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Mickaël Gaffoor : « Si je n’étais pas parti, je jouerais aujourd’hui en corpo »

Propos recueillis par Robin Delorme
Mickaël Gaffoor : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Si je n&rsquo;étais pas parti, je jouerais aujourd&rsquo;hui en corpo<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Expatrié de l'autre côté des Pyrénées depuis 2007, le natif de Bezons a traversé l'Espagne du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Aujourd'hui au CD Mirandés, son sixième club, il raconte son parcours au second échelon espagnol, entre factures impayées, soleil andalou et rêve presque exaucé.

Tu as trouvé tes marques dans ta nouvelle ville de Miranda de Ebro ?

Miranda est une petite ville, donc je n’ai pas trop tardé à prendre mes marques. Et qui dit petite ville dit des habitants très accueillants et donc une intégration assez rapide. La vie locale tourne de toute façon beaucoup autour du club, tous les gens que je croise m’en parlent. C’est une super atmosphère pour jouer au football. Pour comparer avec la France, je dirais que ça ressemble un peu à Guingamp.

Tu en es à ta sixième ville espagnole. Quel cadre de vie as-tu préféré ?

De loin, la partie de l’Espagne que j’ai préférée est Murcie. La première raison, c’est que j’ai rencontré ma femme là-bas. Et puis j’aime beaucoup le style de vie à la coule, le climat méditerranéen, tu n’es pas loin de la plage… C’est une certaine idée du paradis pour moi. Quand j’aurais fini ma carrière footballistique, j’espère bien retourner y habiter.

Saint-Étienne ne te manque pas trop à ce niveau-là ?

Pas du tout (rires). J’y ai passé de super années, mais la France en général ne me manque pas du tout.

Lorsque tu n’as pas été conservé par Saint-Étienne, tu as pensé ne jamais devenir joueur professionnel ?

Quand on m’a appris que je n’étais pas conservé, j’ai voulu ranger le football dans la case appartenant au passé. Finalement, Rodez a su me convaincre de partir en CFA. Collectivement, ça a été une très bonne année, puisque l’équipe a su monter en National. À un niveau personnel, ça a pourtant été une énorme galère cette saison. C’est simple, je n’ai presque pas joué… L’Espagne a été mon eldorado.

Justement, comment as-tu atterri en 2007 au club de Sangonera Atlético ?

Par un concours de circonstances improbable. J’étais sur Paris, à faire un foot avec des potes et mon cousin. J’y rencontre une personne qui avait évolué en Espagne. Au cours de la conversation, il se propose de me trouver un essai dans un club espagnol. J’ai dit oui, sans pour autant trop le prendre au sérieux, puisque je ne le connaissais ni d’Eve ni d’Adam. Mais, une semaine plus tard, il m’appelle en me disant qu’il faut que je me rende à Alicante dès le lundi. J’ai pris le risque de m’y rendre, sans la confirmation que quelqu’un m’attendait là-bas. Finalement, la chance a tourné, et me voilà aujourd’hui à Miranda. Sinon, je serais revenu en France pour jouer en corpo avec l’entreprise qui m’avait embauché…
Petit à petit, les autorités ont su mettre en place un cadre bien plus strict où les abus étaient punis. On est quand même super loin de la DNCG française…

Tu passes ensuite trois ans dans les réserves du Real Saragosse et du Celta de Vigo. Le fonctionnement des clubs de Liga est-il vraiment si différent de celui des clubs de l’Hexagone ?

Il y a déjà une grande différence au niveau de la formation. Je ne dois pas être le premier Français à le dire, mais en Espagne, ils privilégient la technique au physique. Le ballon est au cœur des clubs. L’autre grande différence est le rôle accordé aux équipes réserves. En France, si tu n’es pas conservé après 19, 20 ans, tu peux dire adieu à l’équipe réserve et quitter le club. Ici, le rôle des équipes filiales est bien différent. On peut trouver des joueurs plus âgés dans ces équipes, les dirigeants laissent plus de temps au joueur pour qu’il explose. Je suis resté jusqu’à mes 24 ans avec la réserve du Celta, une chose qui n’aurait pas été possible en France.

Tu es même tout proche d’intégrer l’équipe première du Celta… C’est ton plus grand regret depuis ton arrivée en Espagne ?

Pas vraiment. Lorsque j’étais à Saragosse, j’avais déjà eu l’occasion de montrer ce que je valais avec l’équipe première. Malheureusement, j’ai fait un mauvais match amical et, en plus, je me suis blessé… Bref, je n’ai pas su saisir ma chance. Au Celta, c’était un peu le même cas de figure. J’ai fait toute la pré-saison avec l’équipe première, mais je ne correspondais pas au profil recherché par l’entraîneur. J’ai donc choisi d’être prêté à Guadalajara en Seconde Division. À partir de ce moment-là, tout a bien fonctionné pour moi, donc je ne parlerais pas de regret par rapport à ce qui a pu se passer à Vigo.

