Mais voilà, le Niçois a galéré comme un rat pour glaner une Coupe de France à l’arrache en avril dernier. Une misère pour celui qui, entre-temps, s’est juste imposé comme le numéro un en équipe de France, autre escouade de désespoir pour qui veut gagner quelque chose. Face à ces deux misères, Lloris n’a pas eu d’autre choix que l’exil. Car malgré sa voix fluette et ses lèvres mortes-nées, l’homme est un terrible compétiteur. Et depuis le début de sa carrière, il manque terriblement de victoires. Il fallait donc qu’il parte.
Lama, Barthez et Mandanda se sont cassé les dents
Bien évidemment, Tottenham n’est pas exactement la crème de la crème que l’on imaginerait pour le meilleur rempart tricolore. Les Spurs sont une très bonne équipe de Premier League, par deux fois dans le Big Four ces quatre dernières saisons. Mais personne n’imagine les Londoniens capables de jouer le titre. Et encore moins cette saison avec les départs de Modrić et de Van der Vaart, peut-être deux des meilleurs joueurs du club de ces trois dernières années, même si la venue de Moutinho (qui était dans l’air ce vendredi) compenserait considérablement ces pertes. Mais Tottenham reste un merveilleux endroit pour jouer au football, entre son jeu spectaculaire et son White Hart Lane qui se pose comme un des stades les plus chauds du royaume. Surtout, le club du nord-est de la capitale pourrait être une belle vitrine pour Lloris en vue, qui sait, d’un club plus huppé (Arsenal ? Chelsea ?).
À condition de briller, bien sûr. Une formalité pour l’un des meilleurs gardiens d’Europe ? Pas si simple, pas si simple… Car il faut s’interroger sur cette équation étrange : l’Angleterre manque de très bons gardiens, la France possède une des meilleures écoles de la planète en la matière, et pourtant la passerelle peine à se faire entre les deux. C’est qu'Albion n’est guère friande de nos portiers au regard de ses spécificités notamment dans le domaine aérien, pas exactement le point fort des gardiens de L1. Une idée reçue ? Pas si sûr, puisque quelques-uns, et pas des peintres, s’y sont pété les dents. Lama n’a laissé aucun souvenir à West Ham, Barthez a fini sur le banc à Manchester et Mandanda, lui, n’a même pas été retenu lors de son essai à Villa. Et quand on connaît la faiblesse de Lloris dans les joutes aériennes, il y a comme un doute. Dangereux ? Oui, mais peut-être salvateur si l’on en croit La Rochefoucauld-Doudeauville : « Le doute, s'il est de bonne foi, amène l'examen, et l'examen la lumière. » Alors entre dans la lumière, Hugo.
Dave Appadoo
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