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Mattuschka, la « Tusche » frisson d’Union Berlin

Par Julien Mechaussie, à Berlin
Mattuschka, la «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Tusche<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» frisson d&rsquo;Union Berlin

Après la trop longue trêve hivernale, reprise ce week-end du seul championnat allemand avec encore du suspens, la 2. Bundesliga. Avec les ingrédients de l'étage supérieur : des stades pleins, des rivalités historiques et des pelletées de buts. Cerise sur la saucisse qui dépasse de son petit pain, Thorsten « Tusche » Mattuschka, meneur de jeu et idole du 1. FC Union Berlin. L'histoire d'un bonhomme qui fait la meilleure saison de sa carrière... à 33 ans.

« Je n’ai jamais voulu partir. » Des mots prononcés en octobre dernier venus sceller un amour passionné. Entre Torsten Mattuschka et le 1. FC Union Berlin, c’est à la vie, à la mort. Rares sont les joueurs aujourd’hui qui se voient offrir, à 33 piges, une prolongation de contrat de deux ans plus une option d’une année supplémentaire. Demandez à Arsène. Mais du côté du quartier de Köpenick, la tanière du club de l’ancien Berlin-Est, impossible d’imaginer un week-end sans Mattuschka. Et quand « Tusche » n’est pas là, la sanction tombe. Comme lors de ce match à Cologne à l’automne dernier, comptant pour la 13e journée avec en jeu la première place du classement. Suspendu, le capitaine fait quand même le voyage et assiste à une belle raclée et une défaite 4 buts à 0. Sans Mattuschka, Union est perdu.

Can’t take my eyes off you

Pourtant, le jeu de Mattuschka a de quoi exaspérer les plus fidèles de l’Alte Försterei, l’enceinte d’Union. Un Riquelme du pauvre : un 10 à l’ancienne bien calé derrière une ou deux pointes qui court à l’économie, ne se risque pas sur les côtés et aime caresser la gonfle plus que de raison. Pourtant, Tusche est adulé par son peuple rouge et blanc. Avant chaque match à domicile, chaque joueur d’Union est gratifié d’un « Fussballgott » (Dieu du football) à l’annonce de la composition de l’équipe, repris par plus de 20 000 supporters qui assurent l’une des plus belles ambiances du pays. Et à chaque fois, c’est bien Mattuschka qui l’emporte au sonomètre. Depuis trois ans, il a même son propre chant. Des paroles qui claquent sur l’air de Can’t take my eyes off you du magnifique Frankie Valli : « Torsten Mattuschka, tu es notre meilleur homme, Torsten Mattuschka, tu fais des trucs que personne d’autre ne peut faire, Torsten Mattuschka, mets-la au fond pour le club. » Le tout soufflé en boucle à pleins poumons par les fous de l’Alte Försterei à chaque coup franc et corner tirés par le numéro 17, et même après les matchs.

Tusche est ce qu’on appelle ici une « Identifikationsfigur » . Plus qu’un joueur, un homme qui incarne les valeurs d’un club aux racines ouvrières. À Köpenick, quartier industriel historique de Berlin, on aime la sueur et le travail. Encore plus lorsque ces valeurs se sont forgées en ex-RDA. Né à Cottbus en 1980, il démarre sa carrière dans le club de sa ville, à l’Energie, dans l’Est de l’Allemagne. Lui aussi aurait pu écouter la Scred Connexion en 1999 : parti de rien, il est arrivé à ce qu’il visait. Jamais dans la tendance, mais toujours dans la bonne direction : quatre petites apparitions lors de la saison 2002/2003 en Bundesliga, puis deux saisons blanches à l’étage inférieur le conduisent à Union dans la ligue régionale Nord, l’ancienne troisième division allemande. Une époque bien révolue où Union jouait dans un stade proche de la ruine et où les caisses étaient vides. Trois ans plus tard et à 29 ans, Tusche lance enfin sa carrière et joue un rôle décisif dans la montée en seconde division en 2009. Il enchaîne alors les saisons à plus de 30 matchs et les coups francs bien placés. Comme ce 5 février 2011 quand Mattuschka gagne ses habits définitifs de Fussballgott. Derby de feu entre le Hertha Berlin et Union, au stade olympique, 75 000 personnes pour un match de 2e division, et une victoire historique deux buts à un de l’underdog chez le puissant voisin de l’Ouest. Le but de la victoire ? Facile : Torsten Mattuschka sur coup franc à la 71e (à 3’43).

On parle quand même d’un mec qui joue dans la même catégorie que Cristiano Ronaldo aka CR7. Des articles de merchandising portent en effet depuis quelques semaines la griffe M17 et Tusche se fait même mannequin pour une ligne de costume trois pièces. Pour autant, le numéro 17 n’est pas une star. On l’aime surtout parce qu’il fait partie de la famille Union, parce qu’il n’a pas changé, parce qu’on le croise en semaine à la station-service officielle du club à faire son plein.

La « Tuscherolle »

Connu pour sa capacité à prendre du poids, la légende raconte qu’en passant juste en voiture devant un MacDo, Mattuschka prendrait directement deux kilos. Mais tout le monde s’en fout, à l’image de Laurent. Ce Luxembourgeois de 37 ans et Berlinois d’adoption a attrapé très vite le virus Union et a vécu l’apparition du phénomène Mattuschka. Comme beaucoup d’autres Unioner, il a du mal avec la spéciale du meneur de jeu, appelée la « Tuscherolle » : contre-attaque d’Union, passe à Mattuschka qui met ses fesses en arrière, fait trois tours sur lui-même pour protéger son ballon et voilà tout le bloc adverse qui a eu le temps de se remettre en place. Mais avec un bilan de 196 matchs et 48 buts, Tusche est entré dans le cœur de Laurent : « L’équipe a grandi autour de lui, il est arrivé quand on était au fond du trou et cette année, à l’image du club, il fait sûrement sa meilleure saison. » Selon Kicker, journal sportif de référence en Allemagne, Mattuschka est le meilleur milieu offensif de la saison en cours en 2. Bundesliga. Car Union tourne bien, très bien même. Avant d’accueillir aujourd’hui le Dynamo Dresde, les Rouge et Blanc sont à la 5e place du classement à seulement quatre points de la 3e place, synonyme de barrages pour la montée. Et c’est sûrement l’une des principales raisons de cet amour sans limite pour Tusche : il est l’un des derniers représentants de l’époque loser d’Union. De ces années où les yuppies des quartiers branchés ne venaient pas encore se risquer sur le chemin rempli de boue qui traverse une forêt et mène à l’Alte Försterei. Alors que le Hertha a depuis retrouvé la Bundesliga, Union a lui entre-temps bien grandi. Un magnifique stade à l’anglaise rénové à 22 000 places avec le soutien des supporters, un budget à l’équilibre et un objectif clair, retrouver l’ennemi intime à l’étage supérieur dès la fin de cette saison. Et quand on demande à Tusche s’il manque encore quelque chose à l’Alte Försterei, la réponse fuse : « La Bundesliga ! Et quand le Bayern et Dortmund viendront ici, ils verront ce qu’est un vrai stade de football. »

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Par Julien Mechaussie, à Berlin

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