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Marc-Antoine Fortuné : « J’essaye d’initier la bulle du football au milieu de l’art »

Propos recueillis par Maxime Renaudet
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À 39 ans, Marc-Antoine Fortuné évolue maintenant à La Louvière. Si cette expérience au troisième échelon belge est peut-être la dernière, l'ancien attaquant de Nancy et West Bromwich a déjà entamé son après-carrière en investissant le milieu de l'art. Une reconversion inédite qui méritait bien quelques explications.

En parallèle de ta carrière, tu as lancé l’initiative BALLxART, qui a pour but de lier le monde de l’art et du foot. En quoi ça consiste concrètement ?La finalité, c’est de mettre en lumière l’Afrique, et plus précisément les artistes africains. Il n’y a pas que des footeux en Afrique, il y a aussi des artistes talentueux. Malheureusement, il y a un énorme manque d’initiatives culturelles à ce niveau, et ça passe justement par l’utilisation de ces deux piliers que sont l’art et le foot. Ça fait déjà environ cinq ans que j’ai lancé le projet, même si je faisais déjà passer ce message à mes coéquipiers, et que j’essaye d’initier la bulle du football au milieu de l’art.

Oui, tu peux découvrir l’art en allant au musée, mais il faut aussi être autodidacte et proposer ta propre vision des choses.

Comment l’art est entré dans ta vie ?À l’école, j’avais choisi l’option arts plastiques. Pas seulement parce que c’était un coefficient fort et que je ne savais pas quoi faire, mais car j’aimais vraiment m’exprimer via d’autres médiums que la parole ou les gestes. Mettre les choses sur du papier, ou faire des collages. J’ai toujours eu cette fibre artistique, et en arrivant à Birmingham, j’ai rencontré un grand collectionneur qui m’a loué sa maison. De fil en aiguille, il est devenu mon mentor. Au début, il me faisait des listes d’artistes, et moi je faisais mon homework, comme on dit. C’était quelqu’un de plutôt underground, et même s’il m’a parlé des institutions muséales ou des galeries, il m’a surtout fait comprendre qu’il ne fallait pas aller dans le même sens que tout le monde. Oui, tu peux découvrir l’art en allant au musée, mais il faut aussi être autodidacte et proposer ta propre vision des choses.

Tu n’es pas le seul footballeur à avoir investi le monde de l’art récemment. Il y a par exemple eu l’initiative « Play It Art » de Thomas Meunier.Ça reste toujours intéressant de voir qu’on n’est pas seul, et qu’il y a des sportifs de haut niveau qui s’intéressent à d’autres choses dans le milieu de la culture. J’en ai parlé avec Corentin Halucha (joueur de Wasquehal qui pratique l’encaustique*, NDLR), et je vais à la recherche de ces perles. J’ai déjà interviewé Does, un ancien joueur du Fortuna Sittard et du PSV Eindhoven, qui est maintenant un street-artiste reconnu, ou Boogie, un jeune passé par Liverpool qui a dû arrêter sa carrière à cause d’une blessure.

J’aimerais bien voir deux coéquipiers parler du dernier artiste acheté ou du dernier vernissage plutôt que de la dernière voiture.

On a l’impression qu’être passionné d’art dans un vestiaire, c’est devenu un peu moins honteux, culturellement élitiste ou intello…Disons qu’à mes débuts, c’était quelque chose de tabou dans le sens où ça n’intéressait vraiment personne, et celui dont c’était le cas, on le voyait un peu comme un extraterrestre. Aujourd’hui, les réseaux sociaux jouent un rôle important à ce niveau-là. Les acteurs de ces réseaux et les spectateurs ont compris la force que peut avoir l’art. C’est bien, parce que le footballeur est plutôt stéréotypé. On le voit comme un gars qui s’achète des voitures et des bijoux, mais qui n’a pas quelque chose de plus profond à proposer. C’est cette image que j’ai voulu changer quand j’ai lancé mon projet. Le footballeur est aussi quelqu’un qui peut s’intéresser à l’art, la littérature, et à la culture en général. Nous ne sommes pas des ignares, mais nous sommes dans une bulle, et peut-être que cette bulle est un peu trop formatée.

