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Marinette Pichon : «Pas des garçons manqués !»

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Marinette Pichon : «Pas des garçons manqués !»

112 sélections pour 82 buts chez les Bleues. S'il y a bien quelqu'un capable de diagnostiquer l'état du football féminin hexagonal, c'est Marinette Pichon. A deux jours du second match en Coupe du Monde contre le Canada, l'ex-buteuse attitrée livre son verdict.

Que faites-vous depuis votre retraite sportive ?

Je travaille, comme je l’ai toujours fait durant ma carrière sauf lorsque je jouais aux États-Unis. Actuellement, je suis responsable communication au sein du service des sports du Conseil Général de l’Essonne.

Vous avez mis un terme à votre carrière assez jeune (32 ans). Vous n’avez pas de regret lorsque vous voyez votre ex-capitaine, Sandrine Soubeyrand, toujours là, à bientôt 38 ans ?

Non, pas du tout. J’avais d’autres projets de vie tout simplement, comme une envie de passer à autre chose. C’est sur que notre échec durant les éliminatoires de la Coupe du Monde 2007 a pesé à l’époque dans ma décision : marre de faire des efforts, des sacrifices, sans résultat au bout.

Vous vous intéressez toujours à cette Équipe de France ?

Oh oui. J’ai suivi tout leur parcours en qualification, les matchs amicaux de préparation et bien sûr, leurs premiers pas dans cette Coupe du Monde contre le Nigéria. Je serai également devant ma télé jeudi, pour la rencontre contre le Canada.

Vous n’avez pas l’attention de vous déplacez là-bas ?

Non, il ne faut pas exagérer. Si j’ai arrêté le foot, ce n’est pas pour passer mon temps au bord d’un terrain.

Ce match contre le Canada, vous le sentez comment ?

Ca sera forcément un match engagé puisque le Canada est déjà au pied du mur après sa défaite contre l’Allemagne. Les Canadiennes proposent un jeu assez physique, elles ont des gabarits difficiles à bouger. Elles risquent de miser là-dessus étant donné que nos joueuses sont plutôt menues. Néanmoins, ça devrait quand même être un beau match puisque les Françaises ont tout intérêt à jouer. Si elles gagnent demain, elles assureront la seconde place du groupe et donc leur qualification.

Jusqu’où peuvent aller ces Bleues ?

Déjà dans un premier temps, je les vois sortir de leur poule. Après, au regard des matchs qui ont déjà eu lieu dans le groupe B et notamment du match nul de l’Angleterre, on pourrait même les imaginer passer les quarts et atteindre les demies. Après, qui sait ? Jouer les Allemandes en phase de poules n’est finalement peut-être pas une si mauvaise chose pour elles puisque ces deux équipes ne pourront plus se rencontrer avant la finale. Ça ferait d’ailleurs une belle affiche.

L’Équipe de France d’aujourd’hui est-elle plus forte que celle de Marinette Pichon en 2007 ?

Largement ! Elle est bien plus solide. Devant, il y a de vraies machines à marquer des buts comme Marie-Laure Delie ou Gaëtane Thiney. Au milieu de terrain aussi, c’est vraiment costaud. Quand on aligne Camille Abily, Louisia Nécib et Élise Bussaglia, c’est quand même sympa. C’est un groupe qui a appris à vivre ensemble et à surmonter l’échec de 2007. Il faut également saluer le travail de Bruno Bini, le sélectionneur.

Vous avez joué aux États-Unis pendant deux saisons. Comment expliquer que la culture du football féminin soit aussi développée là-bas ?

Plusieurs raisons à cela. Cela tient d’abord aux moyens financiers mis à disposition : plus d’infrastructures, plus d’encadrements, plus de sponsors. Après, il y a aussi la question des résultats. Aux États-Unis, l’équipe nationale sert de porte-drapeau et derrière le championnat est d’un très bon niveau. Les investisseurs ont compris qu’il y avait un marché à exploiter, notamment au près de la jeunesse qui se presse dans les stades. Du coup, tout cela génère un engouement.

Actuellement en France, il y a quand même une certaine hype autour du foot féminin. Lyon/Potsdam a tout de même réuni deux millions de téléspectateurs. Comment l’expliquez-vous ?

C’est bien normal ! On a quand même un club qui vient de remporter la Ligue des Champions et l’Équipe de France a carburé lors des qualifs de la Coupe du Monde (10 victoires sur 10 possibles, ndlr). Après, j’espère que cela n’est pas qu’un coup d’épée dans l’eau. C’est sûr que les filles profitent aussi d’un certain désamour du public français pour le foot masculin après que les gars aient fait n’importe quoi à Knysna. Le football national se retrouve valoriser à travers ses féminines. Que cela continue!

Justement, que faire pour que cela dure ?

Il faudrait déjà commencer par donner plus de garanties financières aux joueuses. Je ne parle forcément de professionnalisation. Mais déjà dans un premier temps, ça serait bien d’améliorer le système de reconversion professionnelle car une carrière peut s’arrêter brutalement et les filles ne disposent actuellement pas des mêmes moyens que les garçons.

L’ultra-domination des lyonnaises sur le championnat est-elle une bonne chose pour le foot féminin ?

Le travail de Jean-Michel Aulas a été énorme. C’est le seul à avoir toujours cru dans le foot féminin et à s’être donné les moyens de recruter des joueuses à l’étranger pour avoir une équipe compétitive. L’objectif, c’était de gagner une Champion’s League, il a été atteint cette année. Désormais lorsque l’on parle de l’OL, on parle du foot féminin. Et lorsqu’on parle du foot féminin, on parle de l’Équipe de France donc c’est une bonne chose. Ce club fait office de locomotive et a enclenché une vraie dynamique médiatique. Lorsque j’entends Luis Fernandez donner à la radio ses pronostics pour les prochains matchs de la Coupe du Monde, je suis contente. Même s’il n’y connaît pas grand chose.

Comment expliquez-vous malgré tout le manque de considération du foot féminin par rapport au foot masculin ?

Déjà, par une absence évidente de résultats qui entraîne un déficit de médiatisation. Après, il y a aussi peut être un problème de mentalité. Le foot reste un milieu très masculin et les hommes ont pas mal d’a-priori sur le sport au féminin. Pourtant, le jeu a bien évolué ces derniers temps, il a gagné en technique et en vitesse. Je trouve qu’aujourd’hui on a rien à envier aux gars, si ce n’est que nous on ne fait pas autant de cinéma quand on prend un taquet.

Il y aurait un problème avec l’image de la sportive en France ?

Quelque part oui. Pour certaines personnes, la fille qui fait du foot, c’est forcément un garçon manqué, avec les cheveux courts, incapable de faire un amortie de la poitrine. Mais ça c’est des conneries. Aujourd’hui les joueuses sont toutes super féminines, bien maquillées et tout aussi capables que les mecs.

Vrai. Mais, est-ce qu’à l’inverse, vous n’en avez pas marre de l’exaltation du côté sexy des joueuses ?

Je n’aime pas trop ça mais je crois que c’est un passage obligé. Les communicants de la fédération ont décidé de mettre l’accent sur la séduction pour justement casser cette image de garçon manqué. Ça a payé puisqu’aujourd’hui, l’on parle d’avantage des joueuses. Après, je trouve ça dommage que l’on soit obligé d’en arriver là.

Pour finir un petit pronostic pour le match de jeudi ?

Je vais dire 2 à 1 pour la France avec un but de Gaëtane Thiney et un autre de Marie-Laure Delie. Elle est en forme en ce moment.

Propos recueillis par Thomas Lecomte

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

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