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ACTU MERCATO

Mais où va Manchester United ?

Par Marc Beaugé
Mais où va Manchester United ?

Les chiffres sont vertigineux. Avec les recrutements de Shaw, Herrera, Rojo, Di María, Blind et Falcao, United a dépensé cet été plus de 193 millions d'euros. Une fois défalquées les sommes perçues pour les départs d'Évra, Kagawa et Wellbeck, le total passe à 150 millions. C'est un tiers du total dépensé cet été par toutes les équipes de Premier League. Et c'est presque autant que ce que Ferguson a claqué en 26 ans à la tête du club. Manchester United a bien changé. Mais pour quoi faire ?

Vers une politique de Galactico

Les transferts des jeunes Herrera et Shaw ? Des arrivées initiées par Moyes. Les signatures de Rojo et Blind ? Des solutions temporaires avant que les cadors défensifs attendus soient disponibles… Cet été, Van Gaal a surtout fait venir des stars. Deux stars. Di María et Falcao. C’est paradoxal pour un entraîneur qui martèle sans cesse que le système prime toujours sur les noms. Mais logique pour un entraîneur qui cherche à reconstruire de fond en comble une équipe. En recrutant ainsi des joueurs établis, et appartenant à l’élite européenne du moment, Van Gaal marque son territoire. Et laisse entrevoir qu’aucune statue ne sera indéboulonnable sous ses ordres. Pas celles de Rooney, Van Persie ou Mata, en tout cas. Mais l’entraîneur hollandais marque aussi un tournant pour le club. Hormis Robin van Persie, peut-être, Manchester United n’a jamais acheté de stars en place. Rooney avait été recruté au berceau. Comme Ronaldo. Berbatov jouait à Tottenham quand il est arrivé, pas au Real. Van Nistelrooy au PSV, pas à Barcelone. Ferdinand à Leeds, pas au Bayern. Longtemps, sous Ferguson, Manchester United refusait d’aller coude à coude avec le Real ou Barcelone sur le marché des transferts. Cette époque-là semble révolue. Et pas seulement parce que Van Gaal en a décidé ainsi. Ici, la volonté du Hollandais a rencontré la dynamique d’un club prêt, enfin, à flamber. Ce changement de cap est à mettre à l’actif d’Ed Woodward, le chairman. Décrié l’été dernier pour son inaptitude à faire signer des cadors (seul Fellaini était arrivé), Woodward a fini par faire changer les mentalités. Concrètement, il semble avoir convaincu la famille Glazer, propriétaire du club, d’investir les énormes bénéfices dégagés par United (plus de 130 millions d’euros la saison dernière) sur le marché des transferts, plutôt que dans le remboursement des grotesques emprunts qu’elle a contractés pour se payer le club. C’est un tour de force. Et c’est une nouvelle ligne politique. Car Ed Woodward, avec sa tête de vendeurs de lave-vaisselles chez Boulanger, veut des stars. Et veut que ça brille. Dans une interview accordée la saison dernière au fanzine United We Stand, il disait ceci : « Je n’aime pas que nous n’ayons que Van Persie et Rooney dans la liste des 25 du Ballon d’or. Je n’aime pas qu’il y ait plein de joueurs qui jouent en Espagne dans cette liste. Nous voulons les meilleurs joueurs du monde au club. » À l’époque, personne n’y croyait. Tout le monde se trompait.

La fin de la jeunesse ?

Depuis 1937, Manchester United a toujours couché, sur toutes ses feuilles de match, le nom d’au moins un joueur formé au club. La série est-elle en danger ? En creux, l’arrivée de stars à Manchester United marque en tout cas l’essoufflement de la politique de jeunes initiée en son temps par Alex Ferguson. Dans les faits, Danny Wellbeck, un très bon attaquant à qui il ne manque que le sens du but, a été vendu à Arsenal, au grand dam de nombreux supporters. Tom Cleverley, un milieu moins mauvais qu’il en a l’air, mais totalement hors de confiance, attend encore la validation de son prêt à Villa. Louis van Gaal ne compte pas sur lui. Plus loin dans la hiérarchie, on note les départs de Macheda et Lawrence. Powell et Michael Keane, eux, sont partis en prêt. Au club, en coulisses, les formateurs grincent. Et crient à la destruction de l’identité d’un club qui s’est toujours nourrit de joueurs du cru. La vente de Tom Lawrence, ailier gauche de talent, a particulièrement fait réagir. Pourquoi le vendre ? Pourquoi maintenant, après des années de travail et alors qu’il approchait enfin de l’équipe première ? Pris d’un léger doute, United a fait mettre dans le contrat du joueur une clause lui garantissant une priorité d’achat au moment d’une future revente. Mais Lawrence est parti quand même. Avec Di María, qu’elles auraient été ses chances de jouer dans les années à venir ?

