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Mais qui es-tu, l’embrouille supporters/direction ?

Par Laura Kotelnikoff
Mais qui es-tu, l’embrouille supporters/direction ?

Chaque saison, ou presque, est l’occasion d’assister à un conflit ouvert entre la direction d’un club et ses supporters. Qu’elles soient sportives ou non, retour sur les raisons qui les poussent à s’embrouiller, les moyens d’action utilisés par chacune des parties pour tenter de remporter la manche et, enfin, la réconciliation.

Le 6 novembre 2016, le FC Nantes accueille l’équipe de Toulouse à la Beaujoire. Menés un but à zéro, les Canaris exaspèrent leurs supporters dont une partie, issue de la Tribune Loire, tentent d’aller directement demander des comptes au président du club nantais Waldemar Kita, en tribune présidentielle. S’ensuit un beau mouvement de foule et l’intervention de policiers pour calmer les esprits. Si une enquête judiciaire est rapidement ouverte, la direction du FC Nantes prend les devants et annonce sur son site internet qu’ « aucune bâche de supporters ne pourra être déployée en tribune Loire » et que « les animations et le matériel afférent seront proscrits » en attendant ses résultats. Sans la citer, le FCN cible directement la Brigade Loire (BL), le principal groupe de supporters nantais qui anime la tribune depuis 1999, avec qui le dialogue est désormais rompu… Si les supporters ont depuis repris les encouragements, ce conflit est un très bon exemple d’embrouille entre des fans d’un club de football et sa direction. Un conflit qui se déroule généralement en trois actes.

L’étincelle

En premier lieu : les éléments déclencheurs qui font tout basculer. Avant les Nantais, les supporters stéphanois des Green Angels (GA), situés dans le Kop Sud de Geoffroy-Guichard, étaient eux aussi en bisbille avec la direction de leur club. Tout commence lors la rencontre entre Bastia et Saint-Étienne, en septembre 2012, où un membre des GA écope de quinze jours de prison ferme pour l’utilisation (contestée) d’un fumigène dans le parcage visiteur. À l’époque, un des responsables des Green déclarait à So Foot : « On est complètement sidérés et dégoûtés par l’attitude de l’ASSE qui, par le biais de son avocat, a enfoncé notre membre. » À cet incident s’ajoutent des difficultés d’organisation au Stade de France pour la finale de la Coupe de la Ligue et des jets de fumigènes à Lyon lors du derby qui n’arrangent en rien les relations entre ces supporters et la direction du club stéphanois… La réception de Bastia à la rentrée 2013 et l’allumage de nombreux fumigènes pour l’anniversaire des Green Angels qui s’ensuit sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour l’ASSE.

À Paris, ce genre de schéma s’est aussi produit. Après s’être qualifié en Ligue des champions l’année précédente, le PSG peine à lancer sa saison 2004/2005 et déçoit ses supporters. Ces derniers sont par ailleurs sur les dents depuis l’augmentation des tarifs d’abonnement au Parc des Princes et la nomination par Francis Graille, le président en place, d’un nouveau directeur de la sécurité : Jean-Pierre Larrue. Ancien commissaire divisionnaire de Bordeaux, Larrue se montre très vite désireux de mettre les supporters au pas. C’est en tout cas l’avis de Julien*, encarté dans un groupe du virage Auteuil cette année-là : « Dès son arrivée, Jean-Pierre Larrue ne trouve rien de mieux que d’empêcher les supporters d’avoir accès au stade pour préparer les animations et les jours de match pour les mettre en place. Face à Saint-Étienne à la fin août, le club refuse d’allumer les éclairages de la tribune, alors que les associations l’avaient demandé pour bien mettre en évidence leur tifo… Et on demande même aux personnes qui se déplacent à l’extérieur de fournir leur carte d’identité pour obtenir des places ! Additionné à des résultats sportifs de merde, vous obtenez un cocktail explosif. » La crise couve et éclate finalement lors de la défaite du Paris SG face au CSKA Moscou lors de la dernière journée de LDC (1-3). Alors que le club de la capitale pouvait encore se qualifier pour les huitièmes de finale, il se fait crucifier par Sergeï Semak et provoque la colère de ses fans qui entament une guerre ouverte.

