T’es leader ? T’es viré
Détenu par un groupe immobilier aux moyens quasi-illimités, le club a débarqué en première division en 2010, après de nombreuses années en deuxième division (et un petit scandale de paris truqués). Depuis, c’est la razzia. Les dirigeants ont convaincu les plus grandes pépites chinoises de s’engager avec eux, et ont débuté leur conquête du monde avec l’arrivée de l’Argentin Dario Conca, élu meilleur joueur du championnat brésilien avec Fluminense en 2010. Le joueur n’a pas franchement pu refuser l’offre : 26 millions d’euros sur deux ans et demi de contrat, ce qui en fait l’un des footballeurs les mieux payés au monde aux côtés de Eto’o, Rooney, Cristiano Ronaldo et Messi. Et forcément, dans un championnat où le niveau n’est pas encore mirobolant, cela fait rapidement la différence. Le Guangzhou Evergrande a été sacré champion de Chine en 2011, et est en tête de la saison 2012, après dix journées.
Pas suffisant, néanmoins, pour permettre au coach Lee Jan-Soo d’être confirmé sur le banc. Le sympathique Coréen a été viré. Les dirigeants, sans pitié, voulaient un grand nom. Un peu à l’image de ceux de l’Anzhi en Russie. Le club du Daguestan a débauché Guus Hiddink. Le Guangzhou Evergrande aura désormais Marcello Lippi. Un beau Marcello qui va ramener avec lui toute sa smala : ses adjoints Narciso Pezzotti et Massimiliano Maddaloni, son préparateur des gardiens Michelangelo Rampulla (dédicace à son but inscrit en 1992 avec le maillot de la Cremonese) et son préparateur physique Claudio Gaudino. Il va falloir trouver un traducteur chinois/italien chevronné pour filer un coup de main à ces cinq Italiens qui ont passé toute leur carrière en Italie.
De Pontedera à Al Sadd
Pas de round d’observation pour Lippi, qui sera sur le banc de sa nouvelle équipe dès dimanche, pour la 11e journée de championnat, face à la lanterne rouge Qingdao Jonoon. Histoire d’être immédiatement projeté dans cette nouvelle aventure. D’ailleurs, « nouvelle aventure » est presque trop faible, comme terme, pour définir ce que va vivre "Marcel Lippe" (en vf). A 64 ans, et après s’être assis sur le banc de onze formations transalpines (les jeunes de la Sampdoria, Pontedera, Sienne, Pistoiese, Carrarese, Cesena, Lucchese, Atalanta, Napoli, Juventus, Inter) et de la sélection nationale, il tente sa toute première expérience à l’étranger. Et c’est ce qu’il voulait. En février dernier, lorsque l’entraîneur de la Lazio, Edy Reja, présente ses démissions, le président Lotito passe à un coup de fil à Lippi pour lui proposer le poste. La réponse est sans appel : « Je ne veux plus entraîner en Italie. » Oui, Lippi veut autre chose. Il faut dire qu’en Italie, il a tout gagné. Cinq Scudetti, une Coupe d’Italie, trois Supercoupes, une Ligue des Champions, une Supercoupe d’Europe et une Coupe Intercontinentale. Sans oublier, minuscule détail, la Coupe du Monde en 2006.
Alors, après le fiasco sud-africain, il prend du recul, se repose un peu, et se détend en s’adonnant à la pêche. Puis il commence à prospecter. Arrivent alors des offres du Qatar, d’Arabie Saoudite, et d’Ukraine. Non. Rien ne le tente. Et puis, à partir du mois de février 2012, il se met à discuter avec les dirigeants du Guangzhou Evergrande qui, après avoir conquis le titre national, veulent désormais triompher sur la scène internationale. Le club jouera le 30 mai prochain son huitième de finale de la Ligue des Champions asiatique. Lippi a déjà la pression : les pontes du Guangzhou se verraient bien succéder à Al Sadd dès cette saison. D’ailleurs, ils ne vont pas s’arrêter en si bon chemin pour y parvenir. Après Lippi, c’est le Paraguayen Lucas Barrios qui arrivera de Dortmund (pas avant le 1er juillet ?) pour renforcer l’équipe. A ce rythme-là, Lippi sera bientôt à la tête d’une formation qui n’aura rien à envier aux équipes européennes. Bonne stratégie contre le mal du pays.
Eric Maggiori
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