoneri se sont réveillés après la pause, sous l’impulsion d’un El Shaarawy en feu. Le petit Pharaon, déjà pièce-maîtresse de son club, en est déjà à 12 buts toutes compétitions confondues et porte littéralement le Milan AC sur ses épaules. Ou plutôt sur sa crête.
Après le match de Naples (2-2), Allegri a déploré les débuts de match de son équipe, qui contraignent toujours ses joueurs à partir avec un handicap. C’est arrivé contre Naples, mais aussi contre Palerme, la Lazio, la Fiorentina… Parfois, son équipe est parvenu à redresser la barre, comme en Sicile, mais la plupart du temps, le handicap est trop important pour réussir à le combler. Face à la Juve, Allegri veut donc réaliser l’entame de match parfaite. Et même un peu plus. « Contre la Juventus, pour obtenir un résultat, il va falloir faire un match non pas parfait parce que la perfection n’existe pas, mais quasiment… » , a-t-il affirmé, laissant entendre qu’il avait motivé ses garçons au maximum. Tabou de plus à rompre : depuis son retour en Serie A, lors de l’été 2007, la Juventus n’a perdu qu’une seule fois à San Siro. Bilan : un succès milanais (mai 2010), une victoire turinoise (octobre 2010) et trois matchs nuls. S’il y a bien un moment où les Milanais aimeraient offrir une telle joie à leurs tifosi, après un début de saison moisi, c’est maintenant.
Casse-tête en attaque et compte à rebours
Antonio Conte, lui, a d’autres chats à fouetter. Son équipe est actuellement dans une période cruciale de la saison. Avant la victoire contre Chelsea, il y avait eu ce match nul contre la Lazio (0-0), qui avait laissé beaucoup d’amertume au coach, au vu de la domination et des occasions créées par son club. Galvanisée par la victoire contre le champion d’Europe en titre, la formation turinoise compte bien désormais reprendre sa marche en avant, même si, la semaine dernière, son faux pas n’a pas eu d’incidence au classement, puisque l’Inter et Naples ont également fait match nul. Première indication : le duo Conte-Alessio ne va pas pouvoir compter sur Giorgio Chiellini, l’un de ses trois piliers de la défense. À sa place, il devrait titulariser Cáceres. À moins qu’il ne s’agisse du retour de Lúcio, que l’on a un peu tendance à oublier depuis qu’il est arrivé à Turin (en même temps, ses prestations n’ont pas cassé trois pattes à un canard, hein).
Le quid repose sur l’attaque. Éternelle problématique. Face à Chelsea, Vučinić, de retour au poste de titulaire après quelques semaines d‘absence, a été décevant. Ou du moins inconstant. Le Monténégrin a été remplacé à dix minutes du terme par Giovinco, qui s’est immédiatement distingué en inscrivant le dernier but turinois. Quagliarella, pour sa part, a marqué son petit but, confirmant qu’il est peut-être le plus efficace des attaquants juventini, même si on est encore loin des stats d’un Cavani ou, justement, d’un El Shaarawy. Pour le moment, c’est toutefois le duo Vučinić-Quagliarella qui semble en pole position, un revirement de bord étant toutefois toujours envisageable lors des dernières heures qui précèdent la rencontre.
Enfin, le compte à rebours a débuté pour le retour d’Antonio Conte sur le banc. Angelo Alessio dispute ce soir son antépénultième (oui oui) rencontre sur le banc turinois en tant que coach principal. Après le choc de San Siro, il aura encore l’honneur d’assurer l’intérim pendant le derby turinois de la semaine prochaine (encore une autre affaire), puis de disputer le match décisif en Ligue des champions face au Shakhtar. Après quoi, il rendra les clefs de la baraque au maître des lieux, qui pourra prendre place sur le banc lors d’un déplacement à Palerme le 9 décembre. On n’y est pas encore. Avant cela, il y a un sacré rendez-vous face au Milan AC. Le genre de match piège, contre une équipe en crise, et qui, du coup, va se donner à 200% pour tenter de relever la tête pour faire bonne figure face au premier de la classe. Le strict minimum, pour le « Grande Milan » .
Eric Maggiori