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Megan Rapinoe, profession ventilo

Par Mathieu Rollinger, au Parc des Princes
Megan Rapinoe, profession ventilo

Alors qu'elle a fait de la lutte contre les inégalités son cheval de bataille, Megan Rapinoe a surtout illustré ce vendredi soir le monde qui séparait les Françaises des Américaines. Auteure d'un doublé, l'attaquante pourra encore profiter de ce Mondial pour s'opposer à son propre gouvernement, tout en servant son pays.

Megan Rapinoe traîne depuis toujours le rôle d’une activiste. Celle qui s’obstine à ne pas se tenir le cœur, à bouger les lèvres quand retentit The Star-Spangled Banner ou à affirmer qu’elle ne mettra pas le pied « à la putain de Maison-Blanche » , afin de ne pas servir la soupe à un président auquel elle s’oppose. « Je ne pense pas que j’irai et j’encourage mes partenaires à réfléchir à cette tribune, qui pourrait se télescoper avec une administration qui ne pense pas comme nous et ne se bat pas pour les mêmes choses que ce pour quoi nous nous battons. » Donald Trump a beau pester sur Twitter, grognant que « Megan ne devrait jamais manquer de respect à notre pays, à la Maison-Blanche et à notre drapeau » , cela ne l’empêchera pas de militer pour l’égalité.

Celle concernant sa profession, puisqu’elle est fait partie des 28 joueuses internationales à avoir déposé plainte contre sa Fédération pour « discrimination sexiste généralisée » par rapport à la différence salariale et d’investissement entre les sélections masculines et féminines (comme elle l’avait déjà fait en 2016 avec quatre autres partenaires). Emblème LGBT, Rapinoe milite aussi contre des injustices plus larges que sa propre condition, car l’attaquante du Reign de Seattle soutient publiquement depuis 2016 le footballeur américain Colin Kaepernick dans son boycott de l’hymne pour protester contre les violences policières à l’égard des noirs. Un gros caractère et une indépendance dans ses idées qui ne l’empêchent pas, tour après tour, de rapprocher la Team USA de la Maison-Blanche, où sont traditionnellement reçus les sportifs qui portent haut les couleurs américaines. Comme si ses performances alimentaient le débat qu’elle ouvre.

Super-héroïne d’un pays qu’elle ne comprend pas

Ce vendredi soir, c’est elle qui a éteint les rêves de la France au Parc des Princes. Et cette justicière a plutôt mis fin aux aspirations des Bleues, comme si un combat se faisait forcément au détriment des autres. L’ailière américaine a rapiécé de deux coups de ciseaux la liste de vœux des Françaises. Celles-ci rêvaient de s’offrir un match d’anthologie et de véritablement lancer leur épopée dans une Coupe du monde à domicile, mais Megan Rapinoe s’est chargée de leur couper les jambes d’entrée, envoyant son coup franc brossé entre les membres d’Amandine Henry, Griedge Mbock et Sarah Bouhaddi pour faire trembler les filets. Une belle brochette qui aurait pu profiter de cet électrochoc pour réellement entrer dans son match, sauf que la mèche rose restait une menace constante, profitant de sa complémentarité avec la pointe Alex Morgan.

Le vétéran (33 ans), malgré ses traits tirés et les quelques tampons encaissés, a même planté une dernière banderille dans le flanc tricolore juste après l’heure de jeu en reprenant avec sang-froid un centre de filant de Tobin Heath. Les Américaines ont pu mettre en marche leur rouleau compresseur uniquement par séquences, souvent en début de période, mais cela a suffi pour garder à distance une équipe de France à réaction. « On a su exploiter le peu d’occasions qu’on a eues, récapitulait-elle. Alex (Morgan) a dégagé des espaces devant. Mais elles ont été bien meilleures que nous, dans la circulation et l’utilisation du ballon, plus dangereuses offensivement. » De son côté la vedette a inscrit ici son quatrième et son cinquième but de la compétition. Un doublé, comme lundi dernier face à l’Espagne. De quoi renforcer son costume de super-héroïne d’un pays qu’elle ne comprend pas toujours.

Get up, stand up

Pour sa sélectionneuse Jill Ellis, cette femme est un phénomène de maîtrise : « J’ai l’impression que Rapinoe est de plus en plus forte. Elle vibre dans ces moments. Je la voyais jouer, Megan sait quoi faire dans ces moments difficiles. Plus on augmente la pression, plus elle surmonte tout ça. » La France l’a bien compris, Megan Rapinoe se nourrit de ce genre de climat pour continuer de porter ses messages. « Je suis motivée quand je suis entourée de gens comme moi, ceux qui se battent pour les mêmes choses que moi, assurait-elle à l’issue du match. Je tire plus d’énergie à réaliser ce genre de performances que d’essayer de prouver que tout le monde a tort tout le temps. »

Ainsi, sa meilleure tribune reste un terrain de foot, là où elle existe et là où elle montre qu’elle est dans le vrai. Les filles de Corinne Diacre s’en rendront peut-être compte un peu plus tard, mais c’est une grande dame qui leur a retiré leurs espoirs. Avant la rencontre, on lui demandait si ses prises de position anti-Trump participaient à la rendre plus populaire en France. « Je pense que j’étais déjà populaire ! On avait déjà joué ici avant » , répondait-elle malicieusement. Aujourd’hui, après avoir fait autant de mal à l’équipe de France, sa cote de popularité a certainement chuté. Mais certainement pas celle de sa respectabilité.

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