Est-ce qu’il y a un coéquipier ou un entraîneur avec qui tu as partagé cette passion ?J’en ai parlé à tous mes coéquipiers et j’en ai déjà emmené certains à des vernissages avec moi, alors qu’ils n’y connaissaient rien, et ils ont beaucoup apprécié. J’aimerais bien voir deux coéquipiers parler du dernier artiste acheté ou du dernier vernissage plutôt que de la dernière voiture. Mais ça bouge, et j’ai pu le vérifier en Angleterre. Un de mes coéquipiers à Southend avait beaucoup aimé une toile, donc je lui en avais fait cadeau. Sinon, j’en parle à tous ceux que je connais, dont Olivier Giroud, par exemple, qui est un ami et qui a cette ouverture artistique.

En centre de formation ou en école de foot, on pourrait proposer une heure par semaine de culture et de visites dans des musées ou des galeries.

Qu’est-ce que l’art t’a apporté ?Je pense qu’on peut tous avoir cette fibre artistique. Quand on a des émotions, positives ou négatives, on a envie de s’exprimer. Moi, c’est la peinture, même si en ce moment, je suis beaucoup focalisé sur BALLxART, donc j’ai un peu moins de temps pour créer. Après un match, si je n’avais pas bien joué ou que je n’étais pas content du résultat, je prenais une toile et je dessinais, alors que certains allaient à la salle de boxe. Ça serait bien d’inculquer ça dès le plus jeune âge. En centre de formation ou en école de foot, on pourrait proposer une heure par semaine de culture et de visites dans des musées ou des galeries. Il doit y avoir plus d’offres à ce niveau-là, même s’il ne faut pas se leurrer, le monde du foot, c’est devenu du business. Tout ce qui n’a pas d’intérêt pour un club et ses dirigeants, c’est difficile à faire bouger. Pour l’art, ça passera d’abord par des footballeurs reconnus qui commencent à s’y introduire et s’y intéresser.

Tu as connu la France, les Pays-Bas, l’Écosse, l’Angleterre et maintenant la Belgique. Dans quel pays l’art t’a le plus transcendé ? C’est en Angleterre puisque j’y ai vécu dix ans, et c’est là que j’ai rencontré le plus d’artistes. Après, Londres est une place forte. J’ai d’abord baigné dans le street-art, mais je me suis ouvert à l’art contemporain. Dans le genre, Bruxelles n’est pas mal non plus. J’ai découvert ça et j’ai été agréablement surpris par les artistes, les galeries et les musées bruxellois. Mais ce qui m’impressionne le plus, c’est la mixité avec l’Afrique, d’autant qu’il y a toujours ce lien très fort avec le Congo. Ça m’a donné également beaucoup de force pour mon projet, car j’ai pu prendre conscience de ce qu’il y avait à faire par rapport à l’Afrique. Il y a beaucoup d’artistes africains qui viennent exposer à Bruxelles, ou à Amsterdam qui n’est pas loin. En étant à Bruxelles, je suis à un carrefour artistique.

Et qu’est-ce qu’on peut trouver comme œuvre dans ton salon ?Pour l’instant, il n’y a rien, car je ne suis pas encore bien installé. (Rires.) Je peux avoir du street-art, de l’art contemporain classique, ou bien du conceptuel, comme de l’engagé ou de l’abstrait. J’aime beaucoup l’abstrait, je dois avoir deux ou trois toiles. En ce moment, j’aime beaucoup l’artiste marocain Mounir Fatmi, je suis en train de guetter une de ses œuvres. Au-delà de ça, je collectionne ce que j’aime, donc je n’ai pas de ligne directrice par rapport à ma collection, même si c’est une ambition. Je réfléchis à une collection avec des artistes féminines, et une autre afro.

* L’encaustique est une technique de peinture qui utilise des pigments mélangés à de la cire d’abeille en état de légère fusion.

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Propos recueillis par Maxime Renaudet

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