Fraîcheur et insouciance
Question. Comment est-ce possible ? Avec quelle recette magique une équipe qui a terminé à 14 points du champion peut-il, d’un coup d’un seul, se retrouver au top des charts ? Plusieurs hypothèses. Déjà, l’âge des joueurs, donc. La défense : 24,5 ans d’âge moyen, le secteur le plus expérimenté. Le milieu : 23,2. L’attaque : 22,5. Moyenne totale du onze type, en y ajoutant le portier Esteban Alvarado : 23 ans. Ce qui en fait, de loin, l’équipe la plus jeune du championnat des Pays-Bas. Evidemment, impossible de ne pas penser au Borussia Dortmund, champion d’Allemagne avec une équipe de 21,9 ans de moyenne d’âge. Ou quand la fraîcheur et l’insouciance prennent le pas sur l’expérience. Et d’ailleurs, le parallèle avec le Borussia peut être poussé jusqu’à l’Europe. De fait, avec six points récoltés lors des quatre premières journées d'Europa League, l’AZ n’est absolument pas certain de passer le tour, et devra jouer sa qualification à distance avec l’Austria Vienne. Un scénario qui rappelle celui du Borussia, éliminé l’an passé dès les phases de poule.
Explication simpliste : la candeur, capable de transcender l’équipe en championnat, peut se transformer en ingénuité sur la scène européenne. Le coach, mister Verbeek, confirme. « Le groupe est très jeune, et ce n’est pas évident de jouer tous les trois jours. Les allers retours entre le Pays-Bas, la Suède, l’Ukraine, l’Autriche, ce n’est pas toujours facile à gérer pour eux » assurait-il après le match nul (2-2) obtenu face à l’Austria Vienne. En revanche, lorsque, trois jours plus tard, son équipe claque un 3-0 contre l’ADO den Haag en championnat, le technicien est beaucoup plus élogieux. Voire dithyrambique. « Nous ne donnons aucune chance à nos opposants. Mes garçons font exactement ce qu’ils doivent faire et ils prennent du plaisir. Je pense d’ailleurs que nous pouvons en faire encore plus. Et ce sera difficile de nous arrêter si nous maintenons ce niveau » déclare-t-il sur Eredivisie Live. On appelle ça une provocation.
Tenir jusqu’à la trêve
Dans cette équipe de l’AZ, un joueur attire, depuis le début de la saison, les regards de l’Europe. Il s’appelle Adam Maher, a 18 ans et est international espoir néerlandais, mais de parents marocains, comme son nom ne l’indique pas. Depuis septembre, il s’est imposé comme un titulaire idiscutable de son équipe, et a déjà inscrit deux pions en Eredivisie. Hop. Ni une, ni deux, le voilà déjà courtisé par le Barça, Manchester City et le Milan AC. Lyon aussi, aimerait bien l’enrôler, mais risque de ne pas faire le poids. Son père, qui gère de près sa carrière, préfère calmer le jeu. « Il aurait pu rejoindre l’AC Milan, Manchester City ou l’Olympique Lyonnais il y a quelques années. Mais c’était trop tôt pour qu’il aille à l’étranger. Ça l’est toujours. Il aura tout le temps de s’en aller d’ici trois ou quatre ans » assure-t-il dans De Telegraaf. Une bonne nouvelle pour ses coéquipiers, qui espèrent bien que le petit prodige va les aider à atteindre des sommets totalement inespérés il y a encore quelques mois.
Mais d’ailleurs, le titre, ils l’envisagent vraiment ? A en croire Roy Beerens, coéquipier de Jose Altidore sur le front de l’attaque, oui. Mais avec prudence. « Un candidat au titre ? Oui, nous sommes forts. Il faut d’abord être sûrs que nous allons maintenir ce niveau jusqu’à la trêve hivernale. Si nous maintenons cette avance jusqu’en janvier, alors, nous pourrons envisager de créer quelque chose de magnifique. Mais seulement là, nous pourrons envisager le titre » assure-t-il sur le site officiel du club. Or, la trêve hivernale, c’est dans six matches. D’ici là, le leader, qui a la particularité d’avoir un milieu de terrain (Rasmus Elm) comme meilleur buteur, aura affronté l’Excelsior (dernier), Utrecht (11ème), Heerenveen (6ème), De Graafschap (16ème), le NAC Breda (10ème) et l’Ajax (5ème), en match de clôture de l’année 2011. Un tableau presque idéal pour conserver, voire même conforter, leur avance en tête du championnat. Et après ? Après, il faudra avoir les épaules solides pour faire la course en tête, et supporter la pression d’être ceux dont tout le monde veut la peau. Ca tombe bien, les gosses adorent jouer au chat et à la souris.
Eric Maggiori
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