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Milan est mort debout !

par Chérif Ghemmour
Milan est mort debout !

Respect pour Allegri ! Respect pour les Rossoneri ! Ils ont été honteusement bafoués par la cohorte de professionnels de la profession qui volent depuis hier soir au secours de la victoire barcelonaise…

À So Foot.com, on ne retourne pas sa veste en l’espace de quinze jours quand les rapports de force s’inversent. Après le match aller, on avait loué la foi milanista qui avait avant tout permis d’étriller le Barça 2-0 à « Saint-Cyr » . On avait aussi mis en lumière la personnalité affirmée de la jeune Barbara Berlusconi, une des initiatrices du renouveau programmé du Milan AC depuis l’été dernier. Certains internautes avaient légitimement soupçonné un opportuniste et soudain tropisme « pro-milanais » à la suite d’un succès marquant contre l’ogre barcelonais : on va donc leur répondre aujourd’hui… Surtout, on avait constamment insisté sur le fait que le retour au Nou Camp serait très difficile. Les stats idiotes et les pourcentages débiles (19 % de chance de se qualifier pour le Barça, hein !), on s’en tapait. C’était se créer un faux suspense préalable à une fausse célébration du génie barcelonais (cf. la une de L’Équipe de ce matin : « Divin » , c’est too much). On rappelle quand même que la team de Xavi était favorite… Parce que le Barça reste le Barça, même battu deux fois par le Real, et parce que le Milan est en reconstruction. Dont acte : les Blaugranules se sont largement imposés. Les Catalans étaient bien les meilleurs et Messi a été sublime : sa frappe éclair sur son premier but est déjà un des buts du XXIe siècle (sic). Tout est donc resté dans l’ordre des choses. Sauf que… Pas un mot ou presque sur les vaincus magnifiques sur lesquels tout le monde s’essuie les pieds depuis hier soir. Entre autres, les trois commentateurs d’hier soir de la chaîne TV moyen-orientale : ils ont tous les trois été très « moyens » et très « orientés » . Ces trois-là nous expliquaient fastoche à coups de superlatifs combien le Barça était génial (merci, on le savait pas !), sans avoir un mot louangeur pour un Milan loin d’être nul. Le long silence glacé des trois commentateurs lorsque Niang s’est échappé vers son duel face à Valdés finalement raté en disait long sur le peu de considération pour ce « pauvre Milan surclassé dans tous les domaines » …

Allegri est grand !

Non, Milan n’a pas été surclassé 90 minutes durant. Après un premier quart d’heure délicat où il a pris un but très tôt (Messi, 6e), Milan s’est plutôt bien ressaisi en ressortant mieux le ballon en construction longue ou bien en procédant par contres. Enfin, le presque dernier quart d’heure a offert des possibilités, à l’image de ce dernier coup franc hyper mal joué en passes, plutôt que de balancer dans la boîte : le contre qui a suivi s’est conclu par un quatrième but qui n’a ravi que les convertis de l’avant-dernière heure (à 4-0, on a toujours une analyse très sûre des évènements…). Mais dans l’ensemble, côté Milan, c’était bien sûr à la fois peu, mais aussi beaucoup ! Car en face, c’était quand même du (très) bon Barça, expérimenté, au complet et à dom. Et c’est là qu’il faut donc rendre hommage à Massimiliano Allegri. Fidèle à la philosophie milanaise, il a choisi d‘aligner trois attaquants et il a maintenu un bloc moyennement bas (en tout cas, pas recroquevillé à onze dans ses 16 mètres). Vous en connaissez beaucoup des coachs qui jouent le Barça avec trois attaquants positionnés relativement haut (pour mieux contrer rapidement) ? Car Allegri a pris le risque de couper un peu son bloc, laissant beaucoup d’espaces dans sa propre moitié. Et ça a failli marcher ! Dommage que El Shaarawy ait écrasé sa frappe (34e) et que Niang ait frappé le poteau (38e). Cruellement, c’est quasi sur le retour de ratage du jeune Français que Messi a planté le deuxième clou du cercueil milanais.

