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Liverpool est-il encore un grand club ?
Plus sacrés champion depuis 1990, les Reds vivent depuis plusieurs saisons bien loin du « Big Four ». Avant un déplacement à Tottenham ce soir (20h45) la question est de savoir si Liverpool mérite encore d'être considéré comme un grand club. N'en déplaise à Steven Gerrard.
Quelques heures avant d’inscrire un quadruplé contre l’Angleterre, Zlatan Ibrahimović a pensé aux autres. Si, si. Enfin, pas à n’importe qui non plus. À un joueur qui, comme lui, a marqué la dernière décennie. « Je pense que Gerrard est très respecté partout en Europe. Je le sais bien puisque c’est toujours à lui que le coach nous demande de faire attention, a lâché le Suédois. C’est quelqu’un qui fait la différence. Mais même si Liverpool est bien évidemment un grand club, je voudrais voir Steven dans une autre équipe beaucoup plus ambitieuse. Un grand joueur peut faire la différence dans tous les pays et je suis sûr que Steven peut le faire. »
En une phrase, l’attaquant parisien a non seulement rendu un bel hommage à « Stevie G » , mais a également posé une vraie question : Liverpool est-il toujours un grand club ? Actuellement 11e à 9 points de Chelsea (4e) et surtout 14 de Manchester United (1er), le club de la Mersey est de nouveau parti pour vivre une saison galère. Presque une habitude sur ces dernières années. Car pour trouver trace de la dernière participation des Reds à la Ligue des champions, il faut remonter à la saison 2009-2010, qui faisait suite à un superbe exercice bouclé, dans le sillage d’un duo Gerrard-Torres époustouflant, à la 2e place. Et depuis plus rien, ou presque : 7e en 2009-2010 à 23 points du champion Chelsea, 6e l’année suivante à 22 points de United et 8e en 2011-2012 à… 37 points de City !
Suárez marche presque seul
Désormais bien loin d’un « Big Four » en pleine mutation depuis le changement de statut de Manchester City et le renouveau de Tottenham, Liverpool vit dans l’ombre. Depuis la fin du mandat de Rafa Benítez, les Reds ont consommé trois managers, sans grand succès pour le moment. Si Roy Hodgson fait figure d’erreur de casting, « King » Kenny Dalglish n’a pas su non plus redresser durablement la barre, ramenant simplement une League Cup l’an dernier. Et lors d’un été 2012 où les prétendants renommés ne se sont pas bousculés, c’est Brendan Rodgers qui a hérité du malade. Et c’est peu dire que l’ancien coach de Swansea a du boulot. « On croit vraiment en lui pour redresser la situation, lance Ian, supporter des Reds depuis les États-Unis. Si lui n’y arrive pas… » S’il devrait avoir du temps pour mettre en place son jeu de passes qui avait fait des Gallois un petit Barça, « BR » doit tout de même se faire quelques cheveux blancs.
Car l’homme qui, selon The Guardian, incarne la « pureté footballistique » , doit composer avec un effectif limité en nombre… mais aussi en talent. Depuis la blessure de Fabio Borini, qui n’a toujours pas marqué en Premier League, le technicien de 39 ans ne peut par exemple compter que sur Luis Suárez comme avant-centre. Suárez, auteur de 10 buts en 13 matchs de championnat et dernier joueur du LFC nommé pour le Ballon d’or, en 2011 (surtout grâce à ses performances en équipe d’Uruguay), est l’arbre qui cache la forêt depuis le début de saison. Dans l’effectif actuel, les joueurs « top classe » et susceptibles d’être titulaires au Barça, au Real, à United ou à City se comptent sur les doigts d’une main : Suárez donc, Gerrard pour Zlatan, et dans une moindre mesure Agger et Johnson. Il faut dire que depuis quelque temps, les dirigeants liverpuldiens ne brillent pas par leur flair sur le marché des transferts. Downing, Carroll ou Cole, les flops se succèdent. Et même lorsque Nuri Şahin est prêté par le Real et que cela ressemble à une bonne affaire, il faut se rendre à l’évidence. Le Turc, titulaire à Liverpool, n’était qu’un joueur de bout de banc dans la capitale espagnole. Un symbole du fossé qui sépare désormais les deux entités.
Un mercato d’hiver révélateur
Mais si Liverpool compte un peu moins sur l’échiquier anglais et européen en ce moment, la question de savoir s’il est toujours un grand club est évidemment un peu provocatrice. « On est un grand club, lâche Ian. On n’a pas une très bonne équipe mais ça va revenir assez rapidement. United a aussi eu un gros passage à vide avant l’arrivée de Ferguson. Et Arsenal n’est pas au mieux non plus en ce moment. » En bonne santé financièrement, avec un Anfield toujours plein et un palmarès à faire pâlir d’envie City et Chelsea, Liverpool est encore loin du précipice. Le long tunnel dans lequel il est engouffré depuis plusieurs saisons est simplement plus long que prévu.
Les motifs d’espoir sont ainsi bien présents. Avec les jeunes Sterling, Shelvey, Suso, Coates, Wisdom ou Yesil, l’avenir s’annonce plussoyant pour le club aux cinq C1. Et si les résultats mettent un peu de temps à arriver, la méthode Rodgers commence à se voir. Le prochain mercato d’hiver devrait d’ailleurs être un bon indicateur du niveau d’attractivité, intact ou non, de Liverpool. À la recherche de plusieurs éléments pour renforcer son effectif, dont un avant-centre confirmé (Huntelaar ?), Rodgers va voir si son club fait encore rêver. En attendant, il peut être sûr d’une chose, Gerrard sera encore là lors des prochains mois : « Je suis un grand fan de Zlatan, mais je ne vais pas suivre ses conseils. Je suis très heureux à Liverpool et je pense être dans l’un des plus grands clubs du monde. » Et en matière de football, la parole de l’emblématique capitaine des Reds pèse tout autant que celle du géant suédois.
Par Alexandre Alain