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Luiz-Cahill, la renommée modeste
Élus meilleurs défenseurs centraux de Premier League cette saison, David Luiz et Gary Cahill savent pourtant qu'ils doivent avant tout ce statut au 3-4-3 d'Antonio Conte. Car en Angleterre, il y a plus fort à leur poste cette année.
Sur l’aile, Eden Hazard. Normal. Au milieu, N’Golo Kanté. Inévitable. En défense centrale, David Luiz et Gary Cahill. Logique ? Absolument pas. Car on ne parle pas ici du onze de Chelsea, mais de l’équipe type de la saison en Premier League. Dévoilée la semaine dernière par le syndicat professionnel des footballeurs évoluant en Angleterre et au pays de Galles, la team intègre donc les arrières londoniens devant les buts gardés par David de Gea. Et considère ainsi que les deux Blues ont été les meilleurs à leur poste cette saison. Sauf que ce n’est pas le cas. Ni de près ni de loin.
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— PFA (@PFA) 20 avril 2017
Le tracteur Cahill
Première chose : si l’on prend la question sur le plan statistique, ce choix n’est déjà pas cohérent. Chelsea a beau avoir la réputation et le profil d’une équipe hyper solide, il ne possède que la troisième meilleure défense du Royaume. Certes, 27 buts encaissés en 32 journées reste un beau score. N’empêche que cela ne suffit pas pour élire les deux Londoniens comme les plus forts du pays. Prenons donc la problématique cas par cas. Gary Cahill, d’abord : titulaires à 32 reprises (pour quatre buts), le Britannique a cette année retrouvé sa solidité qui faisait autrefois de lui un mec sûr, bon au duel et imprenable dans les airs. Reste que l’ancien de Bolton n’a plus ses jambes de 25 ans. Déjà pas très rapide à l’origine, Cahill galère pour combler sa lenteur et représente finalement le maillon faible du XI bleu. Dès que des petits profils à la vitesse supersonique se présentent, le bonhomme est en difficulté. Arsenal, Liverpool ou Tottenham l’ont par exemple bien compris, et le joueur a beaucoup souffert face aux Gunners, aux Reds ou aux Spurs. Alors non, Gary n’est pas devenu un Rolando de 43 balais, mais il ne fait pas partie de ce qui se fait de mieux en PL.
David Luiz : souvent très fiable, parfois très faible
David Luiz, lui, fait bouffer la veste à ceux qui refusent encore de la retourner et qui gloussaient en voyant l’ex-Parisien faire son retour à Stamford Bridge l’été dernier. Trente à quarante millions d’euros pour cette touffe surcotée, sérieusement ? Bah finalement, force est de constater que ce transfert est une réussite pour Chelsea. Toujours aussi dynamique et insouciant sur la pelouse, toujours aussi agréable et bénéfique dans le vestiaire, le Brésilien (28 titularisations, un but) brille par son sens de l’anticipation, sa prise de risque et son smile. Mais s’il impressionne souvent, le Sud-Américain laisse parfois sa concentration à la maison et passe alors totalement à côté de son sujet. La performance du chevelu peut du coup s’avérer catastrophique et frôler le ridicule. Un exemple ? Son horrible prestation à Arsenal fin septembre (3-0). L’arrière venait d’arriver et Antonio Conte n’avait pas encore posé les bases ? Ok, mais Marcus Rashford a rappelé à tout le monde, il y a quelques jours, que David pouvait redevenir aussi moche que Tahiti Bob. La perfection n’existe pas ? Peut-être, mais Luiz en est tout de même très loin. Trop loin pour penser qu’il n’y a pas plus fiable en Angleterre.
Géants grâce à N’Golo Conte
En réalité, Cahill et Luiz profitent surtout du dispositif tactique mis en place par Conte. À trois derrière, ils sont aidés par les deux pistons des couloirs – Victor Moses à droite, Marcos Alonso à gauche – qui concentrent davantage leur effort sur le repli défensif que pour leurs élans offensifs, et sont surprotégés par 33 paires de jambes accompagnées d’autant de poumons. Ceux de N’Golo Kanté, bien entendu. Omniprésent, le Français offre énormément de confort à ceux qui sont placés derrière lui. Sans oublier que Thibaut Courtois efface régulièrement quelques boulettes de ses éléments de devant. Attention : le tandem Cahill-Luiz demeure costaud, et répond complètement aux grosses exigences de son entraîneur. Seulement, d’autres noms réalisent une meilleure saison 2016-2017. À commencer par le coéquipier César Azpilicueta, dont le principal défaut s’appelle la discrétion. En poursuivant avec la doublette de Tottenham Jan Vertonghen-Toby Alderweireld, toujours sereine. Et en terminant avec Laurent Koscielny, indispensable chez les Gunners et valeur sûre de Premier League. Même la surprenante association Éric Bailly-Marcos Rojo à Manchester United semble mériter sa place dans l’équipe type de la saison. Mais pour ça, il aurait sûrement fallu que les Red Devils squattent la place du leader.
L’entente parfaite
Par Florian Cadu