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Mais quel est le secret du football chilien ?

Par Arthur Jeanne à Santiago
Mais quel est le secret du football chilien ?

Moribonde il y a 10 ans, la Roja de todos est aujourd'hui la sensation de ce début de Coupe du monde. Une progression constante qui se justifie évidemment par le passage du Loco Bielsa, mais pas que. Explications en 5 points.

L’identité nationale

En plus d’être un bon polar de Caryl Ferey, les Mapuches sont au Chili ce que les Incas sont au Pérou, un peuple indigène présent avant l’arrivée espagnole. Aujourd’hui, près d’un Chilien sur 5 se dit d’origine mapuche. Un héritage notamment visible sur l’écusson de Colo-Colo, le grand club de Santiago qui porte le nom d’un cacique indien. Selon Carlos Albornoz, psychologue et cousin d’Arturo Vidal, l’énorme performance physique des Chiliens face aux Espagnols a quelque chose à voir avec ces racines : « Le joueur chilien a toujours eu énormément de résistance, c’est morphologique. Nous n’avons jamais été gêné par l’altitude, nous avons toujours gagné en Bolivie, alors que l’Argentine a du mal là-bas. Historiquement, les Chiliens sont très endurants. Et lors des tests physiques, ils sont toujours très bons en résistance. À ce niveau-là, Arturo est impressionnant. »

Des caractéristiques physiques qui font du milieu relayeur chilien une denrée appréciée sur le marché, selon Albornoz : « La plupart des Chiliens en Europe jouent box to box : Pizarro, Gary Medel jouent derrière mais ils courent beaucoup aussi, le Colocho Iturra box to box, Marcelo Diaz aussi. La production de milieux relayeurs a bien marché au Chili. Je crois qu’on a une source, une école de milieux relayeurs qui peut perdurer. Le morphotype mapuche est très petit, trapu, endurant. À l’image des joueurs de la sélection. » Un héritage mapuche qui, combiné à la psyché nationale, produit un footballeur de bonne facture pour Carlos qui étudie notamment l’identité chilienne : « Le football chilien, c’est beaucoup de sacrifice, et de travail. Le Chili, c’est un des pays au monde qui travaille le plus d’heures par semaine. Nous sommes workaholic, cela a à voir avec la mentalité spéciale des Chiliens, cette mentalité façonnée par l’isolation du pays. Les Chiliens ne sont pas sûr d’eux du tout et pour combattre cette insécurité, ils travaillent beaucoup. » Du coup, quand Bielsa a débarqué au Chili, il est arrivé en terrain fertile.

L’étincelle Bielsa

Si Marcelo Bielsa est un dieu au Chili, c’est qu’il a fait d’une sélection insignifiante une très belle équipe de football. Surtout il a créé une identité de jeu parfaitement adaptée aux qualités naturelles du football national. « Bielsa a trouvé à qui parler, le football chilien et la sélection ont énormément progressé avec lui. Quand Bielsa a trouvé cette pierre précieuse que sont l’esprit de sacrifice, le sens du devoir, il les a inscrits au centre de sa tactique, de son projet de jeu. Alors la Roja est devenue forte » , explique Albornoz. L’acte fondateur de cette sélection, c’est une victoire contre l’Argentine un soir d’octobre 2008 à l’Estadio Nacional de Santiago. À ce moment, la Roja de todos est en progression, mais elle a encore beaucoup de mal face aux grands du continent. Surtout, en 98 ans d’histoire, elle n’a jamais battu l’Argentine en match officiel. Pourtant, en ce soir de printemps austral, c’est une Roja très jeune et sans crainte qui s’avance face à l’Albiceleste. Un but de Fabián Orellana au terme d’une superbe action collective plus tard, le Chili a enfin vaincu ses démons, une équipe est née.

Une vraie génération 87

Si Marcelo Bielsa a donné une âme à l’équipe, c’est aussi parce qu’il a pu compter sur une génération exceptionnelle. Celle de 87-88, à savoir Medel-Isla-Vidal-Sánchez. Soit 4 joueurs qui constituent la colonne vertébrale de l’équipe. José Sulantay était le sélectionneur des moins de 20 ans de la Roja, médaillés de bronze au Mondial de 2007. Si un homme doit recevoir des honneurs pour l’éclosion de cette génération dorée c’est bien lui : « Pour moi cette sélection, c’était le dernier défi de ma carrière. J’ai pris tout ce que j’avais accumulé en 50 ans d’expérience pour cela. Tout devait être parfait, mes joueurs devaient être spéciaux. J’ai été les chercher club par club et regarde où ils sont arrivés » , s’enorgueillit-il. À l’époque, le Chili s’enthousiasme comme jamais pour sa jeune équipe et à son retour du Canada, médaille de bronze autour du coup, la Rojita reçoit un accueil présidentiel. « La plupart du temps, les joueurs sont reçus quand ils ont gagné un titre mondial. Mais cette sélection était différente, sans être championne elle avait produit un tremblement de terre. Et pratiquement tous ses joueurs sont aujourd’hui internationaux. » D’ailleurs, si le groupe chilien vit si bien, c’est qu’il a une histoire commune, comme le rappelle Albornoz : « Arturo s’entend très bien avec ses partenaires. Il est très ami avec Gary, avec Beausejour. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que cette sélection, c’est la même que celle qui a été demi-finaliste du Mondial des moins de 20 ans. Et ceux qui n’y étaient pas faisaient partie du Colo-Colo de Borghi (Valdivia, Vidal, Sánchez, Bravo, Matías Fernández, Jara, Millar) ou de la U de Sampaoli (Aránguiz, Diaz, Mena, Vargas). »

La pobla

Le Brésil a ses favelas, l’Argentine ses villas miserias, le Chili ses poblaciones. Disséminées aux quatre coins de Santiago, elles contiennent le même lot de problèmes que tous les barrios pauvres d’Amérique du Sud : violence, trafics en tout genre, mais aussi une passion folle pour le football. Ramon Henriquez reçoit dans l’une d’elle, el Huasco à San Joaquín. Des maisons sans étage construites autour d’un terrain de football en terre, c’est ici qu’Arturo Vidal a grandi. Pour Henriquez, président du Rodelindo Roman, le club où le joueur de la Juve a fait ses premières armes, la pobla n’est pas étrangère au succès du football chilien : « Le père d’Arturo était un excellent footballeur, son oncle aussi, mais à l’époque, les clubs ne venaient pas recruter dans les poblas. »

Carlos Albornoz, illustre cousin du Rey Arturo lui aussi grandi à El Huasco, ne dit pas autre chose : « Avant, on ne pensait pas qu’en venant de la pobla on pouvait devenir pro, les gens ne le voyaient pas comme un métier, comme une possibilité de travail. Ce n’est que récemment, vers la fin des années 90 que les clubs se sont mis a chercher des joueurs de talent dans les quartiers, avant c’était pas le cas. » Bonne pioche en tout cas, puisque bon nombre des joueurs de la sélection sont issus de ces endroits déshérités. Medel vient de la Pampilla, Orellana de La Legua, la pobla emblématique de Santiago, Beausejour de Villa Francia. Pour Henriquez, les joueurs des poblas ont quelque chose de plus : « Quand tu joues dans la poblacion, tu dois mettre des coups, être un guerrier, sinon tu te fais démolir. C’est un football violent. La pobla te donne la garra. »

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