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Lukaku-Kane, souliers de chocolat ?
Romelu Lukaku peut espérer contester ce samedi le titre de meilleur buteur de la Coupe du monde à Harry Kane. Un match dans le match pour deux artificiers qui ont eu le tort ne pas être décisifs dans les moments les plus importants.
Les deux ont fait la gueule après leur demi-finales. Il faut dire qu’être éliminé tout en restant muet, cela ne prête pas à sourire. Samedi, Harry Kane comme Romelu Lukaku pourraient certes finir l’un comme l’autre meilleur buteur du Mondial. Mais pas forcément récupérer le smile pour autant. Avant le match pour la troisième place, l’Anglais tient la corde avec six pions quand le Belge est sur la seconde marche avec Cristiano Ronaldo et Denis Cherisev grâce à ses quatre unités au compteur.
Les avants-centres anglais et belges vont donc se disputer le titre de Soulier d’or dans un match qui devrait être ouvert et donc propice à une augmentation de leurs statistiques. Si on considère, évidemment, que ni Antoine Griezmann ni Kylian Mbappé n’iront claquer un doublé contre la Croatie le lendemain.
Šuker, Ronaldo, Fontaine… ou Salenko
Même si cela donne moins de bonheur qu’un titre mondial, une ligne « meilleur buteur de la Coupe du monde » sur le CV a de la gueule. Surtout, cela vous place au même niveau que des légendes comme Davor Šuker (six buts en 1998), et pas trop loin de Ronaldo le Brésilien (huit buts en 2002), voire de l’incomparable Just Fontaine et ses treize buts en 1958.
Harry Kane et Romelu Lukuku auront néanmoins plus de points communs avec Oleg Salenko et ses six réalisations de 1994 que Hristo Stoïchkov, co-meilleur buteur de la même édition, ou que Roberto Baggio qui avait planté un but de moins aux States. Car le Russe en avait claqué cinq contre le Cameroun dans un match sans enjeu quand le Bulgare et l’Italien avaient mis des buts décisifs en phase à élimination directe.
Productivité contre le Panama ne suffit pas…
C’est ce qui est un peu malheureux avec les deux strikers. Kane comme Lukaku se sont en effet gavés de provisions pendant la phase de poules : cinq buts dont deux penaltys et un tir détourné pour Kane, deux doublés contre le Panama et la Tunisie pour Lukaku. Lequel n’a pas marqué une seule fois à partir des huitièmes, quand le prince Harry a mis son troisième penalty de la compétition contre la Colombie. Sans dénigrer le talent évident de deux des meilleurs attaquants de la planète football aujourd’hui et sans oublier la feinte géniale du Mancunien face au Japon, Mario Mandžukić a eu plus d’impact avec deux buts en huitièmes de finale et en demi-finales du Mondial.
La quantité, c’est bien ? La qualité, c’est mieux. Mais pour se consoler, Kane et Lukaku pourront repenser à Hristo Stoichkov, furieux d’avoir perdu le match pour la troisième place 4-0 contre la Suède en 1994. Furieux, oui. Pas tant par la défaite et la quatrième place que par son mutisme devant le but ce jour-là, qui l’avait empêché de finir seul meilleur buteur de la Coupe du monde. Quand on n’a plus que cela, une distinction individuelle ne se dénigre pas.
Par Nicolas Jucha