Les modes d’action

Une fois l’étincelle passée, les deux parties s’affrontent. Et à chacun ses armes. À Saint-Étienne par exemple, l’ASSE décide de ne plus reconnaître les membres des Green Angels comme des interlocuteurs officiels et suspend les droits et accès habituellement réservés à cette association. La direction tente ensuite, via ses stadiers, d’empêcher la pose de la bâche des Green Angels dans leur tribune pendant un match face à Lorient en octobre 2013, puis à Lescure lors d’un déplacement à Bordeaux janvier 2014. En plus de cette option (parfois conjointement mise en place avec les pouvoirs publics), les clubs en conflit avec leurs supporters pour X ou Y raisons peuvent également miser sur le terrain médiatique. En 2004/2005, le PSG n’était par exemple pas vraiment avare en déclarations lorsqu’il fallait pointer du doigt les ultras aux yeux des autorités et du grand public. « Je ne veux pas être le président d’une équipe qui traîne une réputation de club voyou » , avait notamment lâché Francis Graille à l’issue du PSG-Metz suivant la déroute face au club moscovite et ponctué des jets de fumigènes sur la pelouse et de chants contestataires. « Ces supporters sont manipulés et payés » pour se rebeller contre le PSG, indiquait quelques jours plus tard Vahid Halilhodžić, encore à la tête de l’équipe à ce moment-là.

Un terrain médiatique sur lequel les fans tentent aussi de se placer… « À Paris, une véritable campagne s’était mise en place » , se souvient Julien. Publication de communiqués sur internet et de dossiers pour les médias, conférence de presse, présence sur les forums ou réseaux sociaux ou distribution de tracts, tout était bon pour contrer les propos des dirigeants et obtenir des échos ! En plus de cela, une grève des chants a débuté, entraînant une ambiance de mort au Parc… » Et si tout est bon pour se faire entendre, les groupes de supporters, quels que soient leurs modes d’action, ne manquent jamais d’imagination. Dans les travées où des banderoles de contestation fleurissent et où des actions « coup de poing » sont organisées comme en mai 2012 avec les jets de balles de tennis et de kiwis par des ultras auxerrois alors opposés à la gestion du club bourguignon lors du match entre l’AJA et Montpellier ; ou en dehors avec l’inscription de graffitis et le collage d’affiches anti-direction en ville ou sur les centres d’entraînement des clubs comme au Camp des Loges en 2004/2005 par les fans parisiens ou au centre de l’Étrat par les ultras stéphanois en 2013/2014.

À Liège, des fans du Standard de Liège souhaitant le départ de Roland Duchâtelet, le propriétaire du club belge, iront même jusqu’à organiser une manifestation en juin 2013, tandis qu’à Blackpool, où supporters et propriétaires s’écharpent à propos de la gouvernance du Blackpool FC, les fans n’hésitaient pas à envoyer des lettres de protestation à Village Hotel, une chaîne hôtelière sponsor de l’équipe anglaise, l’année dernière, et à appeler au boycott de son établissement en ville… Avec succès puisque le directeur général de Village Hotel avouait rapidement l’erreur de sa société concernant son engagement avec Blackpool.

La réconciliation, quand elle a lieu…

Reste enfin à mettre un terme à la guerre. Dans bien des cas, l’une des deux parties cède devant les exigences de l’autre. En 2004/2005, ce sont les ultras parisiens qui remportent la victoire en obtenant successivement les têtes de Jean-Pierre Larrue et de Francis Graille juste avant la fin de la saison et en faisant rédiger une charte des droits et des devoirs des supporters avec la nouvelle direction. À Liège aussi, c’est le départ de Roland Duchâtelet qui, en vendant ses parts à Bruno Venanzi, débloque la situation…

Mais il arrive parfois que des conflits se règlent de manière plutôt inattendue. Lors d’un match de Ligue Europa disputé à Kiev le 11 décembre 2014, des supporters stéphanois, dont plusieurs membres des Green Angels toujours en froid avec leur direction, sont victimes d’un guet-apens d’ultras du club ukrainien de Dnipropetrovsk munis d’armes. Résultat des courses : onze blessés dont deux hospitalisés. Sur son site internet, le club français déplore rapidement « les graves incidents qui se sont produits ce jeudi après-midi à Kiev où une centaine de supporters stéphanois ont été agressés de façon inopportune, dans un bar, par des supporters ukrainiens, armés de couteaux et de pistolets à grenaille » et finit par organiser et prendre à sa charge le rapatriement sanitaire des deux supporters hospitalisés. Enterrant ainsi la hache de guerre.

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Par Laura Kotelnikoff

* le prénom a été modifié

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