L’arrivée de stars bloque la montée en puissance des jeunes, c’est mécanique. Aujourd’hui, avec Rooney, Van Persie et Falcao, quelles sont les chances de James Wilson, attaquant prodigue de 18 ans, auteur de deux buts en championnat en fin de saison dernière, de percer ? Et celles de Januzaj, pourtant si impressionnant quand il s’en donne la peine ? Van Gaal pourra répondre que partout où il est passé, il a fait monter des jeunes et qu’il a déjà fait du jeune Blackett un titulaire en défense centrale… Le Hollandais pourra aussi opposer que derrière les jeunes, ceux qui partent, il y aura toujours d’autres jeunes. Peut-être même meilleurs. Et plus adaptés à sa philosophie de jeu (depuis l’arrivée de Van Gaal, toutes les équipes du club jouent en 3-5-2 et selon les préceptes du Hollandais). En attendant, au Real Madrid, la politique des Galactiques n’avait jamais laissé de place aux jeunes. Un temps, Pérez avait dit qu’il voulait dans son équipe « des Zidanes et des Pavons » … Mais Pavon n’avait pas fait long feu. Et il a fini sa carrière à Arles-Avignon.

Tout ça pour quels résultats ? Et dans quel schéma ?

Pour construire une équipe, il faut bien commencer quelque part. Et Van Gaal a commencé par le toit. Sur le papier, rarement une équipe aura semblé aussi déséquilibrée. Devant ? Une folie : Van Persie, Rooney, Falcao, Mata, Di María, Janujaz… Derrière ? Une misère, ou presque : Blind, Rojo, Jones, Rafael, Smalling, Shaw, Evans, Blackett, Carrick, Fletcher, Fellaini… Le différentiel est si grand que chacun se projette et tente de poser sur le papier une équipe permettant d’incorporer le maximum de joueurs offensifs et le minimum de joueurs défensifs. Mais peut vraiment jouer avec un trio d’attaquants Van Persie-Falcao-Rooney devant un duo de créatifs Di María-Mata ? Non, évidemment. Il y aura donc des victimes. Van Persie est en danger. Il n’avance plus. Souffre-t’il du genou ? Les rumeurs le disent et ses performances ne disent pas le contraire. Mata n’a rien au genou. Mais lui aussi semble en danger. Rooney, au contraire, apparaît à l’abri. Ses performances ne sont pas éblouissantes, mais il vient d’hériter du brassard. Et on ne met pas un capitaine sur le banc en Angleterre. Pas si vite. Di María et Falcao aussi semblent protégés par leur statut de recrues stars. Pour un temps. Van Gaal va devoir les faire jouer ensemble. Il va surtout devoir construire les fondations de son équipe.

Pour l’instant, le Hollandais insiste avec un 3-5-2 qu’aucun joueur ne semble avoir intégré. Mais il n’exclut plus un potentiel changement tactique. Dans un système ou un autre, Blind, Herrera et Carrick, bientôt de retour de blessure, seront les piliers au milieu. En défense, Jones sera le patron. Disons plutôt qu’il essaiera. Il a été très bon lors de premiers matchs de championnat. Et ce fut bien le seul dans ce cas. Car, en trois matchs de championnat, l’équipe de Van Gaal n’a produit aucun jeu. Rien. Ou si, tiens, dix minutes en fin de match à Burnley. C’est mieux que rien. Mais, dans le staff, on se veut rassurant. Et on estime que la trêve internationale va permettre de guérir les blessés, d’intégrer les nouveaux et de cogner sur le crâne des anciens pour qu’ils intègrent la nouvelle philosophie de jeu maison. La saison des nouveaux Galactiques commence le dimanche 14 septembre contre les Queens Park Rangers. En tout cas, il paraît.

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Par Marc Beaugé

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