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Mais à quoi vont servir nos coiffeurs ?
Chaque Mondial a ses coiffeurs : cette fois, ils devraient s'appeler Thauvin, Areola, Kimpembe, des mecs que Didier Deschamps va devoir maintenir sous pression en cas de pépin majeur d'un titulaire et auxquels il fallait trouver un rôle pour le voyage en Russie. Voilà qui est fait.
Alphonse Areola – 25 ans, gadget pour équipiers en voie d’américanisation
Le poste de troisième gardien ? « Je ne trouve pas ça frustrant » , assure le Titi, dont le rôle en Russie sera simple : « Je vais donner le maximum pour qu’Hugo soit dans les meilleures conditions. » En sélection comme en club, Alphonse Areola reste donc un homme coincé entre deux rives : assez de promesses pour une place de titulaire au PSG, trop peu de certitudes dégagées pour empêcher les dirigeants parisiens de fouiller la piste d’une vraie pointure du poste durant l’été. Chez les Bleus, c’est plus ou moins la même chose : s’il est là, c’est avant tout parce que Stéphane Ruffier est sorti des rails après s’être brouillé avec Deschamps. Dans les faits, cette prise de poste ne change pas grand-chose, le troisième gardien restant un sparring-partner de luxe pour les deux autres, soit ce que le consommateur est à l’industrie du film porno : un mec qui regarde sans participer et qui cherche son plaisir dans son coin.
C’est d’ailleurs l’histoire qui le prouve, Dominique Dropsy, emmené par Michel Hidalgo en Argentine lors du Mondial 1978, est en effet le dernier numéro trois à avoir disputé une rencontre avec l’équipe de France lors d’une grande compétition internationale (face à la Hongrie, victoire 3-1 des Bleus). Résultat, le voilà condamné à jongler entre un rôle de G.O. version Michel Creton dans Les Bronzés et de couteau-suisse pour ses potes tricolores : à Istra, Areola pourrait alors être transformé par Antoine Griezmann et Paul Pogba en panier de basket, le gardien devant alors passer une grosse partie de ses journées les mains en l’air avec un filet au bout des doigts pour laisser la Pioche lui dunker sur le bec. C’est aussi ça faire la planche.
Presnel Kimpembe – 22 ans, comportementaliste-médiateur
« S’il est là… » Au moment de balancer sa liste de lauréats pour la Russie mi-mai, Didier Deschamps a refusé de planquer sa carte magique : « S’il est devenu international sur le tard, il a toujours été là. C’est ce que je lui ai dit et répété. Si je le prends, même s’il n’a pas de temps de jeu, ça veut dire qu’il est dans les quatre. » Cette carte, c’est Presnel Kimpembe, un sourire, mais surtout une bougie centrale du petit gâteau formé depuis plusieurs rassemblements par une bande composée de Mbappé, Dembélé, Mendy, des jeunes à l’appétit féroce pour la vanne et à la dalle pour le jeu. Au cœur de la petite armée, chacun a son rôle et, en Russie, celui du quatrième défenseur (ce que Mangala était pendant l’Euro 2016) des Bleus sera de jouer les moniteurs de meute.
Facile pour un type qui a fait boire de l’alcool pour la première fois à Kylian Mbappé – et dans une mini Coupe de la Ligue, ce qui est quand même autre chose que dans un verre en plastique servi au club-house d’Annemasse –, qui a passé sa saison à hurler et gesticuler dans le vestiaire du PSG, et qui a récemment décidé de partir en guerre contre les claquettes-chaussettes (protégeons les artistes). Au Mondial, Kimpembe, brosse jaunie au vent, prend donc à cœur son rôle de comportementaliste-médiateur auprès des chiens fous de Deschamps et se voit même confier une mission axiale dans le bon parcours des Bleus : la balade matinale quotidienne de Miméto Kanté, un clébard mutant qui fera sauter l’ensemble des instruments du doc Le Gall lors de la première séance soviétique.
