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Marta bonheur

Par Mathieu Rollinger
Marta bonheur

Dimanche soir, c'est un monument du football qui a probablement disputé sa dernière rencontre internationale. Car Marta n'est pas une otarie avec du rouge à lèvres, comme ses détracteurs pouvaient la décrire. La Brésilienne est certainement la meilleure des ambassadrices que les footballeuses pouvaient avoir, à l'heure où la discipline était en plein essor.

Le Brésil a bien tenté de faire durer le plaisir, mais il devra se contenter de trente minutes de prolongation. Pas plus. Le parcours de la Seleção s’arrêtera au stade des huitièmes de finale, et celui de sa super star Marta également. Elle qui n’était pas sûre de pouvoir tenir un match entier, à cause des séquelles d’une blessure à une cuisse subie à la veille du Mondial (et lui faisant rater le premier match face à la Jamaïque), était pourtant sur le champ de bataille jusqu’au bout, pour se battre au milieu de ses compatriotes. Finalement, la défaite face à la France (2-1 ap) n’était pas l’information centrale de la soirée pour elle. « Il faut apprécier ce résultat à sa juste valeur. On réclame du soutien, mais il faut savourer ce qu’on a fait, clamait-elle à la sortie du match, larmes aux yeux et gorge déployée. On sourit aujourd’hui et je crois que c’est primordial. Il faut en vouloir plus, s’entraîner plus, être prête à jouer 90 minutes, plus 30 minutes et toutes les minutes nécessaires. C’est ce que je demande aux filles. » Finalement, là était l’essentiel.

Marta mystère

Car ce match était probablement le dernier de Marta au niveau international, elle qui porte le maillot des Canarinhas depuis 2002 et cinq éditions de la Coupe du monde. C’est certainement ce qu’il fallait comprendre lorsqu’elle précisait que « Formiga n’est pas éternelle, Marta non plus, Cristiane non plus » . Sur la pelouse du Havre, le numéro 10 a fait ses 33 ans. Entre quelques éclairs, rappelant le monument auquel on avait affaire, quelques dribbles bien sentis ou un aperçu de sa lecture du jeu par séquences, c’est surtout son manque de vitesse et de percussion qui étaient remarquables. Et si l’attaquante était si précieuse aux Brésiliennes, au-delà de ses buts inscrits dans le tournoi — Cristiane (4) et Marta (2, tous sur penalty) ont marqué l’ensemble des 6 pions de leur équipe —, c’est surtout par son aura.

Nouvelle détentrice du record de buts inscrits en Coupe du monde (17), hommes et femmes confondus, et devançant donc Miroslav Klose, elle laissera un vide que le sélectionneur Vadão ne compte pas combler immédiatement. « Des joueuses comme Marta ou Cristiane continueront à évoluer avec la sélection encore quelques années » , assurait-il dimanche soir, avec la perspective des JO de Tokyo en 2020, et éventuellement un Mondial 2023 que le Brésil se verrait bien organiser. Les négociations peuvent commencer, mais dans son message plein d’émotion et de sagesse, Marta laissait plutôt entendre qu’il était temps de passer le flambeau à une nouvelle génération, celle qui a été bercée par ses exploits.

« Les femmes prennent aussi bien soin du ballon que les hommes »

Le jour où la « Rainha » raccrochera officiellement, il faudra peut-être se pencher sur ce qu’elle représentait au-delà de son surnom générique de « Pelé au féminin » . Élue à six reprises meilleure joueuse de la FIFA (de 2006 à 2010 et en 2018), Marta est la joueuse dont le football féminin avait besoin dans les années 2000 pour se débarrasser de certaines étiquettes. Son principal outil ? Une qualité technique sans commune mesure avec ce qu’on pouvait observer chez les filles, se posant dans la lignée d’un Ronaldinho qu’elle admirait tant. Une artiste balle au pied, une vorace face au but, mais surtout une formidable ambassadrice de son sport. Tête de gondole médiatique, elle devrait continuer à le promouvoir une fois sa carrière achevée. « Si j’étais en charge de la promotion du football féminin dans le monde entier, je ferais davantage la publicité de tous les aspects positifs de ce sport et je créerais plus d’équipes de football dans les écoles, écrivait-elle dans une chronique pour le Guardian en 2018. Je ferais aussi ce que je fais depuis mon enfance : prouver que les femmes prennent aussi bien soin du ballon que les hommes. »

Ce qui est d’autant plus intrigant avec la figure Marta, c’est aussi qu’elle est une reine sans couronne. Une petite Ligue des champions lors de son passage en Suède, avec Umeå en 2004, une Copa Libertadores avec Santos en 2009, quelques titres nationaux glanés entre la Suède (7) et les États-Unis (2), mais rien de gargantuesque. En sélection, son palmarès ne compte « que » trois Copa América (2003, 2010, 2018) et deux médailles d’or aux Jeux panaméricains (2003). Rien sur la scène intercontinentale, si ce n’est des finales perdues aux JO 2004 et 2008 ou du Mondial 2007. Alors pourquoi aucune Américaine ou Allemande, parmi les nations triomphantes, n’a su arriver à son niveau de notoriété ? Parce que Marta incarnait ce football romantique, spectaculaire et passionnant et qui finalement a été le meilleur argument du foot féminin pour continuer son essor. Derrière Marta, difficile d’identifier la relève. La Norvégienne Ada Hegerberg, premier Ballon d’or de l’histoire et considérée comme meilleure footballeuse de la planète actuelle, n’est pas de la partie en France, quand Alex Morgan est plus une icône américaine qu’universelle. D’où certaines craintes, partagées par Marta en personne. « Le foot féminin dépend de vous pour survivre ( « vous » incluant les femmes au sens large, mais aussi les joueuses, N.D.L.R). Pensez à ça, savourez. Pleurez au début pour sourire à la fin. » Ce qui devrait effectivement arriver au Brésil, pays en quête d’un nouveau souffle, quand la dame annoncera son vrai départ.

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La galère continue pour la sélection brésilienne
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