Real Madrid face à Manchester City, c’est l’opposition entre le club du XXe siècle et celui qui aspire très fort à être celui du XXIe. Deux superpuissances qui sont chargées, par la bande, de transmettre un message. En effet, depuis un peu plus de six ans, la Premier League est le championnat le plus puissant et le plus compétitif de la planète. Quelle autre Ligue peut regrouper trois, voire quatre équipes susceptibles d’être sacrées championnes d’Europe ? Quel autre sixième de championnat (Chelsea en l’occurrence) peut grimper aussi allègrement sur le toit du Vieux Continent, sept ans après Liverpool, seulement cinquième de Premier League en 2005, année de son Miracle d’Istanbul ? Pourtant, à en croire Cristiano Ronaldo entre deux bouderies, les deux meilleures équipes européennes évoluent bel et bien en Liga. Sur ce plan aussi, la responsabilité de City sera de réaffirmer la suprématie supposée d’Albion sur le football de clubs.
Mancini vs Mourinho
Mais, bien évidemment, la partie s’annonce complexe. Parce qu’il n’y a pas photo : ces Mancuniens-là ne possèdent pas le centième de l’expérience des Merengue en Champions League. La saison dernière, déjà placé dans une poule de folie (avec le Bayern, Naples et Villarreal), City avait pu vérifier le poids essentiel du vécu dans cette compétition un peu à part. Mais précisément, les Citizens étaient présents l’an passé. Et entretemps, ils sont devenus champions d’Angleterre, et c’est une étape déterminante dans l’ascension programmée de « l’autre » club de Manchester qui rêve désormais d’étendre son territoire. Et ce désir de conquête passe donc par Santiago Bernabéu. Un endroit éminemment dangereux, bien entendu, mais pour tout dire, le moment n’est peut-être pas le moins bon pour s’y rendre, entre les états d’âmes des uns et des autres. Mais c’est une considération à prendre avec des pincettes. Déjà parce qu’on le sait, un grand fauve est parfois plus dangereux quand il est blessé. Ensuite, parce qu’il faut aussi balayer devant sa porte avant d’aller vanner le jardin du voisin.
C’est que Manchester City n’est actuellement pas aussi irrésistible que la saison dernière. Certes, Yaya Touré & Co sont toujours invaincus toutes compétitions confondues, mais, quand on concède un triste nul à Stoke (1-1), il y a un peu de mouron à se faire avant d’aller à Madrid. D’autant que, défensivement, City est loin d’avoir retrouvé sa solidité et, devant, Silva n’est plus tout à fait aussi tranchant. Dans ce contexte, le retour d’Agüero ce soir pèse d’un poids considérable. Mais ce résultat décevant à Stoke à quelques jours de ce voyage en Castille traduit peut-être autre chose : et si samedi dernier les Citizens avaient déjà la tête à ce rendez-vous majuscule ? C’est une hypothèse, mais qui n’est pas plus bête qu’une autre. D’autant que l’on soupçonne Roberto Mancini de préparer cet affrontement depuis un moment. D’abord pour faire gagner les siens of course, mais aussi pour se mesurer mano a mano avec José Mourinho. Celui-là même qui lui avait succédé à l’Inter en 2008, alors que l’Italien restait sur trois Scudetti de rang avant que le Portugais n’en ajoute deux autres assortis d’une Ligue des champions en 2010. Ce Graal qui manque à l’impressionnant palmarès de Mancini, joueur (malgré une finale avec la Sampdoria perdue face au Barça en 1992) et entraîneur. Quand on vous dit que ce Real Madrid – Manchester City est lourd de sens...
Dave Appadoo
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.