Allegri avait choisi de se qualifier en prenant des risques : en jouant et non en détruisant tactiquement et physiquement. Personne n’a noté l’extrême correction des Milanais : seulement trois cartons jaunes (Boateng, Mexès, Flamini) pour des fautes pas méchantes. C’aurait été tellement plus simple de casser Messi, Xavi et Iniesta (tous très bons hier soir) façon Pepe du Real … Pour faire un beau match, il faut être deux : Allegri a célébré le jeu et encouragé ses joueurs à le célébrer avec lui. Milan est trop classe pour être crasse. Qui voulait d’une défense à la muerte du style Real, Chelsea ou l’Inter du Mou ? Pas d’antijeu, pas d’énervement, pas de désunion : ce Milan a bien une âme. Pour ce match crucial, Allegri a également fait le choix de la jeunesse, un peu obligé, certes (Pazzini blessé et Balotelli non qualifié) avec El Shaarawy, Niang, Constant. Il faut pardonner aux deux premiers et louer le troisième : Allegri bâtit pour le futur. Pas la peine non plus de remettre en cause l’équipe de départ de ce Milan, ainsi que le coaching ultérieur avec les entrées de Robinho, Bojan et Muntari (petits regrets quand même pour Muntari, pas titulaire ?) : Allegri avait un plan, une philosophie et un scénario. Il a perdu, mais il est mort avec ses idées : c’est ça la marque des grands. L’une des plus belles images de ce match, c’est Massimiliano sur la ligne de touche : on est à la 87e minute, son équipe est menée 3-0, mais le gars y croit encore ! Posément, il dirige la manœuvre, encourage, exhorte à jouer devant en construisant…

Du bon Machiavel…

Dans un chapitre de son livre Le Prince, Nicolas Machiavel expliquait l’art d’accommoder certaines défaites en futures victoires. Pour ceux que ça intéresse, c’est ce qu’a fait Nicolas Sarkozy en mai dernier : il a parfaitement réussi sa sortie en associant son vainqueur, François Hollande, aux cérémonies du 8 mai. Ça lui servira plus tard… Côté milanais, on vient de voir comment en restant fidèle à son projet de jeu et tout en reconstruisant avec des jeunes, Allegri avait semé les graines des futurs succès milanais. Et ce, malgré la défaite cuisante d’hier soir. Le plus beau, c’est que Massimiliano ne sera probablement plus là pour célébrer ces futures victoires. Et alors ? Ici, c’est Milan : l’institution demeure et chacun travaille à sa perpétuation. Et c’est là, plus dans la défaite que dans la victoire, que les mots de Barbara Berlusconi prennent tout leur sens : « Pour évaluer une stratégie comme la nôtre, il faut peut-être 10 ans. Ceux qui n’évoluent pas aujourd’hui le paieront plus tard. Je ne peux pas vous dire : telle année, nous regagnerons la C1. Mais notre objectif est de redevenir un club qui peut la remporter chaque saison. » Sauf revente problématique du club (toujours d’actualité), qui veut parier que Milan ne sera pas très bientôt à nouveau champion d’Italie puis champion d’Europe ?

Ça, c’est pour le sportif. Et il y a l’image. L’image classieuse de l’institution, justement. Allegri toujours : « Le Barça reste ce qu’il est : la meilleure équipe du monde. Il peut bien sûr perdre quelques matchs, comme il l’a fait à l’aller où nous avions très bien joué. Mais il reste la meilleure équipe du monde, avec trois joueurs qui vous facilitent forcément la tâche : Messi, Iniesta et Xavi. Pour notre équipe, il lui reste à mûrir, ce qui est normal, et à tenter de se qualifier pour la prochaine Ligue des champions via le Championnat. » Pas mal, non, cet hommage au vainqueur ? Et puis Massimilino parle aussi d’avenir. On le répète : l’élimination d’hier soir est plus porteuse d’espoirs que de deuil. À l’image du coach Allegri, mais aussi des joueurs, tous exemplaires dans la défaite, comme l’exigeait Barbara : « Ils doivent comprendre dans quel club ils évoluent. (…) L’image, les valeurs du club font aussi partie de la stratégie globale. »

Allez ! Pour finir, une belle anecdote sur ce qu’est le Grande Milan éternel… La scène se passe en mai 1993 dans les vestiaires de l’OM au stade olympique de Munich, juste après la victoire des Marseillais vainqueurs de la C1 contre Milan (1-0, Boli). Silvio Berlusconi, costard classe et sourire de beau perdant, débarque et s’en va saluer un à un tous les joueurs marseillais, leur glissant à chacun un petit mot de félicitations. Il finit ensuite en accordant une petite interview au journaliste de TF1 escorté de Bernard Tapie, totalement bluffés par l’hyper fair-play du boss du Milan AC. Silvio s’en explique, tout sourire : « Ma, c’est normal de féliciter les Marseillais. L’OM est un beau vainqueur : ce soir, les Marseillais étaient les plus forts. » Le journaliste de TF1 s’étonne à nouveau de sa sportivité souriante… Alors Silvio, se tournant vers Bernard Tapie, leur balance, suave : « Ma, oui ! Il faut toujours sourire parce que moi, je sais que, l’année prochaine, je serai encore en finale de la Ligue des champions, mais vous, les Marseillais, est-ce que vous y serez ? » Un an plus tard, pile, le Milan avait détruit le Barça de Cruijff 4-0…

Géorgie : le roman de Sagnol

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