Ton défi footballistique reste de jouer en Liga ?

Oui, c’est exactement ça, un défi. J’espère pouvoir évoluer un jour dans cette grande compétition qu’est la Liga. Mais cela demande beaucoup d’efforts et un peu de chance.

La Liga Adelante est considérée comme un championnat très compliqué car très homogène. À raison ?

Je n’ai jamais évolué dans un championnat aussi serré. Il y a quelques années, l’écart entre les équipes de haut de tableau et celles du bas était énorme. Depuis, cet écart s’est beaucoup resserré. À tel point que tu ne peux pas donner de favoris à la montée et de candidats à la descente. Par exemple, lorsque Eibar monte en première division, il était tout juste promu en Liga Adelante. Chaque adversaire est dangereux, tu ne peux jamais te relâcher. Plus que le talent, c’est vraiment l’envie et le travail qui sont récompensés à la fin de la saison.

Depuis ton arrivée, la situation économique de la seconde division s’est-elle améliorée ?

Le contexte économique a nettement changé en Liga Adelante. Le football espagnol est en avance sur les autres dans le jeu, mais très en retard au niveau du cadre légal. En Angleterre ou même en France, le contrôle économique est très rigoureux. Ici, de nombreux clubs étaient bien incapables de payer leurs joueurs à la fin du mois. Petit à petit, les autorités ont su mettre en place un cadre bien plus strict où les abus étaient punis. On est quand même super loin de la DNCG française…
C’est fou quand même, en 2015, d’avoir de tels écarts entre deux pays de l’UE. La différence est grande dans les salaires, mais le coût de la vie est plus ou moins similaire.

Tu es arrivé en Espagne au tout début de la crise financière. Tu as dû connaître quelques galères ?

Lorsque je suis arrivé en 2007, le club de Sangonera Atlético m’a toujours payé. C’était la dernière année normale avant la crise. Ensuite, je suis resté quelques années à Saragosse et au Celta. Ce sont des clubs plus structurés, du coup j’ai reçu tous mes salaires en temps et en heure. À Guadalajara, mon premier club de deuxième division, la situation est devenue plus complexe. Pendant plus de cinq mois, personne dans l’équipe n’a reçu le moindre euro. Ce sont des moments difficiles… Pour faire face, il faut avoir mis un peu de côté pour assurer tes arrières. Et si ça ne suffit pas, il faut demander de l’aide à la famille.

Le gouffre entre les locomotives du football espagnol et le reste se comble-t-il ou, au contraire, s’agrandit-il ?

Ça bouge un petit peu. Mais le gouffre économique reste énorme entre la première et la seconde division. Il n’y a qu’à regarder la répartition des droits télés en Liga… Imagine alors un peu l’écart avec les clubs de seconde zone : il est gigantesque. On ne boxe pas dans la même cour.

Aujourd’hui, tu referais le même choix de quitter la France pour l’Espagne ?

L’idée de rejouer en France ne me déplairait pas. Mon club de cœur a toujours été le PSG, mais ça fait longtemps que j’ai fait une croix dessus (rires). Mais, dans l’hypothèse où un club de Liga et un club de Ligue 1 m’approchent, je choisirai sans hésiter le championnat espagnol.

L’importance du football en Espagne te dépasse-t-elle parfois ?

Oui, mais c’est tant mieux. Ici, la ferveur est présente dans toutes les villes. La Liga Adelante est essentiellement composée de villes moyennes, voire petites. De fait, on se retrouve avec des stades pleins presque à chaque fois, avec de grosses ambiances. Même les ambiances hostiles sont plaisantes. Ici, ils ont compris que le foot devait être une fête. Le club qui m’a le plus touché à ce niveau-là, c’est le Celta. À Vigo, les gens étaient vraiment suspendus aux résultats du Celta. Une défaite, et l’ambiance était pourrie pendant la semaine. En revanche, si tu gagnais, tu étais le roi de la ville.

Tu imagines ta reconversion en Espagne à la fin de ta carrière ?

Oui, surtout que ma femme est espagnole et ne parle pas super bien français. Et tout bonnement parce que je m’y sens bien. Reste que le contexte économique va beaucoup jouer à l’heure de prendre cette décision. La différence entre les salaires français et espagnols est vraiment très importante. En France, ça a beau ne pas être la joie, tu restes bien mieux payé qu’en Espagne. C’est fou quand même, en 2015, d’avoir de tels écarts entre deux pays de l’Union européenne. Surtout que la différence est peut-être grande dans les salaires, mais le coût de la vie est plus ou moins similaire. Tout dépendra de ce que j’arrive à trouver… J’aimerais bien rester en relation avec le foot, que ce soit en tant qu’entraîneur, dirigeant ou agent. De toute façon, c’est le milieu que je connais le mieux. Et, comme on dit ici, les coéquipiers d’aujourd’hui seront les entraîneurs de demain.
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Propos recueillis par Robin Delorme

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