Adil Rami – 32 ans, docteur love
Sur la planète bleue, Adil Rami restera donc l’homme qui a eu le droit au pardon et qui aura donc réussi l’exploit d’allumer le sélectionneur sur les grandes ondes au lendemain de sa non-sélection pour l’Euro 2016 – « Le discours de dire qu’il ne prend pas les meilleurs joueurs sur le terrain, mais les meilleurs joueurs pour faire un groupe… J’ai l’impression qu’il insinue donc que je ne suis pas un bon garçon et que je suis un voyou. » – avant d’être rattrapé par le col à la suite de la blessure de Jérémy Mathieu. Cette fois, l’ancien jardinier « qui vient de nulle part » (Claude Puel) a profité de celle de Laurent Koscielny, qui a vu son talon le lâcher le 2 mai dernier, à Madrid.
Le voilà donc en route pour la première Coupe du monde de sa carrière, à 32 piges, dans le rôle de l’ambianceur de conférence de presse, capable de demander un collier d’immunité à Denis Brogniart en plein Téléfoot et de décomplexer l’ensemble en se laissant parfois aller à « dire de la merde » . C’est pour ça que Pamela a craqué, mais aussi pour sa moustache, alors en Russie, si Adil devrait gratter quelques minutes pour faire souffler la paire Varane-Umtiti, son rôle sera avant tout de soigner les cœurs. Docteur love est déjà dans son costume, prêt à niquer la science s’il le faut.
Steven Nzonzi – 29 ans, boussole aquatique
Attention, membre éminent de la famille des octopodidés. Après une victoire de son FC Séville face au Real en janvier 2017 (2-1), Jorge Sampaoli tombe sur le cul et décide de rebaptiser son milieu de terrain français Steven Nzonzi : désormais, ce sera la pieuvre, rien que ça. Un invertébré qui n’a depuis jamais cessé d’étendre ses tentacules, au point d’ouvrir progressivement la porte des Bleus et de sortir de la pièce Adrien Rabiot comme on sort une peluche au milieu d’une machine à pince. Une surprise ? « Je n’aime pas parler de surprise » , reprend le géant, que Deschamps emmène en Russie pour suppléer sa mobylette Kanté.
Alors, quel peut être son rôle dans le groupe ? Simple : Didier profite de ses premiers jours à Istra pour dénicher un bassin géant dans lequel il lui est possible de glisser le grand Stev’, histoire d’utiliser l’ensemble de ses facultés. Ainsi commence le grand jeu des prédictions et avant le huitième de finale face à la Croatie, le sélectionneur national fait nager Nzonzieuvre afin qu’il se dirige vers le joueur qu’il souhaite voir titulaire quelques heures plus tard : Giroud est préféré à Griezmann, Mbappé posé sur le banc au profit de Thauvin et Pavard détrousse sur le fil Sidibé. Joli coup de tentacule : à dix minutes de la fin, le Marseillais lâche une douceur d’ouverture pour Giroud qui lobe Subašić. 1-0, la France est en quarts, Monsieur Poulpe est mort, vive Monsieur Poulpe !
Florian Thauvin – 25 ans, influenceur
Présent en conférence de presse vendredi, à Clairefontaine, celui qui rêve de marquer en finale d’une Coupe du monde dont il risque de n’avaler que les miettes a décidé de sortir sa cape de petit enfant : « On a forcément envie d’être sur le terrain, mais je n’oublie pas que c’est une chance d’être là. À partir de là, il faut en profiter au maximum et prendre ce qui vient.(…)Je suis respectueux vis-à-vis de tout le monde, j’essaye de tirer les autres vers le haut. » Voilà pour la casquette du remplaçant parfait.
Et sinon, comment occuper ses journées ? Au Mondial, c’est un nouveau Thauvin que la génération 2.0 prend en pleine tronche : un jeune de 25 piges, belle gueule, mine de poupée de cire (France Gall n’a rien à voir avec ça), qui déambule dans les couloirs avec un smartphone greffé au pouce droit et qui réduit le Benjamin Mendy social en bouillie. Le compte @_flow-tov-45 devient la référence ultime pour suivre les aventures des Bleus en Russie. En fin de compétition, la FFF annonce la sortie prochaine en salle de The Influencer.
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