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Magath veut prouver
Wolfsburg se déplace samedi sur la pelouse de Schalke 04 pour le compte de la 29ème journée de Bundesliga. Au-delà des trois points que les deux équipes veulent prendre pour fuir la zone de relégations, il est un homme à suivre: Felix Magath. Viré trois semaines plus tôt, Magath revient avec l'envie secrète de battre son ex-employeur.
C’est l’histoire d’un incompris. Un homme qui, au-delà de la victoire, cherche le challenge. Toujours. Comme si la vie de cet homme, fils d’un G.I. d’origine portoricaine, était un éternel parcours du combattant. Cet homme, c’est Felix Magath. Un homme qui a ses méthodes, et à qui il faut laisser le champ libre. Tout le champ. Il chamboule tout, retourne le club dans son ensemble, et parvient à ses fins. Exemple avec le VfL Wolfsburg. Felix Magath, qui s’est fait lourder comme un jeune premier par le Bayern Munich (malgré un titre de champion en 2005 et un doublé en 2006), signe un contrat de deux ans avec l’équipe de Volkswagen. Objectif annoncé: le saladier suprême, rien que ça. A Wolfsburg, on est un peu sceptique: le club joue en 1.Bundesliga depuis 1997. Magath est-il un illuminé pour dire de telles choses? Wolfsburg devant le Bayern, Schalke, Stuttgart, le Werder, Hambourg et Dortmund en fin de saison? Un pari fou, a priori. Mais laissez faire l’artiste, ou plutôt le spécialiste des opérations commando. Première saison: Wolfsburg investit 31 millions dans les transferts et finit cinquième du championnat. Tranquille. Seconde saison: Wolfsburg investit 33 millions, finit neuvième de la phase aller, et gagne le championnat grâce à son trio magique Misimovic-Grafite-Dzeko, humiliant au passage le Bayern 5-1 (avec la talonnade de Grafite comme but de l’année). Propre.
Défier l’Histoire
Le titre en poche, Magath décide de ne pas prolonger. L’envie d’ailleurs, peut-être. L’appel du challenge, sûrement. Il décide alors de s’attaquer au plus gros défi du football allemand: Schalke 04. Depuis 1958, le club de Gelsenkirchen court après un titre de champion. Les Coupes d’Allemagne, la Coupe de l’UEFA en 1997, c’est sympa, mais le championnat, c’est mieux. D’autant plus que depuis qu’en 2001, le saladier de champion est passé par les mains des mecs de la Ruhr pendant quatre petites minutes, le temps pour Patrik Andersson de marquer en toute fin de rencontre pour le Bayern Munich sur la pelouse de Hambourg. Depuis une décennie, les Königsblauen sont obsédés par le titre. Et ce n’est pas une nouvelle place de dauphin en 2007 qui les calme, bien au contraire. Magath, encore euphorique du titre gagné avec Wolfsburg, décide de signer à Schalke, histoire de défier l’histoire.
Qu’y a-t-il à retenir des 18 mois passés par Magath à Gelsenkirchen ? Beaucoup de choses: du transfert à la pelle (40 arrivés de joueurs en un an et demi), du gros coup (Raul), de l’arnaque aussi (Jurado, Huntelaar, qui justifient pour le moment peu ou prou les 30 millions investis pour les deux). On retiendra également que l’histoire est un éternel recommencement: tout comme en 2007, Schalke mène la danse en 2010, mais décide de se casser la gueule, et de finir dauphin. Le peuple de Gelsenkirchen ne s’inquiète pas: l’an prochain, c’est victoire. Obligé, surtout quand on voit les joueurs que Herr Felix ramène.
Mouais. A défaut d’être triomphale, cette saison est avant tout celle du paradoxe. Magique en Ligue des Champions, tragique en Bundesliga, Schalke 04, c’est le jour et la nuit. Les raisons principales de l’échec selon les anti-Magath: une trop grosse préparation physique en début de saison, les joueurs étaient usés avant même le début du championnat, d’où la ribambelle de défaites. Soit. Mais si le club est capable d’aligner des performances comme celle face à l’Inter Milan, c’est en partie grâce à Magath. A vrai dire, ce qui a dérangé à Schalke, aussi bien au niveau des joueurs qu’au niveau du public, c’est l’excès de pouvoir de Magath. Ce que Herr Felix a fait au sein du club (dépenses de malade, traitement des joueurs) a été difficilement accepté du côté de Gelsenkirchen. Magath peut avoir les clés du véhicule dans un club sponsorisé par Volkswagen, un club qui a une histoire récente. Mais pas à Schalke, selon une grosse partie des supporters, pas dans un club dont les valeurs sont proches de celles des gens de la mine.
Raul avait compris
Résultat: malgré ses bons résultats en Ligue des Champions et une finale de Coupe d’Allemagne à jouer contre le MSV Duisburg, Magath a été viré. Samedi, il revient à la Veltins Arena, mais de nouveau en vert en blanc, à la tête de Wolfsburg. A quel accueil peut-on s’attendre? « Même après son départ, Magath a continué à avoir beaucoup de fans de Schalke sur sa page Facebook. On peut donc en droit de penser qu’il sera accueilli par des applaudissements. De plus, il s’est comporté de manière intelligente après la victoire de Schalke sur l’Inter Milan, il a dit qu’il était très content pour son ancienne équipe. Il n’y aura probablement pas beaucoup de sifflets pour Monsieur Magath ce samedi » , selon Ralf Wilhelm, de la WAZ (Westdeutsche Allgemeine Zeitung).
Rien à craindre ou presque du côté du public, donc. Et du côté des joueurs? Ceux qui se sont sentis maltraités et humiliés par Magath, victimisés par ses programmes d’entraînement? « Il y en aura qui seront surmotivés, notamment des joueurs qui ont goûté à l’équipe réserve et qui rejouent en A maintenant, comme Alexander Baumjohann ou Hans Sarpei. Il n’y a que Raul, qui a été personnellement recruté par Magath, qui est un peu triste » , selon Wilhelm.
Triste ou pas, si le goleador peut y aller de son but, il ne va pas s’en priver. Même si c’est peut-être le seul joueur qui avait compris Felix Magath…
Ali « Karl-Heinz » Farhat
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